« ancre », définition dans le dictionnaire Littré

ancre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ancre

(an-kr') s. f.
  • 1Instrument de fer à deux dents qu'on laisse tomber au fond de l'eau pour fixer les bâtiments. Jeter l'ancre. Il fit lever l'ancre, Fénelon, Tél. VIII. Les voiles s'enflent : on lève les ancres, Fénelon, ib. XXIV.

    Mouiller l'ancre ou simplement mouiller, jeter l'ancre.

    Ancre de miséricorde ou ancre sacrée, se disait autrefois de la maîtresse ancre.

  • 2 Fig. C'est mon ancre de salut, c'est ma dernière ressource. Rome était un vaisseau tenu par deux ancres dans la tempête, la religion et les mœurs, Montesquieu, Esp. VIII, 13. Le christianisme a été l'ancre qui a fixé tant de nations flottantes, Chateaubriand, Génie, III, III, 2.
  • 3En numismatique, symbole du royaume de Syrie sous les Séleucides et de différentes villes.

    Indique aussi les victoires navales.

    Symbole religieux de l'espérance.

  • 4En paléographie, indique un passage remarquable d'un manuscrit.
  • 5 Terme de zoologie. Poisson du genre des spares.

HISTORIQUE

XIIe s. Si faisons aliance estable, E covenant ferme e entier De nos securre [secourir] et entre aidier ; à ce seit nostre ancre fichée, Qui pas ne puisse estre esracée, Benoit de Sainte-Maure, II, 8969.

XIIIe s. Quant il furent bien arivé, Le pont [il] mist jus, ancre ad geté, Marie de France, Eliduc.

XIVe s. Lors jeterent leur ancre et leur grans cros d'achier, Dont il fisent ensamble leur vaissiaus attachier, Baud. de Seb. IV, 710.

XVe s. Gisant à l'ancre, Froissart, II, II, 27.

XVIe s. L'encre de mer se fiche au pré tout vert, Fortune ainsi l'a voulu et souffert, Marot, IV, 27. Toute la contrée estoyt à l'ancre, c'estoyt pitoyable cas de veoir le travail des humains, pour se guarantir de ceste horrificque alteration, Rabelais, Pant. II, 2. Il les faisoit fouetter oultrageusement, ou bien demourer tout le long d'un jour debout, ayant une ancre de fer pesante sur leurs espaules, Amyot, Arist. 55. Les Estats, conseil de vostre roiaume seul et salutaire, auquel vos majeurs ont tousjours recouru, comme à l'ancre sacré, D'Aubigné, Hist. II, 248. Lansac faisant lever ses ancres fit contenance de descendre en Ré, D'Aubigné, ib. II, 294. Tenir l'ancre à pic, D'Aubigné, ib. Les reflormez levent l'ancre pour aller à lui, D'Aubigné, ib. Après les ancres levez, D'Aubigné, ib. II, 390. Et à chacun cable un ancre, Du Bellay, M. 160.

ÉTYMOLOGIE

Ancora, ἄγϰυρα, crochet, ancre (comp. ANKYLOSE) ; provenç. et ital. ancora.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ANCRE. Ajoutez : - REM. Ancre est employé trois fois au masculin par Choisy, Journal de son voyage de Siam (le 14 août et les 25 et 26 sept. 1685). Le même auteur l'emploie aussi au féminin (22 septembre). Il est maintenant féminin. Ancre au masculin n'est point un solécisme ; le genre a varié, et, comme on peut voir à l'historique, il a été fait, au XVIe siècle, masculin par quelques auteurs.