« cité », définition dans le dictionnaire Littré

cité

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cité [1]

(si-té) s. f.
  • 1Autrefois territoire dont les habitants se gouvernaient par leurs propres lois. Les cités de l'ancienne Grèce. Les membres d'une cité libre. En ce sens, une cité pouvait ne renfermer que des bourgades ou des lieux fortifiés.

    Le droit de cité, la jouissance de tous les droits politiques communs aux citoyens.

    Corps des citoyens. En ce sens on oppose la cité à la famille.

  • 2Ville. Les grandes cités d'un pays. Les florissantes cités de l'Italie durant le moyen âge. Lyon est une cité industrielle. Ô palais de David et sa chère cité, Racine, Athal. II, 9. Le seigneur a détruit la reine des cités, Racine, ib. III, 7. Rebâtissez son temple et peuplez vos cités, Racine, Esth. II, 9. Nous avons vu à ses pieds la pécheresse de la cité, Massillon, Temples. Deçà, delà luttait mainte troupe rangée ; Mainte grande cité gémissait affligée, Régnier, Ép. I. Il vit son éléphant couché sur l'autre rive ; Il le prend, il l'emporte, au haut du mont arrive, Rencontre une esplanade, et puis une cité ; Un cri par l'éléphant est aussitôt jeté ; Le peuple aussitôt sort en armes, La Fontaine, Fabl. X, 14. Mais du discours enfin l'harmonieuse adresse Rassembla les humains dans les forêts épars, Enferma les cités de murs et de remparts, Boileau, Art p. IV. Persécuteur nouveau de cette cité sainte [la Mecque], D'où vient que ton audace en profane l'enceinte ? Voltaire, Mahomet, I, 4. Il fonde les cités, familles immortelles, Et pour les soutenir il élève les lois, Qui, de ces monuments colonnes éternelles, Du temple social se divisent le poids, Lamartine, Harm. II, 10.

    Fig. L'Église catholique, cité sainte, dont toutes les pierres sont vivantes, Bossuet, Marie-Thér.

    La cité sainte ou céleste, le séjour de Dieu et des bienheureux. Qu'ils pleurent, ô mon Dieu, qu'ils frémissent de crainte, Ces malheureux qui de ta cité sainte Ne verront point l'éternelle splendeur. Racine, Athalie, II, 9.

    La sainte cité, Jérusalem. Pauvres chevaliers de la sainte cité, les templiers.

    La cité future, le paradis.

    Cité de Dieu, titre d'un ouvrage de saint Augustin.

  • 3La partie la plus ancienne d'une ville ; celle où se trouve la cathédrale. On divisait autrefois Paris en ville, cité et université.
  • 4Ensemble de maisons qui, dans une grande ville, se tiennent et ont quelques règles spéciales et une sorte d'association.

    Cités ouvrières, nom qu'on a donné à de grands bâtiments conçus récemment et destinés à loger les ouvriers, qui y seraient soumis à quelques arrangements économiques communs.

SYNONYME

CITÉ, VILLE. Ville, plus général que cité, exprime seulement une agglomération considérable de maisons et d'habitants. Cité, même en éliminant le sens antique, ajoute à cette idée et représente la ville comme une personne politique qui a des droits, des devoirs, des fonctions.

HISTORIQUE

XIe s. Mur ne citet n'i est remès [resté] à fraindre, Ch. de Rol. I.

XIIe s. Au temps cestui fit Romulus La cité de Rome et Remus ; Frere furent…, Roman du Brut, f° 16, dans LACURNE. Cité n'i a qui contre lui se taigne [tienne], Ronc. p. 1. Clair luit la lune par la cité antie, ib. p. 147. Il fut normant, de la cit de Costance, ib. p. 165. La sainte cité, quant ele fu donée es mains des enemis, Machab. I, 2. Vous irez à Cologne la fort cité garnie, Sax. VII. Ne volt rien pur els faire : dunc s'en sunt returné, E li sainz arcevesque ala à sa cité, Th. le mart. 126.

XIIIe s. Et pour noient demandissiés plus bele cité ne plus fort, Villehardouin, XLIV. À Paris la cité [j'] estoie un venredi, Berte, I. Et je fui amenée en la cit de Paris, ib. XX. Droit vers Paris s'en vont, la cité noble et gent, ib. CXXXIV. Il n'i a mais nul franc, ne prelas, ne baron, N'en chité, ne à ville, ne en religion, Rutebeuf, 234.

XVe s. Donné le jour Saint Valentin martir, En la cité de gracieux desir, Où avons fait nostre conseil tenir Par Cupido et Venus souverains, Orléans, La lectre de retenue. Elles desirent les citez, Les doulz mos à eulx [elles] recitez, Festes, marchiez et le theatre, Deschamps, Poésies mss. f° 528, dans LACURNE. En pluseurs villes et citez des païs et royaumes du monde, Deschamps, ib. f° 395. Requit au dit ambassadeur qu'ilz lui fissent faire ouverture par le dit des Cordes de la cité d'Arras ; car lors il y avoit murailles entre la ville et la cité, et portes fermans contre la dite cité ; et maintenant on a l'opposite, car la cité ferme contre la ville, Commines, Mém. p. 394, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ciu, civitat, ciutat, ciptat ; catal. ciutat ; espagn. ciudad ; portug. cidade ; ital. città ; du latin civitatem, cité. On remarquera l'ancien français cit, et le provençal ciu, qui viennent non de civitátem où l'accent est sur ta, mais de cívitas où l'accent est sur ci ; de sorte que cit et ciu est le nominatif, et cité, ciutat, le régime ; c'est un des très rares exemples où, dans le français et le provençal, les noms en as ont conservé le nominatif et le régime latins.