« bon:2 », définition dans le dictionnaire Littré

bon

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bon [1]

s. m.
  • 1Ce qui est bon. Il a préféré le bon à l'utile. La France, où les connaissances ont été portées aussi loin que partout ailleurs ; seulement est-il à craindre que l'on n'y prenne à la fin un bizarre mépris du bon devenu trop familier, Fontenelle, Czar Pierre.
  • 2 En termes de philosophie, le bon, l'ensemble des dispositions qui rendent l'homme un être moral. Que le bon soit toujours camarade du beau, Dès demain je chercherai femme, La Fontaine, Fab. VII, 2. Au sein de ses amis répandre mille choses, Et, recherchant de tout les effets et les causes, Raisonner avec eux sur le bon, sur le beau, La Fontaine, Lettres, XIX.
  • 3Bonnes qualités soit dans une personne, soit dans une chose. Cet homme a du bon. Il y a du bon chez cet enfant. Tirer d'un sujet tout ce qu'il y a de bon. La critique a du bon, je l'aime et je l'honore, Voltaire, Ép. 104. Tout fut secret, et quiconque eut du bon Par devers soi le garda sans rien dire, La Fontaine, Berc. … Ces malheureux rois, Dont on dit tant de mal, ont du bon quelquefois, Andrieux, Meunier de Sans-Souci.

    Du bon, de bon vin. Hier, à un grand dîner, nous avons bu du bon.

    Avoir du bon, l'emporter, obtenir l'avantage. Il y eut plusieurs rencontres où les uns et les autres avaient tantôt du bon et tantôt du pire, selon les diverses occurrences, Perrot D'Ablancourt, Tacite, 362.

    Prendre son bon, saisir son avantage. Harcourt sut être ami de Barbésieux et s'en faire respecter, plus encore de Chamillart, jusqu'à ce qu'il trouvât son bon à le culbuter, Saint-Simon, 116, 15.

    Du bon du cœur, cordialement. Et du bon de mon cœur à cela je m'engage, Molière, Mis. III, 1.

  • 4Le bon, c'est-à-dire ce qu'il y a d'effectif, de plaisant, de surprenant, de piquant. Le bon de l'affaire, c'est que, croyant attraper son voisin, il s'est attrapé. Enfin le bon de tout c'est qu'à d'autres qu'à lui On ne peut vous lier que vous ne disiez oui, Molière, Tart. II, 4. Vraiment oui, c'est là le bon de l'affaire, Voltaire, Dial. 27. Gasparin à Gulphar les prêta, Ce fut le bon, La Fontaine, F. avare. Le bon est qu'en courant il a perdu sa botte, Regnard, Distrait, I, 6. Le mari ne se doute point de la manigance ; voilà ce qui est de bon, Molière, Georg. D. I, 2.
  • 5Ce qui donne du bien-être, du plaisir ; ne se dit guère qu'avec jour, heure, moment. L'accès de fièvre passé, on a deux jours de bon. Quelques jours de bon, des jours où l'on a de la satisfaction, du repos. Du moins on ne perdrait pas tout, on aurait du moins quelques moments de bon, Massillon, Profession relig. sermon 1.

    Il fait bon, c'est-à-dire il fait un bon temps, la température est agréable.

    Il fait bon, il est utile, agréable. Il fait bon se promener, le temps est favorable à la promenade. Il ne fait pas bon avoir affaire à cet homme, il est désagréable d'avoir affaire à lui. Choses qu'il ne ferait pas bon tirer en exemple, Corneille, Ex. d'Hér. … En de certains temps il fait bon s'expliquer, Corneille, Othon, II, 3. Il ne faisait pas bon s'attaquer à eux, Bossuet, Déf. Il nous faisait bon voir tous deux bien étonnés, Régnier, Sat. X. Il fait bon l'entendre là-dessus, Sévigné, 135.

    Il y fait bon, l'occasion est favorable. La friponne Veut dire : il y fait bon, La Fontaine, Coupe. Je vous avertirai quand il y fera bon, Regnard, le Joueur, III, 6.

