« allemand », définition dans le dictionnaire Littré

allemand

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

allemand

(a-le-man) s. m.
  • Ce mot est employé dans quelques phrases proverbiales : Une querelle d'allemand, c'est-à-dire une querelle sans sujet.

    C'est de l'allemand, c'est du haut allemand pour moi, c'est-à-dire je n'y entends, je n'y comprends rien.

HISTORIQUE

XIIe s. N'il ne cremi les reis l'Engleis ne le Francur, Aleman ne Tieis, ne duc n'empereür, Th. le Mart. 100.

XIIIe s. Et ne porquant isnelemant, Se il ne fussent alemant, Les nommaisse ; mès ce seroit Tens perdus, qui les nommeroit, Rutebeuf, II, 154.

XVIe s. Ils seroient bien aises de vous dresser une querelle d'Allemaigne, Carloix, IV, 18.

ÉTYMOLOGIE

Quoique ce mot ait donné lieu à beaucoup d'étymologies, cependant il faut encore s'en rapporter à Agathias, qui dit : « Les Allemands, s'il faut en croire Asinius Quadratus, Italien qui a écrit avec exactitude l'histoire des Germains, sont des hommes rassemblés de divers endroits et mêlés ensemble ; c'est ce que signifie le nom qu'ils portent. » Cette opinion doit d'autant plus être acceptée, qu'elle se justifie sans peine par les langues germaniques : all, tout, et mann, homme. Le d qui se trouve dans mand provient de la forme danoise mand, homme, pour mann. Quant à allemand, dans la locution querelle d'allemand, il s'agit bien, sans doute, des Allemands. Pourtant on en a donné une étymologie différente : on écrit alors alleman, et l'on cite le dicton : Gare la queue des Alleman ! Ce dicton a appartenu au Dauphiné, dont la région montagneuse entre le Drac et l'Isère était occupée par une puissante et nombreuse famille de seigneurs portant tous le nom d'Alleman. Malheur au voisin qui provoquait un membre de cette famille ! il se les attirait tous sur les bras. De l'ardeur avec laquelle cette famille vengeait la plus petite injure est aussi venu, dit-on, le proverbe : Faire une querelle d'allemand ; et Oudin (Curiosités franç. p. 462) écrit, en raison de cette origine : Querelle d'alleman. Mais je remarque qu'à la fin du XVIe siècle, Carloix dit querelle d'Allemaigne, ce qui montre que, dès ce temps-là, on regardait, dans la locution, allemand comme le nom de peuple.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ALLEMAND. Ajoutez :

2L'allemand, nom générique de la langue parlée en Allemagne ; on y distingue surtout deux dialectes : le bas-allemand et le haut-allemand. En traçant une ligne en partant de Cologne et aboutissant par Cassel et Magdebourg à la frontière orientale d'Allemagne près Lissa (grand-duché de Posen), il se trouve que tout ce qui est au sud de cette ligne appartient au haut-allemand ; c'est de ce haut-allemand que s'est essentiellement formée, depuis le commencement du XVIe siècle, la langue littéraire actuelle. La partie de l'Allemagne au nord de la ligne ci-dessus appartient au bas-allemand, qui y est encore aujourd'hui la langue populaire, bien que de plus en plus, nommément dans les villes, il cède la place au haut-allemand. Seule la petite colonie franque du Hartz (Goslar) forme un îlot isolé dans le territoire du bas-allemand. Celui-ci règne donc sur le Rhin inférieur, dans la Frise, Westphalie, Brunswick, Hanovre, Holstein et Schleswig, Mecklenbourg, Poméranie, Rugen, Marche de Brandebourg, et, à travers la Prusse, le long de la côte de la Baltique, jusqu'au territoire de la langue lithuanienne. Le hollandais et l'anglo-saxon, base essentielle de l'anglais d'aujourd'hui, appartiennent au domaine du bas-allemand. Dans un sens étendu, on peut encore compter les langues scandinaves parmi celles qui relèvent du bas-allemand.