« cocu », définition dans le dictionnaire Littré

cocu

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cocu

(ko-ku) s. m.
  • Terme de mépris et trop libre. Celui dont la femme est infidèle. Le maudit vieillard ne voulut être cocu, Hamilton, Gramm. 8. Si n'être pas cocu vous semble un si grand bien, Ne vous marier point en est le vrai moyen, Molière, Éc. des f. V, 6. Quiconque a soixante ans vécu Et jeune fille épousera, S'il est galeux, se grattera Avec les ongles d'un cocu, Épigr. dans RICHELET. On croit, j'en suis convaincu, Que vous me faites cocu, Béranger, Sénat.

    Cocu en herbe, celui qui est menacé de l'être avant son mariage. Au sort d'être cocu son ascendant l'expose, Et ne l'être qu'en herbe est pour lui douce chose, Béranger, Éc. des maris, III, 10.

    Cocu en gerbe, celui qui l'est après son mariage.

HISTORIQUE

XIIIe s. Par vous… Sui-je mis en la confrerie Saint-Ernol, le seignor des cous Dont nus ne puest estre rescous, Qui fame ait…, la Rose, 9167. Uns dist à un autre par grand maltalent : voz estes coz, et de moi meïsme, Beaumanoir, XXX, 101.

XVe s. Et vous pourrez ouir comment ung grant tas de vieilles commeres sçavent bien trouver les manieres de faire leurs maris coqus, Villon, Repues franches. Sans que le pauvre coux de la ruelle s'osast onques montrer, Louis XI, Nouv. IV. Le quel vous aimeriez mieux estre cous en herbe ou en gerbe [avant ou après mariage] ? Despériers, Contes, v. Et tout ainsi comme Aesopus dit que les petits oyseaux respondirent au cocu [coucou], qui leur demandoit pour quelle raison ilz le fuyoient, Amyot, Aratus, 38. Qui disoient que tels et tels s'estoyent faicts declarer coquus par arrest de la cour de parlement, H. Estienne, Apol. pour Hérod. ch. XI. Encore faut-il estimer ces dames qui elevent ainsy leurs maris en biens, et ne les rendent coquins [gueux, pauvres] et cocus tout ensemble, Brantôme, Dames gal. t. I, p. 135, dans LACURNE. Il fut dit qu'on appelloit un homme marié cocu, qui avoit une femme impudique, d'un bel oiseau qu'on appelle le cocu, les autres l'appellent couquon, ainsi nommé de son chant ; et pour ce que ce bel oiseau va pondre au nid des autres oiseaux, estant si sot qu'il n'en sauroit faire un pour luy, par antithese et contrarieté on appelle celui-là cocu, au nid duquel on vient pondre, c'est à dire faire des petits, Bouchet, Serées, liv. I, p. 275, dans LACURNE. Non seulement ceux qui abusent des femmes d'autruy, mais aussi les maris abusez sont appelez cocus ; de sorte que, ce nom estant actif et passif et commun à tous les deux, nous pouvons dire cocu cocuant et cocu cocué, Du Verdier, Div. leçons, p. 500, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. cogot, coguos, coutz ; anc. catal. cugus. Le coucou est l'origine de ce mot, cocu dans l'ancien français signifiant le coucou. Cogul en provençal signifie également coucou et cocu, venant de cucūlus, coucou, qui s'est dit à côté de cucŭlus, comme qui dirait traité en coucou.