« butte », définition dans le dictionnaire Littré

butte

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

butte

(bu-t') s. f.
  • 1Petit tertre. Monter sur une butte. La butte de Montmartre.
  • 2Massif de terre où l'on place le but pour tirer et viser. La butte du polygone pour le tir de l'artillerie.

    Poudre de butte, s'est dit pour poudre servant aux exercices du tir.

  • 3 Fig. Ils n'ont du mouvement ni des yeux que pour vous, Seul la butte, l'objet et l'estime de tous, Rotrou, Bélis. I, 1. Le pauvre Brutus eût été la butte de toutes les pointes de son temps, Guez de Balzac, liv. VIII, lett. 41. Qu'ils soient au lieu de moi, le reste de leurs ans, La butte du mépris dont ils m'ont fait la proie, Racan, Psaume 34. Il me donne pour butte aux jugements divers, Régnier, Sat. XI.

    Être en butte à, exposé à. Aux plus âpres tourments un chrétien est en butte, Corneille, Poly. I, 1. Auteur des maux de tous, il est à tous en butte, Corneille, Pomp. I, 1. À quels nouveaux malheurs m'expose-t-elle en butte ? Corneille, Héracl. IV, 4. J'étais en butte à tous les soins, Sévigné, 449. Je suis en butte à tout le monde, Sévigné, 95. Et l'on t'y voit partout être en butte à ses traits, Molière, F. sav. III, 5. Votre fils sera mis en butte aux contradictions, Bossuet, Comp. 2. Sur tout autre toujours votre art me persécute ; Vous m'entreprenez seul, seul je vous suis en butte, Rotrou, Antig. V, 5. Et moi toujours en butte à de nouveaux dangers, Racine, Iphig. II, 1. Cet illustre affligé ne veut pas dans sa chute Laisser à tant de maux tant de peuples en butte, Brébeuf, Pharsale, VII. Je suis bien las d'être en butte aux discours des hommes, Voltaire, Lett. Damilaville, 30 mai 1765.

  • 4Jeu des chevaliers de l'arquebuse.

HISTORIQUE

XIVe s. Et mettez vostre huant [chathuant] sur une bute assez haute, et doit estre sur un baston fourcé, Modus, f° CXXVII.

XVIe s. Amour a faict de mon cœur une bute, Marot, I, 329. Il faut qu'une veue ayt butte pour la soustenir à raisonnable distance, Montaigne, I, 21. Aux canonades depuis qu'on leur est planté en butte…, Montaigne, I, 49. Combien ceste nostre alaigresse est en butte à la mort ! Montaigne, I, 76. Les rois sont trop esclairez et trop en butte [pour être heureux], Montaigne, I, 332. Accidents auxquels chascun de nous est en bute par une naturelle subjection, Montaigne, I, 406. Il n'est animal au monde en butte de tant d'offenses que l'homme, Montaigne, II, 171. Quand ils se desrobberont à l'humaine justice, ils demeurent tousjours en butte à la divine, Montaigne, II, 304. La chasse, la paulme, la bute, Montaigne, II, 358. Viser à leur plaire ? c'est une butte qui n'a ny forme ny prinse, Montaigne, III, 18. Les archers prennent leur visée grand espace au dessus de la bute, Montaigne, I, 151. Fabius eut le soing de sçavoir ce qui se feroit, non par le rapport d'aucuns messagers, ains par le veoir luy mesme à l'œil de dessus une butte qui estoit au devant de son camp, Amyot, Fab. 25. Qu'il se donnast bien garde d'aller exposer en butte son armée pesante et chargée de harnois à un si grand nombre de gens de cheval tous archers en pleine campagne, Amyot, Anton. 52. …desquelles pieces on buttera comme en butte dedans son camp, Carloix, V, 25. Il me dit, que de son vivant il ne se mettroit jamais en butte pour se faire becqueter des envieux …je m'expose maintenant à la butte qu'il refusa pour lors, Paré, Licorne, 16. Et s'il faut qu'à tous coups, comme insensé, je soye De ce petit amour et la butte et la proye ? Ronsard, 788.

ÉTYMOLOGIE

Autre forme de but. But et butte ont été longtemps confondus ; ils ne diffèrent, en effet, comme mots, que parce que l'un est masculin et l'autre féminin.