« écrier », définition dans le dictionnaire Littré

écrier

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

écrier (s')

(é-kri-é) v. réfl.
  • 1Jeter subitement un grand cri, une exclamation. À cette vue, il s'écria et s'enfuit. J'ai changé de couleur, je me suis écriée, Corneille, Nicom. I, 5. Il s'écrie, et sa suite De peur d'un pareil sort prend aussitôt la fuite, Corneille, ib. V, 8. L'ennemi nous découvre, il s'écrie, il menace, Mairet, Mort d'Asdrubal, V, 1. Seigneur, je m'écrie vers vous du fond des abîmes, Psaumes, dans RICHELET. L'enfer s'émeut au bruit de Neptune en furie ; Pluton sort de son trône, il pâlit, il s'écrie, Boileau, Traité du subl. VII. M. de Noyon rencontra M. de Paris ; il s'écrie ; M. de Paris va à lui, et croit qu'il va mettre pied à terre, Saint-Simon, 24, 24.
  • 2Prononcer des paroles en criant. Il s'écria que c'était une injustice. Ah ! s'est-il écrié, César, tout est perdu, Rotrou, St Gen. II, 8. Le tombeau du juste doit toujours faire s'écrier avec saint Paul : ô mort…, Chateaubriand, Génie, III, I, 5.

    S'écrier à quelqu'un, dire en criant quelque chose à quelqu'un. Le plus vieux au garçon s'écria tant qu'il put, La Fontaine, Fabl. III, 1. Fuyons, s'écriait-il à la bête, autrement…, Fénelon, Fable du vieillard et de l'âne, t. XXI, p. 307.

  • 3Pousser un cri d'admiration. Nous ferons notre devoir de nous écrier comme il faut sur tout ce qu'on dira, Molière, Préc. 10. Il a fait des traits d'éloquence si à propos que tout le monde s'en est écrié, Sévigné, 136.

REMARQUE

Le pronom réfléchi est ici construit avec un verbe neutre, comme dans s'en aller et autres (voy. SE pour cette construction).

HISTORIQUE

XIe s. Devant Marsile cil s'escriet mout haut, Ch. de Rol. LXIX. Franceis [il] escrie, Olivier [il] apela, ib. LXXXVI. À icest mot sunt Franceis escriet, ib. CX.

XIIe s. Et si escrie : or à eux, chevalier, Ronc. p. 57. De toutes parz fu Montjoie escriée, ib. p. 66. E quant il s'en parti de la cambre le rei, Justises [justiciers] e baruns, tels que numer ne dei, L'escrierent en haut à hu e à desrei : Li traïtres s'en vait…, Th. le mart. 46.

XIIIe s. Et Blanchefleurs s'escrie : haro, traï, traï ! Berte, LXXXIX. Quant il les vit, il les escria et leur dit que il mourroient, Joinville, 209.

XVe s. Ils ferirent chevaux des esperons tous d'un randon et se planterent en l'ost du duc en escriant : Fauquemont, Fauquemont [le nom de leur chef], Froissart, I, I, 3. Quand ces seigneurs de France virent la proie approcher, et leur bon seneschal chasser, chascun sire escria son cri, et fit sa banniere haster et passer avant, Froissart, I, I, 254. Et si n'estoient les gens en aucune doute, car on ne les avoit point avisés ni escriés de nulle guerre, Froissart, I, I, 100. J'en sui bien tenuz de priier, Et ses largheces escrier [publier], Froissart, Poés. mss. dans LACURNE.

XVIe s. L'occasion est-elle juste de escrier son nom et sa puissance [de Dieu] ? Montaigne, I, 395. Nous nous escrions du miracle de l'invention de nostre artillerie, Montaigne, IV, 16.

ÉTYMOLOGIE

É- pour es- préfixe, et crier ; provenç. esgridax ; ital. sgridare.