« assortir », définition dans le dictionnaire Littré

assortir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

assortir

(a-sor-tir), j'assortis, nous assortissons ; j'assortissais ; j'assortis, nous assortîmes ; j'assortirai ; assortissons ; que j'assortisse ; assortissant v. a.
  • 1Assembler des choses qui se conviennent. Assortir des couleurs, des fleurs. Le bon goût qui vous fait assortir vos habits et vos rubans, Sévigné, 410.

    Par extension. Que de circonstances faut-il assortir qui ne se trouvent presque jamais ensemble ! Massillon, Drap. Qui prend soin d'assortir les volontés tellement ensemble qu'elles ne heurtent point les unes contre les autres, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 484.

  • 2Accompagner. Son esprit et son humeur étaient faits pour assortir le reste, Hamilton, Gramm. 4. Un prince si peu touché du nom, des titres, de la naissance, des services rendus à l'État et de tous les autres genres de mérite, si celui de la doctrine, des talents et de la piété ne les assortit, Massillon, Myst. Purif. 2.
  • 3Mettre ensemble, en parlant des personnes. Ceux que la conformité des goûts assortit. Si l'auteur s'avise d'assortir ensemble Agamemnon et Thersite, soyez sûr qu'Agamemnon n'en sortira pas à son avantage, Fontenelle, Jug. de Pluton.
  • 4Assortir une jument, lui donner l'étalon qui lui convient le mieux.

    Assortir des chevaux, les joindre ensemble suivant les divers emplois.

  • 5 En termes de métallurgie, assortir les minerais, les mélanger comme il convient, pour faciliter la fusion.
  • 6Fournir, approvisionner de toutes les marchandises nécessaires. Assortir un magasin, une boutique.
  • 7 V. n. Convenir. Ce tableau n'assortit pas à son pendant. Ces couleurs n'assortissent pas ensemble.
  • 8S'assortir, v. réfl. Être assorti, être en convenance. Ces couleurs s'assortissent bien.

    Fig. Nos caractères ne s'assortissent point.

  • 9Se pourvoir. Je m'assortis de quelques livres pour les Charmettes, en cas que j'eusse le bonheur d'y retourner, Rousseau, Conf. VI.

HISTORIQUE

XVe s. Icelluy Baudin se accompaigna et assortit de trois compaignons bien embastonnez, Du Cange, assortare. L'on fist de grans trous es murailles qui sont au long de la riviere, et y assortist on les meilleures pieces [d'artillerie], Commines, I, 9. Il fut advisé que toute l'artillerie de l'ost fust assortye encontre celle du roy, Commines, I, 9.

XVIe s. À tout cueur noble en qui honneur s'assorte, Je me rapporte à decider lesquelles Auront le bruyt pour graces naturelles, Marot, J. I, 219. Car mauldit est qui de grace devie : Mais à celui qui s'en veult assortir, La mort est fin et principe de vie, Marot, II, 322. Aux exemples se pourront proprement assortir touts les plus proufitables discours de la philosophie, Montaigne, I, 172. L'imagination de ceulx qui par devotion recherchent la solitude, est bien plus sainement assortie, Montaigne, I, 283. Une si brusque diversité ne se peult bien assortir à un subject simple, Montaigne, II, 6. Ayant donques Solon esté tel, il nous a semblé bien seant de l'assortir avec Publicola, Amyot, Publ. 1. Nous, suivans les similitudes qui ont esté entre eulx, avons assorty et comparé leurs vies l'une avec l'autre, Amyot, Pélop. 5. Par-après l'on assortit les plumes, selon ce à quoi on les destine : pour les licts, pour escrire, De Serres, 374. La charge d'un canard est de huit ou dix canes : ainsi l'on assortira la bande, De Serres, 377. Quand chacun en son ordre eut assorti sa place [pris la place qui lui revenait, son rang], Il prononça tels mots tous remplis de menace, Ronsard, 871.

ÉTYMOLOGIE

À et sorte (voy. SORTE et SORTIR).