« cérémonie », définition dans le dictionnaire Littré

cérémonie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cérémonie

(sé-ré-mo-nie) s. f.
  • 1Formes extérieures et régulières du culte religieux, et aussi pompe et formalités qu'on emploie pour donner plus d'éclat aux solennités officielles. Les cérémonies de l'Église catholique. Les cérémonies du sacre des rois de France. La célébration des mystères d'Éleusis était accompagnée de grandes cérémonies. Les cérémonies qui se firent lors de l'entrée du roi. L'audience donnée aux ambassadeurs en grande cérémonie. Le coadjuteur faisait la cérémonie [le mariage], Sévigné, 12. Il s'en va à St-Denis faire la cérémonie de Pâques, Sévigné, 132. Ils se marièrent sans cérémonie, Sévigné, 390. Enfin, toute la cérémonie, toutes les révérences, tout le manége demeurant arrêté, Sévigné, 502. Louis XV meurt, la nuit du 10 de mai ; on couvre son corps de chaux, et on l'emporte sans aucune cérémonie à St-Denis, auprès du caveau de ses pères, Voltaire, Louis XV, 41. Si les démons demandaient des cérémonies barbares et extravagantes, les païens les croyaient bizarres ou cruels, Fontenelle, Oracl. I, 5. C'est une chose étrange qu'une petite cérémonie [le mariage] soit capable de nous ôter toutes nos belles qualités, et qu'un mari et un galant regardent la même personne avec des yeux si différents, Molière, Impromptu, 1. À chaque occasion de la cérémonie, Corneille, Poly. III, 2. Ô toi qui n'attends plus que la cérémonie Pour jeter à mes pieds ma rivale punie, Corneille, Rod. V, 1. César en sait [du divorce] l'usage et la cérémonie, Corneille, M. de P. II, 1. Madame, tout est prêt pour la cérémonie, Racine, Iph. III, 5. Le trône, les festins et la cérémonie, Tout est prêt, Voltaire, Zaïre, III, 5.

    Grand maître, maître, aide des cérémonies, officiers qui dirigent les cérémonies dans les solennités officielles.

    Habit de cérémonie, habit prescrit par le cérémonial. Les jurisconsultes portèrent le manteau de cérémonie des chevaliers, Voltaire, Mœurs, 85. Le chef à la tête, en habit de cérémonie, Rousseau, Ém. II.

    En cérémonie, avec pompe. On le reconduisit en cérémonie. Elle fut fiancée lundi en grande cérémonie, Sévigné, 399.

  • 2L'assistance même, dans une cérémonie. [Aux funérailles de la grande Mademoiselle] au milieu de la journée et toute la cérémonie présente, l'urne qui était sur une crédence et qui contenait les entrailles, se fracassa, Saint-Simon, 5, 73.
  • 3Ensemble des formalités de civilité, de déférence entre particuliers, par opposition aux manières, aux habitudes intimes et familières. Me rit, me prend, m'embrasse avec cérémonie, Régnier, Sat. X. Un long séjour en Italie lui avait communiqué la cérémonie dans le commerce des hommes, et la défiance dans celui des femmes, Hamilton, Gram. 9. Hé ! mon Dieu, n'entrons point dans ce vain compliment ; Rien ne me fâche tant que ces cérémonies ; Et, si l'on m'en croyait, elles seraient bannies, Molière, Éc. des f. III, 4. Il se mit aussitôt sur la cérémonie, Régnier, Sat. VIII. Voici des gens bien pleins de cérémonie, Molière, Le méd. m. lui, I, 6. Quand tous [les frères et les sœurs] seront réunis en cérémonie, Rousseau, Ém. I. Je vous vois le ton de cérémonie en particulier, Rousseau, Hél. I, 1.
  • 4Gêne qui résulte de la nécessité du cérémonial de politesse. Mais pour la renvoyer jusqu'en son Arménie Vous savez qu'il y faut quelque cérémonie, Corneille, Nic. II, 2. Il faut bien des cérémonies avec ces sortes de gens-ci, Molière, Mar. forcé, 6. Je suis un homme sans cérémonie, Molière, Impr. 2. Sans cérémonie Il s'accommode, La Fontaine, Court. Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis Je ne fais point cérémonie, La Fontaine, Fab. I, 18. Que cette amitié commence par bannir les cérémonies, Voltaire, Lettres, Le Clerc, 16 mai 1764.

    Fig. et familièrement. Il a fait bien des cérémonies pour se battre, pour prendre médecine, il a eu peine à s'y résoudre.

    Il n'y fait pas tant de cérémonies, il va droit au but.

  • 5Chose faite pour la forme. On laisse dire le prédicateur [sans mœurs] pour la cérémonie ; mais on croit, on fait comme lui, Fénelon, XXI, 30. Les sacrements ne sont plus qu'une gêne inutile et incommode, on s'en épargne la cérémonie, Massillon, Car. Inconst.
  • 6Dans la glacerie, temps qu'on demeure sans tirer après le curage.

    Faire la cérémonie, attendre que le verre soit arrivé à un certain degré de consistance.

HISTORIQUE

XVe s. Lesquelles serimonies royales n'accomplissoit mie tant au goust de sa plaisance, comme pour garder, maintenir et donner exemple à ses successeurs, Christine de Pisan, Ch. V, I, 18. Autres vouloient sa prinse rondement sans cerymonie, Commines, II, 9.

XVIe s. Combien que les ceremonies de la loy ayent pris fin pour n'estre plus en usage…, Calvin, Instit. 269. Ung aultre, sans ceremonie [sans scrupules], et d'authorité absolue, les eust mis en ses bouges [poches], Carloix, VI, 21.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ceremonia, cerimonia ; espagn. et ital. ceremonia ; du latin caeremonia ou caerimonia ou ceremonia ; cette dernière orthographe serait la véritable, si l'étymologie probable qui tire ce mot du sanscrit kar, faire, avec un suffixe môn, était assurée : la chose faite, c'est-à-dire la chose sacrée, la cérémonie. D'autre part, les auteurs latins ont indiqué pour étymologie la ville de Caere en Étrurie, où les Romains, lors de la prise de Rome par les Gaulois, déposèrent les objets sacrés de leurs temples.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CÉRÉMONIE. Ajoutez :
7 Familièrement. Soins, préparatifs. On a appris depuis, qu'il fallait bien des cérémonies pour rendre les olives douces, Racine, Lexique, éd. P. Mesnard.

HISTORIQUE

Ajoutez :

XIVe s. Et vouloient aucuns maintenir par leur sotie que leurs chansons [des flagellants] et leurs serymonies estoient plus dignes que celles de l'Eglise, J. le Bel, Vrayes Chroniques, t. I, p. 204.