« côté », définition dans le dictionnaire Littré

côté

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

côté

(kô-té) s. m.
  • 1La partie droite ou gauche du corps des animaux, de l'aisselle à la hanche, et, par extension, la partie droite ou gauche de tout le corps, y compris le bras, la jambe, etc. Il était perclus de tout le côté gauche. Se coucher sur le côté. Il porte l'épée au côté. Bientôt quatre bandits lui serrant les côtés, Boileau, Sat. VI. … Les arbres parlent peu, Dit le bon la Fontaine ; et ce qu'un bois m'inspire, Je veux à mes côtés trouver à qui le dire, Delille, Homme des ch. I.

    Se tenir les côtés de rire, rire immodérément. Le roi se tenait les côtés de rire, Hamilton, Gramm. 7. Embrasse-moi, dit Matta se tenant les côtés, Hamilton, ib. 3. L'hôte et l'hôtesse éclatèrent de rire et se tinrent longtemps les côtés, Voltaire, Cand. 17.

    Il est sur le côté, il est si malade qu'il ne peut bouger.

    Fig. Être en voie de disgrâce, être abattu. Pauvre esprit, te voilà d'abord sur le côté, Hamilton, Gramm. 2.

    Mettre, jeter quelqu'un sur le côté, le coucher, le renverser par terre. D'un coup d'épée il le jeta sur le côté.

    Mettre quelque chose sur le côté, donner à cette chose une position inclinée.

    Mettre une bouteille sur le côté, la vider.

    Être aux côtés de quelqu'un, être auprès de sa personne. Moi-même, sur son trône à ses côtés assise, Je suis à cette loi comme une autre soumise, Racine, Esth. I, 3. Debout à ses côtés, le jeune Éliacin Comme moi le servait en longs habits de lin, Racine, Athal. II, 2. Idoménée, qui le croit [Télémaque] à ses côtés, s'étonne de le voir qui court au milieu de la campagne, Fénelon, Tél. X.

    Fig. Mais entendez crier Rome à votre côté…, Corneille, Cinna, III, 2. Le reste de l'Asie à nos côtés rangée, Corneille, Nicom. II, 3.

    Le côté de l'épée, le côté gauche du corps, celui où l'on porte l'épée.

    Fig. Mettre quelque chose du côté de l'épée, faire passer quelque chose du côté de l'épée, c'est mettre à couvert quelque somme, de quelque façon qu'on l'ait gagnée, bien ou mal. Mais prompt, habile et diligent à saisir un certain argent, Somme aux inspecteurs échappée, Il a du côté de l'épée Mis, ce dit-on, quelques deniers, La Fontaine, Lettres, XX.

    Le côté du cœur, le côté gauche du corps ; et fig. l'affection. Ce petit gaillard vous plaît, il est du côté du cœur.

    Point de côté, douleur aiguë qui se fait sentir dans la région des côtes.

    Terme de manége. Porter un cheval de côté, le faire marcher sur deux pistes, dont l'une est marquée par les épaules, l'autre par les hanches.

    Terme de cuisine. Haut côté, les côtés d'un mouton.

    Terme de marine. Mettre un bâtiment sur le côté, l'incliner d'un côté, lui faire prendre de la bande. Le mât avait mis le vaisseau sur le côté, Fénelon, Tél. VI.

    Mettre un bâtiment sur le côté, l'abattre en carène.

    Le côté droit d'une voile, la partie de la chute de cette voile où les tailles sont régulières.

    Faux côté, côté faible d'un navire, côté sur lequel il incline davantage.

  • 2Partie latérale. Les côtés du chemin. Ce côté de la rivière est le moins profond.

    Les bas côtés d'une église, les nefs latérales, qui sont plus étroites et d'ordinaire moins hautes que la nef centrale. Les bas côtés du chœur… sont les parties qui ont le plus résisté à l'effort du temps, Chateaubriand, Génie, III, V, 5. D'autres temples étaient divisés en trois nefs par deux rangs de colonnes ; celle du milieu était entièrement découverte et suffisait pour éclairer les bas côtés qui étaient couverts, Barthélemy, Anach. ch. 12.

    Les bas côtés d'une route, d'un boulevard, d'une promenade, les voies latérales moins hautes que la chaussée.

  • 3Côté plein, muraille pleine, par opposition à arcade. Le petit monument de marbre qui couvre le saint sépulcre a la forme d'un catafalque, orné d'arceaux demi-gothiques engagés dans les côtés pleins de ce catafalque, Chateaubriand, Itin. II, 224.
  • 4Le côté droit, le côté gauche d'une assemblée délibérante, celui qui est à la droite, celui qui est à la gauche du président.

    Le côté de l'épître, le côté de l'évangile, le côté droit, le côté gauche de l'autel.

