« affiner », définition dans le dictionnaire Littré

affiner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

affiner

(a-fi-né) v. a.
  • 1Purifier. Affiner l'or, l'argent.
  • 2Rendre plus délié. Affiner du chanvre.
  • 3Donner un goût plus fin. Le temps, la cave affine le fromage.
  • 4Fig. en ce sens. C'est s'affiner le goût, de connaître et de voir, Régnier, Sat. III.
  • 5Tromper. Maître Mitis Pour la seconde fois les trompe et les affine, La Fontaine, Fab. III, 18.
  • 6Dans l'industrie, faire la pointe des clous, en les passant sur la meule.

    Réduire le ciment en poudre très fine.

    Renforcer le carton.

    Chauffer le verre à un tel degré qu'il n'y ait plus de bulle sur le bain.

  • 7 En termes de marine, devenir beau, en parlant du temps.
  • 8S'affiner, v. réfl. L'or s'affine, devient plus pur. Ce fromage s'affinera, prendra un goût plus fin.
  • 9 Fig. L'esprit s'affine par la conversation.

REMARQUE

Le Dictionnaire de l'Académie donne affiner du sucre, affiner du salpêtre ; ce qui est la vraie locution : mais on dit aujourd'hui abusivement, de préférence, raffiner en cet emploi.

HISTORIQUE

XIIIe s. Quar il est près de mie nuit, Et à tele eure fu il nez Li purs, li fins, li afinez, Rutebeuf, II, 220.

XIVe s. …de plomb il n'est nulle mine Es pays ou l'en en affine Que pour vray le grain fin n'y soit, Trait. d'Alch. 324.

XVe s. Car il [l'or] endure et froit et chault, Ne de gros feu il ne lui chault, Mais tant plus s'amende et affine, Et bien affiné define, Tant est parfaict en sa nature, L'alch. à Nat. 451.

XVIe s. Deux millions d'or affiné à 24 karatz, Rabelais, Garg. I, 50. Le dyable ne m'affineroyt [tromperait] pas, car je suis de la lignée de Zopire, Rabelais, Pant. II, 24. Ce sont quelques fines gens, je dy fins à dorer, fins comme une dague de plomb, fins non affinez, mais affinans, passez par estamine fine, Rabelais, ib. V, 27. Je voy maint œil où s'embrase et affine Le traict d'amour, qui tousjours est en queste, Faisant des cœurs gracieuse rapine, Saint-Gelais, 203. Il prend à gentillesse, quand il le veoid affiner son compaignon par quelque malicieuse desloyauté et tromperie, Montaigne, I, 107. L'amitié ne prend accroissance qu'en la jouissance, l'ame s'affinant par l'usage, Montaigne, I, 209. Les sangliers affinent leurs deffenses, Montaigne, II, 164. Pitheus luy persuada, ou bien par quelque ruse l'affina, Amyot, Thésée, 4 ; Lyc. 13 ; Agésil. 57. Les Lacedoemoniens dissimulant le malcontentement qu'ilz avoient de se veoir ainsi affinez par luy, le renvoyerent sain et sauf, Amyot, Thém. 37. Cela procede de faulte d'avoir le jugement affiné et le discours espuré par raisons de philosophie, Amyot, Aratus, 12.

ÉTYMOLOGIE

Bourguign. efeignai ; provenç. et espagn. afinar ; ital. affinare ; de à et fin, adjectif.