« carquois », définition dans le dictionnaire Littré

carquois

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

carquois

(kar-koî ; l's se lie : le kar-koî-z et les flèches) s. m.
  • Étui à flèches. Le carquois se portait sur le dos. Mes chars et mes coursiers, mes flèches, mon carquois, Voltaire, Orphel. III, 4. Les flèches dont le Scythe a rempli son carquois, Chénier, Élég. 33. Désorgues, qui prend sa rosse Pour le coursier d'Hélicon, Prendrait-il aussi sa bosse Pour le carquois d'Apollon ? Lebrun, Épigr. contre Désorgues.

    Fig. Vider son carquois, lancer beaucoup d'épigrammes. Mourir sans vider mon carquois ! Sans percer, sans fouler, sans pétrir dans leur fange Ces bourreaux barbouilleurs de lois, Chénier, Iambe 3.

HISTORIQUE

XIIe s. [Ils] Ont chaint [ceint] carquais, Rou, dans DU CANGE, gambiso.

XIIIe s. Car li pecheor tendus ont Lor arc et aparilliet l'ont, Lor sajetes et lor tarquais, Por saïter les homes vrais, Psaumes en vers, dans Liber psalmorum, p. 268.

XIVe s. Prenez escrevices cuites, et en ostez la char des queues ; et le surplus, c'est assavoir coquilles et charquois, Ménagier, t. II, p. 170. Pour faire perdriaulx de poucins, il convient avoir petites poulettes, copper les jambes et les cols, oster les charcois, ib. p. 212. Puis ostez la gorge et les boyaulx du poucin et l'en pourrez paistre à l'une fois des eles, l'autre fois des cuisses, puis au derrenier du charquois, ib. p. 306.

XVe s. Quant amours ot oÿ mon cas, Et vi qu'à bonne fin tendi, Il remit sa flesche au carcas, Chartier, Excusation. Plusieurs sagettes, toutes en son turquois, Perceforest, t. VI, ch. 59.

XVIe s. J'ai sous l'aisselle un carquois Gros de fleches non pareilles, Qui ne font bruire leurs voix Que pour les doctes oreilles, Ronsard, livre 1er, Ode 4.

XVIIe s. Carquois est le haut bout du mast où il y a certains polions propres pour tirer la corde attachée à la verge [vergue], Le P. René François, Essay des merveilles de nature, 1629, p. 106, dans JAL.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. carcais ; espagn. carcax ; portug. carcas ; ital. carcasso, turcasso ; bas-lat. turcasia. L'historique prouve que carquois, charquois signifie aussi carcasse, coquille, corps indépendamment des membres ; il se pourrait qu'il y eût là un de ces cas si fréquents d'une confusion par assimilation, et que, malgré cela, carquois ou charcois et carcasse ne fussent pas le même mot. Ils le sont cependant ; et dans le fait, rien n'empêche de voir dans carquois, étui de flèches, carquois, hune, et carquois, carcasse, un même mot où les passages de sens sont liés les uns aux autres. Mais la difficulté, en prenant, comme Diez, que le mot chair soit dans carcasse, est très grande d'y reconnaître un composé régulier. Or, l'origine de carquois est éclairée par le texte qui nous apprend que carquois a aussi signifié hune. En ce sens, carquois est le latin carchesium, qui, outre l'acception de hune, a aussi celle d'une sorte de vase ; d'une sorte de vase, par extension, on a pu passer à récipient à flèches et de là à carcasse, récipient, si l'on peut dire ainsi, à chair. Pourtant la question est compliquée par la présence des formes en t : tarquais, et même avec un u, turcasso, turcasia ; ces formes dérivent évidemment du turc turkasch, terkech, étui à flèches ; de sorte que, pour désigner cet ustensile, il faut admettre deux radicaux très dissemblables, l'un latin, l'autre turc, et ne différant que par une lettre.