« buisson », définition dans le dictionnaire Littré

buisson

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

buisson

(bui-son) s. m.
  • 1Touffe d'arbrisseaux sauvages ou épineux. Tous laissent quelque chose aux buissons de la route, Les troupeaux leur toison et l'homme sa vertu, Hugo, F. d'aut. 37.

    Battre les buissons, les parcourir pour en faire sortir le gibier. On bat les buissons, et les autres prennent les oiseaux [on a la peine, et les autres ont le profit], Sévigné, 391.

    Fig. Battre les buissons, ne ramasser que le peu qui reste. Ceux qui auront le courage de recommencer pourront s'amuser la seconde fois à battre les buissons, Rousseau, Avert.

    Guerre de buissons, guerre de partisans, ainsi dite parce qu'on se met en embuscade derrière les buissons et tout ce qui sert d'abri. On commettait dix mille meurtres, soit sur des échafauds, soit derrière des buissons, Voltaire, Philos. V, 421.

    Fig. Se sauver à travers les buissons, chercher des échappatoires quand on est trop pressé dans la discussion.

    Bois de peu d'étendue. Ce n'est pas une forêt, ce n'est qu'un buisson.

  • 2 Terme de chasse. Trouver buisson creux, ne plus trouver dans l'enceinte la bête qu'on avait détournée ; et fig. ne pas trouver la personne ou la chose qu'on était allé chercher.

    Le cerf prend son buisson, quand il choisit, au printemps, une pointe de bois pour s'y retirer pendant le jour.

    Buisson englué, buisson artificiel pour prendre les petits oiseaux.

  • 3Arbres qu'on coupe tous les deux ou trois ans, afin qu'ils ne dépassent pas trois mètres de hauteur.

    Terme de jardinage. Forme donnée aux arbres. Dans le buisson ou cépée toutes les branches partent du collet de la racine et prennent toutes les directions. Arbre en buisson, ou, absolument, buisson.

  • 4 Terme de cuisine. Mets arrangé en forme de pyramide. Buisson d'écrevisses.
  • 5 Terme de minéralogie. Buisson d'or, nom vulgaire d'une agate.
  • 6 Terme de botanique. Buisson ardent, nom vulgaire de la pyracanthe.

HISTORIQUE

XIe s. Mort il l'abat sur un boissun petit, Ch. de Rol. CCXLIII.

XIIIe s. En la forest fu Berte repuse entre buissons, Berte, XXIII. [Il] n'i ot fors [que] buissonciaus où du vent [elle] s'est couverte, ib. XXX. Desoz un boison s'est couchiez, Iluec se dort de maintenant, Ren. 17390. … l'en ne voit boisson ne haie Qui en mai parer ne se voille Et covrir de novele foille, la Rose, 50. Et se li sergant ne le porsivent pas, ou il ne le poent porsivir, porce que cil qui se resqueut [se sauve] se met en bos ou en buisson ou en liu saint, Beaumanoir, XXX, 84. Quant les chevaus aus Sarrazins avoient paour d'aucun bisson, leur mestre leur disoient…, Joinville, 274.

XVe s. Ainsi que il [le comte de Flandre] estoit dessous le buisson et là quati, il entendit et ouit parler un homme, Froissart, II, II, 159. Buisson a oreilles, Proverbe, dans LEROUX DE LINCY. Que la simple bate le buisson, Et un autre en ait les oyseaulx, Coquillart, Plaidoy. de la simple et de la rusée.

XVIe s. Le cimitiere est un verd bois, Et les murs, hayes et buissons, Marot, I, 182. Avec deux cents pionniers, pour rompre hayes, bussons, et combler les fossés, Carloix, V, 4. Ce pays-là est plain et descouvert, sans hayes ni buissons, Carloix, VI, 32. Il y en a tant eu [des mestres de camp] et l'en fait tant tous les jours que, par maniere de dire, il n'y a gueres contrée en France que, si on en bat les buissons, on en verra sortir un mestre de camp, Brantôme, Capit. fr. t. IV, p. 120, dans LACURNE. Il n'y a si petit buisson qui ne porte ombre, Oudin

ÉTYMOLOGIE

Berry, busson, boisson ; bourguig. boucho, busson, bouisson ; provenç. boisson ; ital. buscione ; de buxus, buis (voy. BUIS). Boscus, bois, n'est conciliable ni avec la forme provençale ni avec la forme italienne. Cependant, pour le domaine français, il est visible qu'il y a eu confusion entre la formation par buis, et la formation par bois. Desmarais, au XVIIe siècle, nous dit qu'on prononçait bisson.