    Le côté du roi, le côté de la reine désignaient autrefois le côté droit, le côté gauche du théâtre.

    Terme d'architecture. Le côté droit ou gauche d'un bâtiment doit s'entendre par rapport au bâtiment même, c'est-à-dire en supposant que le bâtiment a une droite et une gauche par rapport à sa façade.

  • 5Point opposé à un autre. Le côté espagnol des Pyrénées. Il est de l'autre côté du bois. Mettez-vous de l'autre côté de la table. Pourquoi me tuez-vous ? Eh quoi ! ne demeurez-vous pas de l'autre côté de l'eau ? Mon ami, si vous demeuriez de ce côté, je serais un assassin, cela serait injuste de vous tuer de la sorte ; mais, puisque vous demeurez de l'autre côté, je suis un brave et cela est juste, Pascal, Pensées, part. I, art. 9.

    Fig. Tout le tort est de son côté, Sévigné, 55.

    Familièrement. De l'autre côté, dans la pièce voisine. Passons de l'autre côté, s'il vous plaît, pour causer à notre aise.

  • 6Face, pan d'un objet. Les côtés d'une pyramide. On avait sculpté des emblèmes sur les quatre côtés du monument.

    En parlant des étoffes, le côté de l'envers, le côté de l'endroit.

    Fig. Aspect sous lequel on envisage les personnes et les choses. Et, comme je vous dis, toute l'habileté Ne va qu'à le savoir tourner du bon côté, Molière, Éc. des f. IV, 8. On regarde les gens par leurs méchants côtés, Molière, Mis. I, 2. Quand sur une personne on prétend se régler, C'est par les beaux côtés qu'il lui faut ressembler, Molière, F. sav. I, 1. Mélanchthon avait pris ce bon mot du beau côté, Bossuet, Var. 5. Il prend tout du bon côté, Bossuet, Lett. quiét. 354. La justice prend toujours les choses d'un mauvais côté, Regnard, Sérénade, 10. Ce qu'on souhaite est vu du bon côté ; Ce qu'on possède est vu de l'autre, Lamotte, Fabl. II, 17. Ils regardaient l'affaire par cent côtés, dont aucun n'était dans son vrai jour, Voltaire, Babouc.

  • 7Ligne qui circonscrit quelque chose. Les trois côtés d'un triangle. Si je pense à une figure de mille côtés et à une de neuf cent quatre-vingt-dix-neuf, ce n'est pas par des perceptions que je les distingue, ce n'est que par les noms que je leur ai donnés, Condillac, Conn. hum. sect. II, ch. 2.

    Terme de géométrie. Côté d'un angle, une des lignes qui le forment.

  • 8Dans le sens le plus indéterminé, partie d'une chose, endroit. Attaquer la place du côté le plus faible. De quelque côté qu'on s'y tourne, on voit toujours la mort en face qui couvre de ténèbres tous nos plus beaux jours, Bossuet, Duch. d'Orl.

    Fig. Le côté faible d'une chose, ce en quoi elle pèche. Le côté faible d'une personne, son défaut habituel, ou ce qu'elle sait le moins, ou sa passion dominante.

    Fig. De mon côté, quant à moi, pour ma part. Je vais, de mon côté, prendre telle et telle mesure. Je veux voir à quel point une femme hardie Saura de son côté pousser la perfidie, Voltaire, Zaïre, IV, 5.

    Du côté de… dans les rangs de, parmi. De notre côté, il y eut trois morts et dix blessés. Du côté des Athéniens, Périclès, Nicias, Alcibiade ; de celui des Lacédémoniens, Brasidas, Gylippe, Lysandre s'y distinguèrent d'une manière particulière, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. III, p. 24, dans POUGENS.

    D'un côté, d'une part ; d'autre côté, d'autre part. Quand d'un côté je considère leur puissance et de l'autre ma faiblesse. D'un et d'autre côté l'action est si noire, Corneille, Rodog. V, 4. D'un et d'autre côté je vous vois soulagée, Corneille, Cid, V, 5. Il ne leur arrivera pas, comme à ceux du caractère opposé, d'être d'un côté de grands hommes, et de l'autre des enfants, Fontenelle, Boerhaave. Près du grand L'Hôpital montrer le grand Caton, D'un côté Condillac et de l'autre Platon, Delille, Imagin. VII.

    De ce côté, de cette part. Je n'ai rien à craindre de ce côté.

    De côté et d'autre, des deux côtés. Les parents accoururent de côté et d'autre pour accommoder l'affaire, Montesquieu, Lett. pers. 70.

  • 9Direction. Je vais de votre côté. De quel côté vient le vent ? Après dîner, chacun s'en va de son côté, Sévigné, 82. Votre dessein était-il d'aller du côté de la ville ? Molière, Don Juan, III, 4.

