« baume », définition dans le dictionnaire Littré

baume

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

baume [1]

(bô-m') s. m.
  • 1Substance résineuse et odorante qui coule de quelques végétaux. En chimie, les baumes sont proprement des substances résineuses qui contiennent de l'acide benzoïque ou de l'acide cinnamique. En pharmacie, médicaments qui ont une odeur balsamique. Que sa liqueur [de la vigne] soit un baume de plus Versé par vous sur nos blessures, Béranger, Brennus.

    Familièrement. Fleurer comme baume, avoir une odeur agréable.

    Fig. Sa réputation fleure comme baume, il a une très bonne réputation.

    Fig. et familièrement. Je n'ai pas foi dans son baume, je n'ai point de confiance aux discours qu'il débite, aux promesses qu'il fait.

  • 2 Fig. Ce qui calme, adoucit les peines, les chagrins. J'attends quelque chose de vous comme un baume sur toutes ces blessures, Voltaire, Lett. vers, 42. Ce peu de lignes semblait distiller un baume salutaire sur sa blessure, Rousseau, Hél. I, 64. Un mot, à travers ces barreaux, A versé quelque baume en mon âme flétrie, Chénier, 269. Quand la paix répand son baume Sur les maux qu'on endura, Béranger, Ménétr. Vous croyez donc que les déplaisirs et les plus mortelles douleurs ne se cachent pas sous la pourpre ? ou qu'un royaume est un remède universel à tous les maux, un baume qui les adoucit, un charme qui les enchante ? Bossuet, Marie-Thér. La tolérance sera regardée dans quelques années comme un baume essentiel au genre humain, Voltaire, Lett. Helvétius, 26 juin 1765. Des eaux assez bonnes pour les vieillards cacochymes qui ont besoin de mettre du baume et de la tranquillité dans leur sang, Voltaire, Lett. d'Argental, 29 mai 1765.
  • 3Baume d'acier ou d'aiguilles, baume préparé avec de la limaille d'acier et de l'acide azotique.

    Populairement, baume d'acier, l'instrument d'acier, l'instrument du dentiste. Votre dent est gâté ; il n'y a que le baume d'acier qui vous guérira.

    Baume de soufre, huile soufrée.

    Baume de momie, malthe et asphalte.

    En botanique, baume des jardins, nom de la menthe baume (mentha gentilis, L.) . Des roches tapissées de sauge et de baumes sauvages, Chateaubriand, Itinér. II, 13.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et fu li cors embausemés de bausme et aportés à Saint Denis, où il fu enfouis en cimetiere comune, Chron. de Rains, 178. Ci se reposera Guillaume, Le cui tombel soit plain de baume, D'encens, de mirre et d'aloé, Tant m'a servi, tant m'a loé, la Rose, 10598. Mais je passase la cloison Moult volontiers pour l'achoison [à cause] Du bouton, qui sent miex que basme, ib. 2795. Car de l'un basmes decouroit, Et de l'autre cresmes caoit [tombait], Flor. et Bl. 625. De s'haleine est si douce odeur, Que de bosme ne vient grigneur, Bl. et Jeh. 313. Or ai Dieu renoié, ne puet estre teü ; Si ai laissié le basme, pris me sui au seü [sureau] ; De moi a pris la chartre et le brief receü Maufez [Satan] ; si li rendrai de m'ame le treü, Rutebeuf, II, 95.

XVe s. Mauvaise odeur m'est plus fleurant que basme, Orléans, Bal. 104. Et lors commença à dire baume [merveilles] de son chien, Louis XI, Nouv. XCVI.

XVIe s. … ou ne sçay quel baume artificiel, Marot, I, 267. Au point du jour vey son corps amoureux, Entre deux draps, plus odorans que basme, Marot, II, 398. Par faulte de moustarde (baulme naturel et restaurant d'andouilles) moururent presque toutes, Rabelais, Pant. IV, 42. La chair en est tant delicate, tant savoureuse, et tant friande que est basme, Rabelais, ib. IV, 7.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. balme, basme ; catal. balsam ; espagn. et ital. balsamo ; de balsamum, βάλσαμον ; de l'hébreu, baal, prince, et schaman, huile. On disait encore quelquefois bâme du temps de La Fontaine : Ma foi ! c'est bâme, Troq.