« bride », définition dans le dictionnaire Littré

bride

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bride

(bri-d') s. f.
  • 1Harnais placé à la tête du cheval et destiné à l'arrêter ou à le diriger, selon la volonté du conducteur. La bride se compose de trois parties principales : la monture, le mors et les rênes. Mettre une bride à un cheval. La main de la bride, la main gauche du cavalier.
  • 2Les rênes seules. Je voudrais donc… Qu'un seigneur éminent en richesse, en puissance, Par la bride guidât son superbe coursier, Racine, Esth. II, 5.

    Serrer la bride à un cheval. Lâcher ou rendre la bride. Tourner bride, pour prendre la fuite.

    Aller à toute bride, à bride abattue, proprement, mener son cheval au grand galop ; et figurément, agir sans réserve ni retenue. Il s'en moquait à bride abattue, Sévigné, 44. Elle a un amant à bride abattue, Sévigné, 435. La modestie m'empêche de vous louer à bride abattue là-dessus, Sévigné, 12.

  • 3 Fig. Obstacle, frein, retenue. Lâcher la bride à ses passions.

    Tenir quelqu'un en bride, le contenir, le diriger. Et pour tenir en bride un peuple sans raison, Corneille, Pulchér. V, 3. Ils tenaient les soldats en bride, Bossuet, Hist. III, 7. Le sénat tenait en bride les gouverneurs, Bossuet, Hist. III, 6. Dieu qui tient en bride les esprits trompeurs, Bossuet, Hist. II, 9. Dieu qui tient en bride les flots de la mer, Bossuet, Polit. S'ils tiennent la bride à leur impatience, Malherbe, II, 1. Cependant notre grand Alcide, Amolli parmi vos appas, Perdra la fureur qui, sans bride, L'emporte à chercher le trépas, Malherbe, III, 1. Retenir la bride aux efforts du courroux, Molière, F. sav. I, 2. Il doit tenir la bride aux grands empressements, Molière, Mis. I, 2. À le conjurer de tenir ses regards en bride, Hamilton, Gramm. 8.

    Tenir la bride haute, courte, à quelqu'un, le diriger, le traiter sévèrement. Il est bon de lui tenir un peu la bride haute, Molière, l'Av. I, 10.

    Lâcher la bride, mettre à quelqu'un la bride sur le cou, c'est-à-dire lui laisser toute liberté d'agir. Je jouis avec plaisir et modération de la bride qu'on m'a mise sur le cou, Sévigné, 285. Elle est admirable, quand elle a la bride sur le cou, Sévigné, 239. Pour mettre une bride sur le cou, Sévigné, 335. Je ne veux point me lâcher la bride à vous parler de mon amitié, Sévigné, 597. Que ne dirais-je pas de ma tendresse pour vous, si je voulais me lâcher la bride ? Sévigné, 208. Je lâche la bride à toutes ses bontés, Sévigné, 226. Vous qui laissez la bride sur le cou de vos moitiés, Hamilton, Gramm. 9. Tantôt Dieu retient les passions, tantôt il leur lâche la bride, Bossuet, Hist. III, 7.

    Fig. et familièrement. Aller bride en main, c'est-à-dire agir, procéder avec circonspection. Depuis ma dernière lettre, je vais bride en main sur la louange, Voltaire, Lett. en vers, 102.

    Fig. Il a plus besoin de bride que d'éperon, il a plus besoin d'être contenu qu'excité.

    Hocher la bride à quelqu'un, sonder ses intentions.

  • 4Brides à veaux, sottes raisons, sots raisonnements, et aussi nouvelles absurdes, contes ridicules. De rien je fais brides à veaux, Régnier, Épître III. Blasphèmes nouveaux, Vieux dictons dévots, Hapelourdes, pavots, Et brides à veaux, Que n'a-t-on pas mis Dans Sémiramis ? Piron, Chanson satirique sur la Sémiramis de Voltaire. Locution qui vient de ce que, les veaux ne se bridant pas, les brides à veaux ne sont rien.
  • 5Lien pour retenir certaines coiffures. Brides d'un bonnet, d'un chapeau de femme.

    Espèce de boutonnière qui se fait aux manches et aux cols des femmes pour les fixer à un bouton. La bride se fait en saillie sur l'étoffe ; c'est un feston sur des fils posés en demi-cercle et pouvant entourer le bouton. La bride n'est attachée à l'étoffe que par ses deux côtés, tandis que la boutonnière est dans l'étoffe même.

    Points aux deux extrémités d'une boutonnière pour empêcher qu'elle ne se déchire.

    Maille échappée dans un bas de soie.

    Brides, petits tissus de fil qui servent à joindre les fleurs les unes avec les autres dans l'espèce de dentelle qu'on nomme point de France, de Venise, de Malines.

  • 6 Terme de chirurgie. Filaments membraneux que l'on trouve souvent dans le foyer des abcès ou dans les plaies profondes, et qui s'opposent à la sortie du pus, ou établissent des adhérences vicieuses. Détruire les brides.
  • 7 Terme de marine. Sorte de grande crampe qui lie le bout de la quille avec l'étambot.
  • 8Pièce de la batterie d'une arme à feu.

    Outil de charron.

    Plaque de fer, du métier des plombiers, carrée et évidée en rond dans le milieu, pour tenir lieu de soudure.

    Lien de fer pour assujettir une pièce de bois, un tuyau de conduite, etc.

  • 9Bride, sorte de point d'Alençon dont le tissu est beaucoup plus fort que le réseau.

PROVERBE

À cheval donné on ne regarde pas à la bride ; c'est-à-dire un présent est toujours bienvenu, quand même il y manque quelque chose pour être complet.

HISTORIQUE

XIIIe s. N'onc ne la [la fortune] pot tenir Cresus, Qu'el nel tornast et jus et sus, Qui refu roi de toute Lyde, Puis li mist l'en ou col la bride, Et fu par ordre au feu livrés, la Rose, 6516. En nos plors n'ot ne frains, ne brides, ib. 10557.

XIVe s. Une bride à un tissu de rouge soye, à claus esmaillés, De Laborde, Émaux, p. 176.

XVe s. À grant peine y [en Écosse] recuevre l'on du fer pour ferrer les chevaux, ni du cuir pour faire harnois, selles, ni brides, Froissart, II, II, 228. Tels y en avoit, dans la suite du duc de Bourgogne, leurs houches de velours brodées, et, en lieu de grosses resnes de leurs brides, chaisnes d'or, De Laborde, Émaux, p. 176. Dont jà sommes plus de cent mille Qui tous voulons tourner la bride, Et vous lairrons tout esgaré, Monstrelet, liv. I, ch. 274, Complainte des laboureurs de France.

XVIe s. Lascher la bride aux lamentations et aux larmes, Montaigne, I, 63. Les stoïciens veulent de la bride mesme à l'estude, Montaigne, II, 241. Le chartier prit les renes de la bride avec la main gauche, Amyot, Cor. 40. Sylla l'envoya devant à bride abatue avec sept cens chevaux, Amyot, Sylla, 6. Il tourna bride tout court, Amyot, Eum. 17. Quand il veit qu'il ne demandoit plus qu'à courir, alors il luy donna carriere à toute bride, Amyot, Alex. 9. Les valets qui beuvoient à toutes brides, Carloix, III, 8. … et luy en mect la bride sur le col [s'en rapporte à lui], Carloix, VII, 19. Brides à veaulx, Génin, Récréat. t. II, p. 236.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. brida ; ital. briglia ; de l'anc. haut-allem. brittil, prîtil, et, par contraction, britl. De prîtil vient une autre forme italienne, predello.