« éborgner », définition dans le dictionnaire Littré

éborgner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

éborgner

(é-bor-gné) v. a.
  • 1Rendre borgne. Il fut éborgné d'un coup de fleuret. Qui casse le museau, qui son rival éborgne, Régnier, Sat. X. Ulysse éborgna Polyphème, Perrot D'Ablancourt, Apophthegme, dans RICHELET. La petite vérole avait éborgné Phelipeaux, mais la fortune l'avait aveuglé, Saint-Simon, 28, 62.

    Par exagération, éborgner quelqu'un, lui faire grand mal à l'œil. Parbleu ! d'un coup de poing il faut que je t'éborgne, Hauteroche, Appar. tromp. III, 6.

  • 2 Par extension. Éborgner une maison, ôter le jour à une maison par quelque bâtiment qu'on fait devant.

    Terme de jardinage. Supprimer, à la taille des arbres fruitiers, les yeux inutiles qu'on ébourgeonnerait plus tard. Éborgner une brindille, en ôter l'œil terminal.

    Fig. Diminuer, rabaisser. Vous qui… vos amis épargnez Et de mauvais discours leur vertu n'éborgnez, Régnier, Sat. VII.

  • 3S'éborgner, v. réfl. Se crever un œil ou, par exagération, se faire grand mal à l'œil. Le malicieux comédien, qui était homme à s'éborgner pour faire perdre un œil à un autre, tira le pauvre marchand par le bras, Scarron, Rom. com. I, 6.

    S'éborgner, se crever un œil l'un à l'autre. … allons, messieurs, êtes-vous fous ? On n'y voit pas ; ils vont s'éborgner, par saint George ! Hugo, Marion Delorme, II, 3.

HISTORIQUE

XVIe s. Le cyclope eborgné, D'Achille le bouclier, Circe au chef bien peigné, Ronsard, Épisodes de l'Iliade, 924.

ÉTYMOLOGIE

É- pour es- préfixe, et borgne ; picard, ébornifler.