« brin », définition dans le dictionnaire Littré

brin

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

brin

(brin) s. m.
  • 1 Terme de sylviculture. Jet de bois. Quand on coupe les taillis, on laisse les brins les plus hauts et les plus droits qui sont sur les souches pour venir en haute futaie.

    Arbre de brin, arbre qui n'a qu'une tige. L'arbre étant coupé, la souche restée en terre donne naissance à un ou plusieurs brins, qui deviennent autant d'arbres nouveaux, Revue des deux mondes, t. XXV (1860), p. 457. Enlever les brins surabondants au fur et à mesure de leur développement, ib. p. 467.

    En termes de chasse, le plus haut du buisson où se tient l'oiseau se nomme le brin.

    Terme de charpente. Bois de brin, arbre qui n'a pas été scié, et qui est seulement équarri. Un chêne de brin, chêne de belle venue, assez gros pour sa longueur, et qui s'emploie en bâtiments, sans avoir besoin d'être scié pour être équarri, La Quintinye, Jardins, 1re partie, Dictionn.

    Terme de marine. Brins de bois, petites vergues qu'on ajoute par des anneaux de fer aux grandes vergues pour porter des bonnettes.

    Fig. et familièrement. C'est un beau brin d'homme, c'est-à-dire un homme grand et bien fait. Un beau brin de fille, de femme, c'est-à-dire fille, femme grande et bien faite.

  • 2Tige menue, pousse grêle et allongée. Un brin d'herbe. Un brin de bouleau. L'hirondelle leur dit : Arrachez brin à brin Ce qu'a produit ce maudit grain, La Fontaine, Fab. I, 8. [Il] Lui dit : Eh ! parmi nous que venez-vous donc faire ? - Partager un brin d'herbe entre quelques fourmis, La Fontaine, ib. XII, 21. … à l'appétit d'un bruit Qui nous honore après que nous sommes sous terre, Et de te voir paré de trois brins de lierre, Régnier, Sat. IV.

    Terme de marine. Cordage de premier brin, cordage fait avec du chanvre de première qualité.

  • 3 Par extension, toute partie de certaines choses longues et ténues. Un brin de paille. Un brin de fil. Un brin de soie.

    Un brin de plume, une plume d'autruche. Vieux en cet emploi.

    Familièrement, la moindre parcelle, la moindre quantité. Il n'y a pas un brin de vent, Sévigné, 433. Et qui pour elle aura le moindre brin de flamme, Molière, Pastorale, 3. Ne t'attends pas que je t'aide un seul brin, La Fontaine, Pap. Sans qu'il se doute brin de ce que…, La Fontaine, Cuv. Est-il possible qu'il ne te soit pas venu le moindre brin d'imagination ? Hamilton, Gramm. 3.

    Fig. et familièrement. Il y a un brin de dispute entre l'abbé et moi, Sévigné, 43. Il y a dans ce qui vient de vous autres un petit brin d'impétuosité, Sévigné, 125. Je vous souhaite quelquefois un petit brin de ce que l'on a ici de reste, Sévigné, 110.

  • 4Chevalet sur lequel on arrange les pièces d'artifice.

    Chacune des petites pièces qui soutiennent le papier d'un éventail.

HISTORIQUE

XIIe s. Dist Viviens, Bertran, sire cosin, Or vos en mainent li gloton de put lin, Guichart l'enfant et Girart le meschin. Las ! hui perdra Guillaumes tot son brin, la Bataille d'Aleschans, 337. À voix s'escrient toz ensemble à un brin, ib. 1664. Puis passerons là outre tuit ensemble à un brin, Sax. 118. Silemers et Buevon qui demainent grant brin, ib. 185.

XIIIe s. De m'avangarde vos ai baillé le brin, Agolant, dans DU CANGE, brin. Auques avons abatu de leur brin, ib.

XIVe s. Elle plouroit et demenoit grant brin, Baud. de Seb. I, 160.

XVe s. Mais quand les Angloys l'aviserent, Pour les François dedans navrer, Par tel party lors se tirerent, Que nul brin ne s'osoit monstrer, Martial de Paris, Vigilles de Ch. VII, t. I, p. 165, dans LACURNE.

XVIe s. S'escurant les dents avecq ung brin de paille, Rabelais, Pant. III, 18. Là nous fit apporter myrobalans, brain de basme et zinzembre vert confit, Rabelais, ib. V, 7. Deux petits brins de coral rougissant, Du Bellay, J. II, 25, verso. … cent fois baisé les brins De ses boutons cinabrins, De ses levres pourperées, Ronsard, 552. Celuy qui bouchera les hayes pourra se servir pour cela des breins ou branches des dittes hayes, Nouveau Coust. general, t. I, p. 931, col. 2, dans LACURNE SAINTE-PALAYE. Je ne veulx pas reprendre, dist le chevalier, ni sa prouesse ni sa bonté ; mais l'entreprinse qu'il maintient ne m'est un seul brin agreable, Don flores de Grece, f° CXXXVII, recto.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. brin ; portug. brim. Ce mot offre de grandes difficultés : jusqu'au XIVe siècle, il signifie force, orgueil, bruit, et, dans la locution à un brin, il signifie à la fois ; puis, au XVe siècle et au XVIe, il prend la signification qu'il a aujourd'hui. Pour Diez, ce sont deux mots distincts : il rattache le premier à l'ancien scandinave brim, anglais, brime, le flot de la mer, mais avec peu d'apparence, à cause du sens ; et le second, avec toute apparence au celtique : bas-breton, brienen, brin, d'où bran, son (voy. BRAN), d'un radical signifiant chose menue. Il est singulier que brin des anciens temps ne descende pas plus bas, et que brin des temps nouveaux ne remonte pas plus haut ; il y a solution de continuité : ce qui fait qu'on ne peut savoir s'il n'y aurait pas quelque intermédiaire qui les rapprochât l'un de l'autre. Il faut remarquer que brin ne veut pas dire seulement une chose menue, mais qu'il veut dire toute espèce de tige, même les plus grosses ; cette dernière signification est-elle aussi primitive que l'autre ou bien en est-elle dérivée ?