« canon », définition dans le dictionnaire Littré

canon

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

canon [1]

(ka-non) s. m.
  • 1Pièce d'artillerie pour lancer des boulets. Canon de fonte, de fer, de bronze. Canon de 8, de 12, etc. canon lançant un boulet de 8 livres, de 12 livres, etc. Canon rayé, canon creusé de rainures à l'intérieur et lançant un boulet conique garni de feuilles de plomb ou d'étain, ce qui empêche l'usure de la pièce. Vaisseau de 100 canons, vaisseau qui est armé de 100 pièces d'artillerie.

    Collectivement. Les canons d'une armée, d'une place. Le prince de Bade, après avoir perdu trois cents hommes, son canon, son champ de bataille…, Voltaire, Louis XIV, 18.

    Le gros canon, l'artillerie de siége.

    Absolument, ou dans un sens général, l'artillerie.

    Un coup, une volée de canon. Le bruit, le recul, la portée du canon. Le canon de campagne, de siége. On tire peut-être le canon, on est aise, on se réjouit pour votre accouchement, Sévigné, 99. Il a été reçu au bruit du canon comme ambassadeur, Sévigné, 590. On a entendu tirer plusieurs coups de canon, Sévigné, 477.

    La place n'attendit pas le canon, se rendit sans être battue en brèche.

    Chair à canon, troupes qu'on expose sans ménagement.

    Poudre à canon, poudre à tirer.

  • 2Le tube où se met la charge dans les autres armes à feu. Le canon d'un pistolet. Fusil à canon rayé.

    Fig. Il crèvera comme un vieux canon de mousquet, ou, simplement, comme un vieux mousquet, se dit d'un homme menacé de succomber à quelque maladie subite, ou de perdre sa position, sa fortune.

  • 3 Par analogie, le corps d'une seringue, et, dans les arts, nom de divers objets de forme tubulée.

    Pièce de la serrure qui reçoit la tige de la clef.

    Partie forée d'une clef.

    Bâton de soufre.

    Le canon d'une clef de montre, le petit tube dans lequel entre l'axe qu'on tourne quand on monte la montre.

    Tuyau de la plume d'oie, la partie qui sert à écrire.

    Nom des gros morceaux ou filets d'émail que les émailleurs tirent pour mettre l'émail en état d'être employé.

    Terme de plombier. Gouttière de plomb ronde avec des feuillages, et faite en forme de canon.

    Pot de faïence un peu long et rond où les pharmaciens mettent les électuaires et les confections.

    Canon à dévider, espèce de petit bâton tourné avec des rebords, qui, presque à son extrémité, a un trou pour mettre la broche du rochet.

    Petite bobine sans bord, qui se met dans la boîte de l'époullin, et sur laquelle se dévident l'or, l'argent et la soie.

    Tuyau qui entre dans le corps d'un arrosoir, et au bout duquel est la pomme percée de petits trous.

  • 4 Terme de vétérinaire. Région des membres tant antérieurs que postérieurs du cheval, ayant pour base les os métacarpiens ou métatarsiens.

    Os de la jambe du cheval, qui répond, dans les membres antérieurs, au métacarpe, et, dans les postérieurs, au métatarse du squelette humain. L'articulation qui joint le canon au tibia, Rousseau, Orig. notes.

    Terme d'équitation. Chacune des deux parties du mors qui appuient sur les barres.

  • 5Ornement de drap, de serge ou de soie qu'on attachait au bas de la culotte, froncé et embelli de rubans, faisant comme le haut d'un bas fort large. Sont-ce ses grands canons qui vous le font aimer ? L'amas de ses rubans a-t-il su vous charmer ? Molière, Mis. II, 1.

    Ornement de toile rond, fort large et souvent orné de dentelle qu'on attachait au-dessous du genou et qui pendait jusqu'à la moitié de la jambe pour la couvrir. De ces larges canons, où comme en des entraves On met tous les matins ses deux jambes esclaves, Molière, Éc. des maris, I, 6. Le courtisan portait de larges canons, La Bruyère, 13.

    Nom que les tailleurs donnaient aux deux tuyaux de chausses où l'on mettait les cuisses, et aussi au haut des bas de laine ou de soie (bas à canon) qui s'élargissaient en sorte qu'on y pût mettre les cuisses.

  • 6 Terme de pêche. Canon-harpon, sorte d'arme pour atteindre les baleines.

    Bâton pour tenir un filet tendu.

HISTORIQUE

XIVe s. Pour la ville assaillir [ils] ordenerent quanons, Pour les arbalestriers et pour les archiers bons, Guesclin, 8026. Et avoient en l'ost bien quatre cent canons [engins de toute sorte] mis et assis tout autour de la ville, Froissart, II, II, 29. Ces Flamands avoient apporté en leurs nefs canons et arbalestes, dont ils tiroient les carreaux si grans et si très forts que, quant aucun en estoit feru, il n'y avoit point de remede qu'il ne fust mort, Froissart, liv. II, p. 71, dans LACURNE. Ceux de Bruges commencerent à tirer et à getter canons ; adont ceux de Gand se mirent en un mont et firent tout à une fois decliquer trois cens canons, Froissart, ib. p. 180.

