« alliance », définition dans le dictionnaire Littré

alliance

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

alliance

(a-li-an-s') s. f.
  • 1Acte par lequel on s'allie.
  • 2Union, confédération entre des États. Traité d'alliance. Alliance offensive et défensive. Les Indes recherchent son alliance, Bossuet, Hist. I, 9. Après avoir fait alliance avec le nouveau roi, Fénelon, Tél. III. L'alliance qui venait d'être jurée, Fénelon, ib. X. Avec nous tu juras une sainte alliance, Racine, Esth. I, 3.

    Ancienne alliance, alliance que Dieu contracta avec Abraham. Nouvelle alliance, alliance de Dieu avec tous ceux qui croient en Jésus-Christ.

  • 3Union par mariage. Une riche alliance. Ah ! seigneur, songez-vous que toute autre alliance Ferait honte aux Césars auteurs de ma naissance ? Racine, Brit. II, 3. C'est là qu'il les attend pour bénir l'alliance, Corneille, Rodog. V, 2. Rome vous permet cette haute alliance, Corneille, Nicom. I, 1.
  • 4Bague de mariage.
  • 5 Fig. Union, mélange. Pour faire voir l'alliance qu'ils ont faite des maximes de l'Évangile avec celles du monde, Pascal, Prov. 7. Tout tombe sous son alliance [tout a un lien avec lui], Pascal, édit. Cous. Comme l'alliance de la géométrie et de la physique fait la plus grande utilité de la géométrie et toute la solidité de la physique, Fontenelle, Bernoulli.
  • 6Alliance de mots, toute réunion de mots formant une expression remarquable, telle est, dans Corneille, dévorer un règne. Il y a des alliances de mots qui sont bonnes, il y en a qui sont mauvaises. Cet autre exemple de Corneille est très beau : Et, monté sur le faîte, il aspire à descendre.

SYNONYME

ALLIANCE, CONFÉDÉRATION, LIGUE, COALITION. L'alliance est une amitié établie par des traités entre des souverains, des nations, des États, des puissances. La confédération est une union d'intérêt et d'appui contractée entre des corps, des partis, des villes, de petits États pour faire ensemble cause commune ; c'est cette condition de faire cause commune qui distingue la confédération de l'alliance qui, étant un mot plus général, n'implique pas la défense réciproque. La ligue est une jonction formée entre des souverains, des partis, des particuliers puissants, pour exécuter une entreprise commune et en partager les fruits. Ce qui sépare la ligue de la confédération, c'est que la ligue n'a pas la permanence de la confédération et a d'ordinaire un objet plus borné. Ligue prend souvent aussi une acception défavorable. Coalition diffère de ligue moins par le sens que par l'emploi ; on s'en sert pour désigner la réunion des souverains qui, en 1813 et en 1814, abattirent l'empire français ; on s'en servirait fort bien pour exprimer toute ligue analogue ; on s'en sert encore, et non pas de ligue, pour désigner dans les assemblées législatives la réunion de plusieurs partis à l'effet de renverser un ministère. La coalition des torys et des radicaux renversa le ministère whig.

HISTORIQUE

XIIe s. Dunc enveierent, si enporterent l'arche del. aliance Deu, ki sires est des oz [armées] e siet sur Cherubin, Rois, p. 14.

XIIIe s. Et pourparlerent entre lui et le conte Renaut que il feroient alliance au roi Jehan d'Engleterre et à l'empereour Othon, Chr. de Rains, 144. Si vous fais bien asavoir que je ne serai plus de vostre allianche ne de vostre acort, ib. 189. Et fu en cele alliance Hues de Broves, ib. 144. Si ne seroit mie boin que vous commencissiez la mellée, ne brisissiez l'aloiance, ib. 217. Brun, fet Renart, se je savoie Que je trovasse en vos fiance Et amistiez et alliance, Foi que je doi mon fiz Rovel…, Ren. 10250. Ou s'il a aucune aliance à li ou aucune compaingnie, Beaumanoir, V, 19.

XIVe s. En la maniere d'aucunes cités qui ont aliances ensemble pour aider l'une à l'autre à soy deffendre en batalles, Oresme, Eth. 236.

XVe s. Finablement, le conseil se porta tout d'un accord, d'une voix et d'une alliance que on eliroit au conseil douze hommes notables et sages, Froissart, II, II, 55. Comme j'ay dit, au partement dudit prince estoient logez toutes ces alliances [tous ces alliés] près dudit duc et venoient pour le combattre à l'heure du siege qu'il avoit devant Morat, Commines, V, 3. Prendre alliance avec, Commines, I, 1.

XVIe s. Il retira plusieurs villes de leur alliance, Amyot, Pyrrh. I, 57.

ÉTYMOLOGIE

Allier (voy. ce mot) ; provenç. aliansa, alhiansa ; ital. allianza ; espagn. alianza ; basse-latinité, alligantia.