« aversion », définition dans le dictionnaire Littré

aversion

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

aversion

(a-vèr-sion ; en poésie, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Sentiment qui fait qu'on se détourne d'une personne ; haine, antipathie. Le peuple l'avait en aversion. Prendre quelqu'un en aversion. Inspirer à quelqu'un de l'aversion pour un autre. Intéresser l'État dans votre aversion, Rotrou, Vencesl. II, 2. Combats pour m'affranchir d'une condition Qui me livre à l'objet de mon aversion, Corneille, Cid, V, 1. Mais cette indifférence est une aversion Lorsque je la compare avec ma passion, Corneille, Rodog. I, 7. De cette aversion mon cœur préoccupé, Corneille, Nicom. IV, 2. Et les aversions entre eux deux mutuelles Les font d'intelligence à se montrer rebelles, Corneille, Héracl. I, 1. Pour qui elle a de l'aversion, Corneille, Ex. du Cid. Elle n'a pas pour moi d'aversion si forte, Corneille, le Ment. IV, 6. Ils demeurent l'objet de l'aversion du peuple, Bossuet, Hist. II, 10. Je ne sais quelle aversion pour Ulysse, Fénelon, Tél. X. Peut-être convaincu de votre aversion, Il va donner un chef à la sédition, Racine, Phèd. I, 5. Pour lui des Persans bravant l'aversion, J'ai chéri, j'ai cherché la malédiction, Racine, Esth. III, 1.

    Familièrement. C'est ma bête d'aversion, se dit d'une personne pour laquelle on a une insurmontable répugnance.

  • 2En parlant des choses, répugnance extrême. Aversion pour le travail. J'ai eu toujours aversion à cela, Voiture, Lettr. 110. Alexandre obligeait aussi ses capitaines de s'habiller à la persienne, à quoi ils avaient grande aversion, Vaugelas, Q. C. 252. J'ai eu et j'aurai pour lui [le mariage] toute ma vie une aversion effroyable, Molière, l'Am. méd. III, 6. Le ciel a semblé mettre en nous mêmes attachements pour notre liberté et même aversion pour l'amour, Molière, la Princ. d'Élide, IV, 1. Vous n'en avez pas d'aversion, Pascal, Prov. 10. Vos décisions sont en aversion à tout le monde, Pascal, Prov. 14. J'ai une grande aversion pour cette saleté, Sévigné, 77. De là ces aversions qu'on a du seul objet légitime qu'on doit aimer, Fléchier, I, p. 131. Rappelez en votre mémoire combien elle avait d'aversion pour les discours empoisonnés de la médisance, Bossuet, Reine d'Anglet.

REMARQUE

On dit dans le même sens aversion pour une chose et aversion d'une chose.

HISTORIQUE

XVIe s. Il faut craindre de faire aversion [détournement] du sang vers les parties nobles, Paré, IX, 10.

ÉTYMOLOGIE

Aversio, de a, désignant éloignement, et vertere, tourner (voy. VERSION) : mot à mot, détournement.