« cheminer », définition dans le dictionnaire Littré

cheminer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cheminer

(che-mi-né) v. n.
  • 1Faire du chemin, surtout en ce sens que le chemin est long, pénible, ou qu'on le parcourt lentement. Ils cheminèrent longtemps ensemble. Voit-on que j'aie besoin de carrosse ou de chaise pour cheminer ? Molière, Mar. for. 2. Deux mulets cheminaient, l'un d'avoine chargé, L'autre portant l'argent de la gabelle, La Fontaine, Fabl. I, 4.
  • 2 Par extension. Voyez-vous cette main qui par les airs chemine [la main du semeur qui lance le grain] ? La Fontaine, Fabl. I, 8. Au détour d'une eau qui chemine à flots purs, sous de frais lilas, Vous avez vu notre chaumine, Béranger, Hirond. Toute nuit enfin se termine ; La mienne seule a ce destin Que d'autant plus qu'elle chemine, Moins elle approche du matin, Malherbe, V, 5. Je vis les montagnes abaissées au-dessous de moi ; je vis les vents et les nuées cheminer dessous mes pieds, Voiture, Lett. 9.
  • 3 Fig. Voyez dans quel sentier la vertu chemine, doublement à l'étroit et par elle-même et par l'effort de ceux qui la persécutent, Bossuet, Reine d'Anglet. Celui qui le saurait, l'empêcherait de cheminer [faire sa fortune], La Bruyère, VIII. Médina Sidonia était de ces hommes à qui il ne manque rien pour cheminer et arriver dans les cours, Saint-Simon, 81, 49.

    Cheminer droit, ne point tomber en faute.

    L'affaire chemine, va son train. Cela chemine bien.

    En parlant d'un ouvrage d'esprit. Ce poëme chemine bien, les diverses parties sont bien disposées, liées habilement. C'est un style juste et court, qui chemine et qui plaît au souverain degré, Sévigné, 125.

  • 4 Terme de guerre. S'avancer vers une place assiégée, en parlant des mineurs qui travaillent sous terre, ou de l'artillerie et du génie qui poussent en avant leurs travaux.

HISTORIQUE

XIIe s. Cheminanz i passerent e virent le cors jesir à terre, Rois, 289.

XIIIe s. [Ils] Tant vont et tant cheminent sans longue demoree… , Berte, CIV. Renart prent congié, si s'en part, Si chemine tot un essart, Ren. 24608. Proié li a qu'ele li die De lui et de sa compaignie, Quel part il voudront cheminer, Rutebeuf, II, 109.

XIVe s. J'aime une fleur qui s'euvre et qui s'encline Vers le soleil, de jour quant il chemine, Machaut, p. 123.

XVe s. Et tant chemina par ses journées que elle s'en vint à Paris, Froissart, I, I, 6.

XVIe s. Ainsi comme ilz cheminoient à grands pas, à travers la plaine, vers…, Amyot, Arist. 43. L'homme ne sçait ny cheminer, ny parler, ny manger, ny rien que pleurer, sans apprentissage, Montaigne, II, 161.

ÉTYMOLOGIE

Chemin ; bourguign. chemené ; provenç. et espagn. caminar ; portug. caminhar ; ital. camminare.