    Il fait bon ici, on y est bien. Vous avez peut-être dit en certains moments de plaisirs, d'excès, de fureur : il fait bon ici, Massillon, Avent, Bonheur des justes.

    Il ne fait pas bon ici, on y court des dangers. Je viens vous avertir qu'il ne fait pas bon ici pour vous, Molière, Fest. II, 8.

  • 6 S. m. plur. Les bons, les gens de bien. Tous les bons, tous les hommes de bien. Les bons imposent aux méchants. Tenir compte des bons et des méchants. Montrez-lui comme il faut régir une province, Remplir les bons d'amour et les méchants d'effroi, Corneille, Cid, I, 7. … Sévère aux méchants et des bons le refuge, Racine, Athal. IV, 3.
  • 7 S. m. Le gros bon, le petit bon, nom de deux espèces de pommes.
  • 8Tout de bon, loc. adv. Véritablement, sérieusement. Quoi ! tout de bon ? Se quereller tout de bon. Pleurer tout de bon. L'huis s'était presque ouvert, tout de bon le guet vint, Régnier, Sat. II. Elle dit en montant sur l'échafaud : C'est donc tout de bon, Sévigné, 299. C'est tout de bon que vous devriez venir à Paris, Sévigné, 518. Il vit bien qu'elle lui parlait tout de bon, Hamilton, Gramm. 4. L'histoire dit qu'il ne parlait jamais tout de bon, et son siècle l'appelle le moqueur, Guez de Balzac, Liv. VI, lettre 5. Ainsi en bouffonnant et en alléguant les fables ils persuadent tout de bon au prince qu'il n'est point obligé à sa parole, Guez de Balzac, 7e Disc. sur la cour. Si dur que d'avoir fait out de bon le sévère, La Fontaine, Court. Comment ! c'est tout de bon ? - Il le faut laisser faire, Racan, Bergeries, Lucidas, II, 4. Je ne reconnais point, pour moi, quand on se moque ; Parlez-vous tout de bon ? Molière, Éc. des f. II, 6. J'ai douté fort longtemps que ce fût tout de bon, Molière, Tart. IV, 7. J'entendais tout de bon que lui seul héritât, Molière, l'Étour. IV, 1. Je ne le disais pas tout de bon, Pascal, Prov. 8. Tout de bon, votre doctrine est bien commode, Pascal, Prov. 5. Quelquefois en faisant semblant d'avoir compassion, elles l'ont tout de bon, Pascal, dans COUSIN. Prenez-vous tout de bon des mesures pour commencer une nouvelle vie ? Massillon, Carême, Communion. Vous vous disiez à vous-même que vous mettriez, tout de bon, ordre à votre conscience, Massillon, Carême, Samaritaine. Me trouvé-je plus disposé à commencer tout de bon l'ouvrage de mon salut ? Massillon, Carême, Parole de Dieu. Tout de bon, ne pouviez-vous plus rire, après que vous eûtes descendu dans l'antre de Trophonius ? Fontenelle, Parménisque, Théocrite.

    Au lieu de tout de bon, seul consacré par le bon usage, le peuple dit pour de bon : jouons pour de bon.

  • 9Coûter bon, c'est-à-dire coûter un bon prix ; coûter cher, au propre et au figuré. Oh ! que la complaisance que j'ai eue pour ses folies me coûte bon ! Scarron, Rom. com. I, 13. Il en coûta bon au père du comte de la Marck pour se faire réhabiliter à la succession de son père, Saint-Simon, 76, 248.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1.BON, s. m. Ajoutez :
10Populairement et très incorrectement. Pour de bon, sérieusement, véritablement.

V. Jacquemont a dit : pour le bon. Dites si ce n'est pas là de la couleur locale pour le bon, Lettres, t. I. p. 123, édit. in-12, 1841.

11Tout à bon, ancien synonyme de tout de bon. Tout à bon, je pense que…, Scudéry, [1644], p. 153, édit. Rathery et Boutron, Paris 1873.