XVIe s. Marquetz [les Vénitiens, ainsi nommés de St-Marc] tirent canons, arbalestes desbandent…, Marot, J. V, 154. [On entend] canons bruyre et tonner, Marot, J. V, 156. Doubles canons et longues serpentines, Marot, J. V, 212. Pistoles sont petites arcbuzes qui n'ont qu'environ un pied de canon, Du Bellay, M. 588. Une furieuse batterie de soixante canons ou doubles canons, D'Aubigné, Hist. I, 243. Ce fut lors que le canon joua, D'Aubigné, Hist. I, 274. Peu d'arquebusades prirent… la pluspart tirerent le canon appuié [à bout portant], D'Aubigné, Hist. I, 288. Estropié d'un esclat de canon, D'Aubigné, Hist. I, 290. Ils avoient six pieces de campagne et quatre canons, D'Aubigné, Hist. I, 338. Place incapable d'attendre un canon r'acourci, D'Aubigné, Hist. II, 276. Là le peuple se pourroit maintenir, aiant du canon, contre une armée Turquesque, D'Aubigné, Hist. II, 438. Trois gros canons, un demi canon et trois bastardes, D'Aubigné, Hist. III, 158. Dix canons, sans les pieces de fer, D'Aubigné, ib. III, 445. Il faut avoir un canon [canule], Paré, VII, 5. … Et lorsqu'on le voudra donner au patient, estant en la chausse ou canon à clystere, on y adjoustera une dragme d'huile de genevre, Paré, XV, 39. Canons, doubles canons pour donner clysteres avec chausses et seringues, Paré, III, 639. Le remede est d'enter en canon ou escusson les arbres aians besoin de tel affranchissement, De Serres, 464. Aussi sont très proprement entés plusieurs arbres en canon, cornuchet, tuiau, flusteau ; ainsi ditte telle sorte d'enter des instrumens de ces noms… Vous tiendrés le canon d'une main, et le reste du jetton de l'autre, en tordant avec un peu de violence pour separer le canon du bois avec les germes attenans aux œillets, De Serres, 670.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. canon, tuyau ; catal. canó ; ital. cannone, augmentatif de canne, par assimilation de forme. Le canon, mot qui paraît s'être introduit au moment où l'on commença d'employer les armes à feu, se confondit d'abord avec les anciens engins, et signifia concurremment un engin, sans doute de forme tubulaire, qui lançait des carreaux et du feu grégeois ; il signifia aussi le carreau, le trait lancé par le canon.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. CANON.
1Ajoutez :

Canon lisse, celui dont la surface intérieure de l'âme est unie ; il lance des boulets sphériques et des boîtes à mitraille ; il se désigne par le poids de son boulet exprimé en livres, canon de 24, de 12, de 8… dont le boulet pèse 24 livres, 12, 8…

Canon rayé, celui dont l'âme porte des rayures inclinées qui donnent au projectile un mouvement de rotation autour de son axe, de manière à régulariser l'action de la résistance de l'air ; pour engager le boulet dans les rayures il y a différentes dispositions : enveloppe d'un métal mou qui pénètre dans les rayures par compression ; boulet, entièrement en fonte, coulé avec des surfaces gauches qui s'appliquent directement sur l'âme, laquelle présente la forme d'un prisme qui aurait été tordu ; double rang d'ailettes en zinc qui garnissent le projectile et qui s'introduisent dans les rayures, etc. Le canon rayé est rarement employé à lancer des boulets ; il lance le plus souvent des obus oblongs cylindro-ogivaux ; il lance aussi des obus oblongs à balles et des boîtes à mitraille. Les canons rayés se désignent par le poids de leur obus oblong exprimé en nombre rond de kilogrammes : canons de 24, de 12, de 7, de 4, rayés, dont l'obus pèse environ : 24 k. 12 k. 7 k. 4 k. Ils se désignent aussi par le calibre de l'âme mesuré en millimètres : canons de 95, de 90, ceux dont l'âme a 95, 90 millimètres de diamètre.

Canon-obusier, bouche à feu pouvant tirer des boulets et des obus ; elle se désigne par le poids de son boulet en livres.

Canon de France, canon supprimé en 1732 ; le projectile en pesait 33 livres ; demi-canon de France, boulet de 16 livres ; quart de canon de France, boulet de 8 livres ; demi-canon d'Espagne, boulet de 24 livres.

Double canon, nom donné anciennement à de gros canons.

En termes de marine, vaisseau de cent canons, vaisseau qui est armé de cent pièces d'artillerie.

Pendule à canon, canon-pendule (voy. PENDULE 1, n° 2).

7Nom du brassard de l'avant-bras (le brassard était une pièce cylindrique des armures à plate).