    Fig. Ne savoir de quel côté tourner, ne savoir que faire, que devenir. De quel côté pencher ? à quel parti me rendre ? Corneille, Cinna, III, 3.

    De tous côtés, de partout. La foule accourait de tous côtés. De tous côtés on allait à son secours. Seigneur, de tous côtés le peuple vient en foule, Corneille, Nic. V, 5.

    Regarder de quel côté vient le vent, observer les conjonctures pour régler sa conduite, et, le plus souvent, en mauvaise part, n'avoir d'autres règles de conduite que les circonstances.

  • 10Parti. C'est le côté le plus juste. Caton fut du côté de Pompée.

    Avoir quelqu'un de son côté, l'avoir de son parti. Tant que vous n'auriez point les juges de votre côté, Pascal, Prov. 7. Il me dit qu'il y en avait de ceux de son côté qui tenaient…, Pascal, ib. 1. Quand la malignité a la raison de son côté, Pascal, P. div. 99. Ils ne font rien pour mettre le monde de leur côté, Massillon, Myst. Pent. Mettons Dieu de notre côté, et alors nous serons les plus forts, Massillon, Car. Motifs.

    Mettre les rieurs de son côté, faire, dans une discussion, que les assistants rient de la personne avec qui l'on discute.

  • 11Ligne de parenté. Ils sont parents du côté du père. Le côté paternel. Le côté maternel.

    Être du côté gauche, être d'une naissance illégitime ; locution tirée de ce que, dans les mariages inégaux, l'époux donnait à l'épouse non la main droite mais la main gauche.

    Se dit aussi d'une personne qui vit en concubinage. Elle l'a épousé ? oui, du côté gauche.

  • 12 Terme de typographie. Côté de première, la forme où se trouve la première page de la feuille.
  • 13Du côté de, loc. prép. Vers, en faveur de, quant à. Regardez du côté du couchant. Placez-vous du côté du président. C'est la seule chose qui m'oblige quelquefois de tourner la tête du côté du monde, Guez de Balzac, liv. I, lett. 3. On la décrie du côté de la tendresse, Voiture, Lett. 88. Tous mes vœux sont déjà du côté d'Aristie, Corneille, Sert. I, 2. Pour lui mettre l'esprit en repos du côté de Jouarre, Bossuet, Lett. Corn. 30. Pour moi, demeuré seul, une juste colère Tourna bientôt mes vœux du côté de son frère, Racine, Baj. I, 1. Je veux que vous n'ayez rien à vous reprocher du côté de la modération, Massillon, Car. Pardon. Du côté de la fortune, le revers que vous éprouvez est accablant, Marmontel, Contes mor. École des Pères.
  • 14De côté, loc. adv. En biais, obliquement. Il faut vous tourner un peu plus de côté.

    Regarder de côté, du coin de l'œil. Près du feu, deux amants, pleins d'un tendre délire, D'un regard de côté se parlent sans rien dire, Delille, Trois règnes, I.

    Fig. Regarder de côté, regarder avec dédain, ressentiment ou embarras.

    De côté, à droite ou à gauche, pour que l'espace reste libre. Ranger une chose de côté. Mettez ce fauteuil de côté, il gêne le passage. Se mettre, se ranger de côté, quitter le milieu du passage pour faire place à quelqu'un ou à quelque chose qui s'avance. Je me mis de côté pour éviter la voiture.

    De côté, en passant, négligemment. Vu que par l'homme en place un mot dit de côté D'un faux air de crédit flatte leur vanité, Delille, Homme des ch. I.

    À part, en réserve. J'ai prié ce marchand de me mettre plusieurs objets de côté. Il met tous les ans quelque chose de côté, il fait des économies.

    À l'écart. Je mets de côté toutes les raisons que vous aviez de lui pardonner.

    Mettre, laisser de côté, abandonner, ne pas se servir de. On laissa de côté plusieurs officiers de mérite.

  • 15À côté, loc. adv. Dans une direction latérale, oblique. [Le drôle] Prend à côté, pourvoit à ses affaires, Laisse son maître, à travers champs s'enfuit, La Fontaine, Orais. Tout père frappe à côté, La Fontaine, Fabl. VIII, 20.

    Fig. Le poëte d'abord parle de son héros ; Après en avoir dit ce qu'il pouvait en dire, Il se jette à côté, La Fontaine, ib. I, 14.

    Donner à côté, s'éloigner du but, et aussi se méprendre.

    À peu de distance. Serrez-vous, marchez à côté. Est-ce loin ? non, c'est tout à côté.

    À côté de, loc. prép. Tout auprès, à droite ou à gauche de. Sa maison est à côté de la mienne. Se mettre à côté de quelqu'un. Il marchait à côté du grand prêtre, Racine, Athal. II, 5.

