« assener », définition dans le dictionnaire Littré

assener

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assener

(a-sse-né. La syllabe se prend un accent grave devant une syllabe muette : j'assène, j'assènerai) v. a.
  • 1Porter un coup violent. Il lui assena un coup de bâton sur la tête.
  • 2 Fig. Les satiriques ressentent sur l'heure une satisfaction secrète d'un coup de langue bien assené. Sa conversation [de Mme de Nangis] était charmante, et personne n'assenait si plaisamment, ni si cruellement les ridicules, Saint-Simon, 39, 193.

HISTORIQUE

XIIe s. Ses chevaus [son cheval] fut en vint lieus assenez [atteint], Ronc. p. 96. Sur la jointe du bras où il l'a assené [blessé, frappé], ib. 195.

XIIIe s. Et quant chascuns s'ot à sa terre assené, la convoitise del monde, qui tant a maufait, nes [ne les] lessa mie en pais, Villehardouin, CXXVI. Devant en la poitrine bien [il] le sut assener [le coup], Berte, III. Se [je] vouloie conter Toutes lur aventures, [je] n'i pourroie assener, ib. Que à leur amour [je] puisse droite voie asener, ib. XLIII. D'un maillet qui là pent, [elle] a sus l'huis assené, ib. XLV. Se croire me voulez, bien serez assenée [dirigée], ib. XLVI. Cui ge porré bien asener, N'aura talent de regiber, Ren. 7587. S'ore estoient tuit li set art En ces livres que vous avez, Bien vos auroit Dex asenez ; Escoles porriez tenir, ib. 21136. Et se tu te pues tant pener Qu'au veoir puisses assener [que tu puisses parvenir à voir], la Rose, 2350. Et se li fié [fief] de qui l'on viaut prover la saisine de lui ou de son ancestre, est assené en besanz, Ass. de Jér. I, 217. Le [la] cors [cour] doit regarder et assener jor convenable, Beaumanoir, XXXIV, 44.

XIVe s. En toutes choses c'est fort de prendre le moien et de assener au moien, Oresme, Eth. 54. Tellement l'assena que la teste lui fent, Guesclin. 15050. Qui prent premierement premier est assené, ib. 20648.

XVe s. Cil arbalestrier entoise et trait un carreau et assenne le portier de droite visée en la teste, Froissart, II, II, 47.

XVIe s. Te faudroit voir tous ces vieux romans et poetes françois, où tu trouveras un assener, pour frapper où on visoit, et proprement d'un coup de main : … et mil'autres bons mots, que nous avons perdus par nostre negligence, Du Bellay, J. I, 29, recto. Il receut un coup d'esteuf qui s'assena un peu au-dessus de l'aureille, Montaigne, I, 74. Cet ancien qui, ruant la pierre à un chien, en assena et tua sa marastre, Montaigne, I, 255. D'un grand coup d'espée, il en assene l'un par la teste et le rue mort par terre, Montaigne, I, 255. On assene peu surement le coup que l'air vous conduict, Montaigne, I, 362. Darius craignant de frapper de peur d'assener Gobrias, Montaigne, I, 312. C'est un corps vain qui n'a pas par où estre saisi et assené, Montaigne, II, 314. Cet empereur assenoit ses dons plus heureusement qu'ils ne font, Montaigne, IV, 10. Il y eut un coup de javelot qui l'assena, mais ce fut du travers, non pas de la poincte, Amyot, P. Aem. 32.

ÉTYMOLOGIE

Ce mot n'est que la forme ancienne et vulgaire de assigner (voy. ce mot).