« aucunement », définition dans le dictionnaire Littré

aucunement

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

aucunement

(ô-ku-ne-man) adv.
  • 1En quelque façon. Je ne crois pas qu'on puisse aucunement soutenir… Est-il aucunement question de… ?

    Cet emploi est encore très usité avec une phrase dubitative ou interrogative.

  • 2Jusqu'à un certain point, avec une phrase affirmative. Cet emploi a vieilli, ou bien il est terme de palais : la cour ayant aucunement égard à la demande du requérant, c'est-à-dire la cour ne rejetant ni n'admettant en totalité la demande. Ainsi il satisfait aucunement à cette règle, Corneille, Ex. de D. San. Votre destinée Semble être aucunement à la nôtre enchaînée, Corneille, Rod. III, 4. On pourrait aucunement Souffrir ce défaut aux hommes, La Fontaine, Fabl. IX, 1. Pour en connaître l'importance, Pour faire aucunement cadrer la pénitence, La Fontaine, Cas. Que dans un mot d'écrit nos pensers amoureux Nous portent chaque jour et rapportent nos vœux, Charment aucunement l'ennui de notre absence, Rotrou, Bélis. III, 1. Par maints propos, il [Courier] aurait essayé de troubler aucunement les gens de cour dans l'antique possession où ils sont de tout temps de partager entre eux les revenus publics, Courier, I, 330. Ils avaient aucunement décliné de la piété, Bossuet, Var. 11.
  • 3Avec une négation, en aucune façon. Cela ne modifie aucunement mon opinion. Qu'un vain scrupule à ma flamme s'oppose, Je ne le puis souffrir aucunement, La Fontaine, Rondeau redoublé.

HISTORIQUE

XIVe s. Puisque ceste puissance ou partie d'ame participe avecques raison, il convient dire qu'elle est racionele aucunement, Oresme, Eth. 32.

XVe s. Les autres voulurent aucunement demeurer, dont il fut moult courroucé, Froissart, I, I, 25. Adonc s'avisa le roi de France qu'il s'en iroit atout son ost devant Calais pour lever [faire lever] le siege, s'il pouvoit aucunement, Froissart, I, I, 316. Et puis s'il peut aucunement Oïr nouvelles seulement De sa doulce beauté sans per, Orléans, Bal. 21.

XVIe s. Je me console aulcunement ; premierement, sur ce que…, Montaigne, I, 34. Qui ne se peult aulcunement soulager, Montaigne, I, 71. L'opulence n'y estoit aucunement utile ne prisée, Amyot, Lyc. 52. Ilz estoient encore aucunement forts pour resister à leurs ennemis, à tout le moins pour la mer, Amyot, Alc. 49. Sylla non seulement preveit sa mort, mais aussi en escrivit aucunement, Amyot, Sylla, 75. Il n'estoit avaricieux aucunement, Amyot, Sylla et Lysand. 5.

ÉTYMOLOGIE

Aucune, et le suffixe ment.