« aune », définition dans le dictionnaire Littré

aune

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

aune [1]

(ô-n') s. f.
  • 1Mesure ancienne de 3 pieds 7 pouces 10 lignes 5/6, équivalant à 1m, 182.
  • 2La chose mesurée. Une aune de soie, de drap, de galon.
  • 3 Fig. Savoir ce qu'en vaut l'aune, connaître par expérience les difficultés, les périls, les peines d'une chose.

    Familièrement. Ta bouche déjà s'ouvre large d'une aune [tu bâilles et ouvres une grande bouche], Boileau, Épîtr. X. Le visage allongé d'une aune [visage exprimant le désappointement], Sévigné, 586.

    Tout du long de l'aune, excessivement. C'est véritablement la tour de Babylone, Car chacun y babille, et tout du long de l'aune, Molière, Tart. I, 1. Il en aura tout le long de l'aune, c'est-à-dire on lui fera tout le mal qu'on pourra.

    On dit d'un grand mangeur qu'il a toujours dix aunes de boyaux vides pour festoyer ses bons amis.

PROVERBES

Les hommes ne se mesurent pas à l'aune ; ce n'est pas d'après la taille qu'on les apprécie.

Mesurer les autres à son aune ; juger des autres d'après soi.

Au bout de l'aune faut le drap ; toutes choses ont leur fin.

HISTORIQUE

XIIe s. Dedans [il] l'en [lui en] boute [de la lance] une alne et un quartier, Ronc. p. 97. Seisante alnes out li temples de lung, e vint de led, Rois, 246.

XIIIe s. Quant li postaus et li contes le sorent, si en furent moult dolant, car il savoient bien combien c'estoit l'aune, Chr. de Rains, 118. Alé fu querre une droite aune, Dont il voloit son drap auner, Ren. 11996. Sans faille ce n'est pas merveille, S'ous [si vous] n'en savés quartier ne aune ; Car vous avés trop le bec jaune, la Rose, 13017.

XVe s. Il prit à son usage une longue espée qui avoit deux aunes, Froissart, II, II, 18. Les autres y vinrent pour piller ce que les dits Anglois avoient laissé ; car ils n'avoient emporté fors or, argent, vestements precieux, haubers et aunes de grand valeur, Monstrelet, liv. I, ch. 156.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. alna, auna ; ital. auna. Ce mot ne vient pas directement du latin ulna ; il passe par l'intermédiaire du bas-latin alena, qui vient du goth. aleina ; anc. haut allem elina ; allem. Elle, avant-bras ; qui, à leur tour, se rattachent à ulna, avant-bras, grec ὠλένη, coude, de ὦλος, coude. Ulna est l'avant-bras et, comme mesure, la coudée, qui a en effet la longueur d'un avant-bras ; et c'est par extension que cette dénomination a été donnée à l'aune qui, d'après Saigey, est le quadruple du pied romain.