« bénédiction », définition dans le dictionnaire Littré

bénédiction

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bénédiction

(bé-né-di-ksion ; en poésie, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Action de consacrer, de bénir avec les cérémonies de l'église. La bénédiction d'une église.
  • 2Action d'un prêtre qui bénit les assistants en faisant le signe de la croix. Fêtes sacrées, mariage fortuné, voile nuptial, bénédiction, sacrifice, puis-je mêler aujourd'hui vos cérémonies et vos pompes avec ces pompes funèbres, et le comble des grandeurs avec leurs ruines ? Bossuet, Marie-Thér. Lui donne toutefois la bénédiction, Boileau, Lutr. I. Nous entrâmes dans l'église au moment où le prêtre donnait la bénédiction, Chateaubriand, Génie, III, V, 3.
  • 3Action par laquelle les pères et les mères bénissent leurs enfants. Elle me donna sa bénédiction, Sévigné, 151.
  • 4Grâce et faveur particulière du Ciel. Les bénédictions qu'il versa sur les Français, Bossuet, Unité, 2. Et ces bien heureuses prémices ont attiré une telle bénédiction sur la maison Palatine, que nous la voyons enfin catholique dans son chef, Bossuet, Anne de Gonz. Les bénédictions qu'il verse sur ceux qui le craignent, Fléchier, M. de Mont. Courez et servez bien le Dieu des nations ; Je répands sur vous tous ses bénédictions, Chénier M. J. Charles IX, IV, 5.

    Fig. Maison, pays de bénédiction, maison, pays où tout afflue, abonde. Ce précieux levain que Dieu conserve dans ce vaste diocèse non-seulement pour empêcher toute la masse d'aigrir et de se corrompre, mais pour la sanctifier peu à peu, pour l'étendre, l'augmenter, et en multiplier la bénédiction, Massillon, Confér. Retraite.

    C'est une bénédiction, se dit quand tout abonde, réussit, comme par une faveur particulière du Ciel. Les vignes, cette année, sont chargées de grappes, c'est une bénédiction.

    Par extension et dans le langage familier, c'est une bénédiction, ou, que c'est une bénédiction, se dit de tout ce qui surpasse l'attente. Elle engraissait, que c'était une bénédiction, Hamilton, Gramm. 10. Il se laissait enfiler [au jeu de trictrac], que c'était une bénédiction, Hamilton, ib. 3.

    Enfin, cette locution se dit aussi par antiphrase. Le temps était affreux, il pleuvait, que c'était une bénédiction.

    Dans ces exemples, le que ne fait pas partie de la locution ; c'est une ellipse pour à tel point que.

  • 5Sentiments et expressions de gratitude. Sa charité lui attirait les bénédictions des pauvres.

    Être en bénédiction, être béni, aimé, respecté. Dont la mémoire sera en bénédiction dans l'Église, Bossuet, Exp. Avert. Ce monde où sa mémoire est en bénédiction, Fléchier, Mont. La mémoire de M. de Thou est en bénédiction chez les Français, Voltaire, Métaph. 9.

HISTORIQUE

XIe s. [Il] Leve sa main, fait sa beneïçun, Ch. de Rol. CLX.

XIIe s. En paradis aurez benecion, Ronc. p. 71. Tout en plorant [il] leur fit beneïçon, ib. p. 98.

XIIIe s. Sire rois, grant beneïçon Vos doint li fils sainte Marie, Ren. 20096. Biau chier filz, je te donne toutes les beneïssons que bon pere peut donner à fil, Joinville, 301.

XVe s. Et volt le roy qu'en chants melodieux et orgues fussent à Dieu chantées laudes et beneyssons, Christine de Pisan, Charles V, III, ch. 71.

XVIe s. Parquoi Dieu fait que toute nation, Sans fin te loue en benediction, Marot, IV, 286. Et n'est demouré des hommes que le renom de leurs faitz de bien en benediction et de mal en malediction, Rozier histor. I, 2.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. benedictio, benediccio ; espagn. bendicion ; portug. bençao ; ital. benedizione, de benedictionem, de benedicere (voy. BÉNIR).