« attendrir », définition dans le dictionnaire Littré

attendrir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

attendrir

(a-tan-drir) v. a.
  • 1Rendre tendre, non dur. La gelée attendrit les choux.

    Par extension. Avant d'avoir attendri sa vue en se tenant en un lieu obscur, Descartes, Diopt. 9.

  • 2 Fig. Émouvoir, rendre sensible. Heureuse, si mes pleurs peuvent vous attendrir, Racine, Iphig. III, 5. La vue du fils m'attendrit le cœur pour le père, Fénelon, Tél. X. Après donc s'être bien attendri le cœur l'un à l'autre, l'Étoile fit savoir à Destin tous les bons offices qu'elle avoit rendus à la Caverne, Scarron, Rom. com. II, 13. Pour ces deux étrangers laissez-vous attendrir, Voltaire, Oreste, IV, 8. Le monologue de Mme Denis attendrit tout le monde, parce que Mme Denis a la voix tendre, Voltaire, Lettr. d'Argental, 23 sept. 1760.

    Par extension. Sans qu'une fois au moins votre muse en extase Du mot de tolérance attendrisse une phrase, Gilbert, Apologie. Ah ! dites bien qu'amoureux et sensible, D'un luth joyeux il attendrit les sons, Béranger, Bonne vieille. Un roi qui, non content d'effrayer les mortels, Laisse aux pleurs d'une épouse attendrir sa victoire, Racine, Iph. III, 4.

  • 3S'attendrir, v. réfl. Devenir tendre, non dur. Les choux s'attendrissent à la gelée.
  • 4 Fig. Je m'attendris sur elle, Voltaire, Sémir. II, 1. C'est vous seul pour qui mon cœur s'attendrit, Fénelon, Tél. III. Elle feignit de s'attendrir pour Ulysse, Fénelon, ib. I.

SYNONYME

S'ATTENDRIR SUR, S'ATTENDRIR POUR. S'attendrir sur quelqu'un, c'est être sensible à son malheur, en avoir compassion. S'attendrir pour quelqu'un, c'est s'attendrir en faveur de quelqu'un, être disposé à le secourir, à le défendre.

HISTORIQUE

XIIe s. Rolant l'entent, li cuers li atenrie, Ronc. p. 58.

XIIIe s. Durs fu li pains et crouste et mie : Li dui n'en menjaissent demie, Se il atendri ne l'eüssent, Rutebeuf, II, 174. Je ne voz [voulus] onques retourner les yex vers Joinville, pource que le cuer ne me attendrisist du biau chastel que je lessoie, Joinville, 209.

XVIe s. Il n'eut onques le cueur de ce faire, tant il estoit lasche, ains attendry par je ne sçay quelle esperance, aima mieux estre luymesme partie de ses propres despouilles, Amyot, P. Aem. 56. La perte de celuy-là seul luy attendrit le cueur, Amyot, Péric. 69. Il trouva Antonius preschant les soudarts, et eulx tout esblouis et attendris par la doulceur de son eloquence, Amyot, Marius, 81. Ceulx qui trempent le fer, après qu'ils l'ont amolly et attendry par le feu…, Amyot, Comm. discerner le flatteur, 61. Ce qu'on fait premierement en attendrissant le fruit par bouillir dans l'eau claire, De Serres, 849. La laisser [la poulaille] mortifier et attendrir d'elle-mesme, H. Estienne, Apol. pour Hér. p. 365.

ÉTYMOLOGIE

À et tendre, adjectif ; provenç. atendrir, atenrezir ; espagn. aternecer. À côté d'attendrir, il y avait atendrier, dans l'ancien français.