    Fig. Peut-être Babylone, honorant ma mémoire, Mettra Sémiramis à côté des grands rois, Voltaire, Sémiram. II, 7.

    Passer à côté d'une difficulté, d'une question, ne pas l'aborder, éviter de la résoudre. Être à côté de la question, ne pas bien la saisir, s'en écarter.

SYNONYME

DE TOUS CÔTÉS, DE TOUTES PARTS. Il y a, entre ces deux locutions, la différence qu'il y a entre côté et part, c'est-à-dire que côté exprime plus spécialement une direction que ne fait part. La foule accourut de tous côtés est synonyme, sans nuance bien sensible, de : la foule accourut de toutes parts. Mais on dira : cette forteresse est commandée de tous côtés, mieux que de toutes parts ; car ici il importe de spécifier les côtés, les directions.

HISTORIQUE

XIe s. Gent [il] ot le cors et les costez ot larges, Ch. de Rol. X. Ma bonne espée que ai ceinte au costet, ib. LXXXII.

XIIe s. [à] Gautier [il] en bande les flans et les costez, Ronc. p. 94. Nu à nu du costé son roit espié [il] lui vire, Sax. X. Joab sacha l'espée e ferid Abner enz el costed, si l'ocist felonessement, Rois, 132.

XIIIe s. Et del costet de mi Robin, Raynouard, costat. Quant on me veut meurdrir delez vostre costé, Berte, X. Chi vous lairrons ester de Namur qui gist en mauvais costei, Chr. de Rains, 232. Un quadrangle du quel li uns des costés soit de trois piés, Comput, f° 17. Se [sa] tere esquiet de costé à celi qui est mariés, comme d'oncle ou d'antain, de frere ou de sereur, Beaumanoir, XIII, 13. Mout de diverses coustumes sont en parties d'eritages qui vienent en descendant ou par esqueance de costé, Beaumanoir, XIII, 1. Et avec ce il jureront que il ne prenront, ne ne recevront, par eulz ne par autres, ne or, ne argent, ne benefices par de costé [indirectement], ne autres choses, Joinville, 294. Tu feras cele chose [un dez] de six costez quarrée, Jeu de dez, Jubinal, t. II, 230.

XVe s. Et dit qu'il se trairoit avant du costé devers Boulogne, Froissart, I, I, 315. Si s'adressa sur Mgr Geffroy de Chargny, et là, en parlant à lui, il changea un peu de contenance, car il le regarda sur costé en disant…, Froissart, I, I, 329. Trop a souvent le corps las et travaillé, qui continuellement se gist sur ung costé, Perceforest, t. V, f° 44. Se sont si avant entremeslées icelles choses d'un costé et d'autre, que grieve chose m'est à porter, dont il me desplaist tant que plus ne peut, Monstrelet, liv. II, ch. 89. Ils virent bien que la force n'eust pas esté de leur costé, Bouciq. I, 32. Et se tenoit droit, la main au costé, qui moult luy avenoit, regardant jouer les autres enfans pour juger de leurs coups, ID. I, 3. Et combien que je n'aye demouré sur le lieu, si fus-je informé, comme les affaires passoient, et le povez bien aisement entendre pour la congnoissance et nourriture que j'avoye eu de l'ung costé et de l'autre, Commines, V, 13.

XVIe s. Ayant à ses costez ledit seigneur, Montaigne, I, 127. Du costé de l'occident, Montaigne, I, 238. Il n'auroit devant ny derriere luy, ny à costé, rien qui ne lui feist guerre, Montaigne, I, 356. Assis de costé [sur sa mule] comme les femmes, Montaigne, I, 354. Je ne vise pas de ce costé là, Montaigne, IV, 28. Les suyvants d'Alexandre portoient comme lui la teste à costé, Montaigne, IV, 32. Il invita à disner les principaux parens de sa femme, sans toutefois appeler ceux du costé de lui, Despériers, Contes, VI. Theseus du costé de sa mere estoit issu de Pelops, Amyot, Thésée, 3. Il se tenoit tousjours assis, ayant deux de ses serviteurs à ses costez, Amyot, Péric. 52. Ainsi l'assault estant donné de tous costez, et tout en un mesme temps, les gens d'Icetes furent incontinent rompus, Amyot, Timol. 31.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. coutai ; saintong. et Berry, coûté ; provenç. costat ; espagn. costado ; ital. costato ; du bas-latin costatum, de costa, côte. On a dit aussi costel qui vient de costalis, et qui a donné coteau (voy. ce mot).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CÔTÉ. Ajoutez :
16 Terme de fortification. Le côté extérieur d'un polygone fortifié, ligne droite qui réunit deux angles flanqués.