« conducteur », définition dans le dictionnaire Littré

conducteur

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

conducteur, trice

(kon-du-kteur, ktri-s') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui conduit. Le conducteur d'une barque. Moïse était le conducteur du peuple de Dieu. Ceux-ci allaient toujours, sans regarder qu'ils allaient à la servitude ; et leur subtil conducteur qui, en combattant, en dogmatisant, en faisant le docteur et le prophète, aussi bien que le soldat et le capitaine…, Bossuet, Reine d'Anglet. Pour mieux entendre ce que feraient par eux-mêmes des chevaux fougueux, il faut les considérer sans bride et sans conducteur qui les pousse ou qui les retienne, Bossuet, Connaiss. III, 9. Tu verras de chameaux un grossier conducteur…, Voltaire, Fanat. I, 4.

    Conducteur du requin, nom d'un poisson (centronote conducteur de Cuvier ; gastérostée conducteur de Linné).

  • 2Celui, celle qui dirige. Ces négociations avantageuses dont il fut le conducteur, Fléchier, le Tel. Veuillent les immortels, conducteurs de ma langue. Que je ne dise rien qui doive être repris, La Fontaine, Fabl. XI, 7. Une musique de luths et de voix se fit entendre à l'un des coins du plafond, sans qu'on vît ni chantres ni instruments, musique aussi douce et aussi charmante que si Orphée et Amphion en eussent été les conducteurs, La Fontaine, Psyché, I, p. 37. Pourvu que l'honnêteté, la discrétion, la prudence soient conductrices de cette affaire, La Fontaine, ib. II, p. 138. Le bon sens et l'esprit, conducteurs du courage, Sont des Condés enfin l'ordinaire apanage, La Fontaine, Lett. XX.

    Terme de ponts et chaussées. Conducteur, agent qui est sous les ordres directs de l'ingénieur et au-dessus des piqueurs, ainsi dit parce qu'il est chargé de la conduite ou direction des travaux. Conducteur embrigadé, celui qui fait partie du corps des ponts et chaussées à titre permanent.

    On dit aussi d'une manière générale conducteur des travaux pour désigner une sorte de contre-maître qui dirige les travaux de bâtisse sous un entrepreneur ou un architecte. Conducteur des travaux du Louvre.

    Homme de confiance qui, sans être nécessairement le cocher d'une voiture, la dirige et fait payer les voyageurs, etc. Conducteur de diligence, d'omnibus.

  • 3Livre qui sert de guide. Conducteur de l'étranger dans Paris.
  • 4 Terme de chirurgie. Instrument employé autrefois dans l'opération de la taille par le grand appareil.
  • 5 Terme de physique. Corps qui transmet le fluide électrique ou le calorique. Les métaux sont bons conducteurs de la chaleur. J'ai un antitonnerre à Ferney dans mon jardin ; vous savez que cela s'appelle un conducteur, Voltaire, Lett. d'Argental, 8 mars 1775.

    Cylindre métallique, soutenu par des colonnes de verre, qui se trouve au devant de la machine électrique, et à la surface duquel l'électricité se rassemble.

  • 6 Adj. Thésée reçut d'Ariane un fil conducteur dans le labyrinthe. Acceptez le secours de ma main conductrice, Lemercier, Charles VI, III, 6.

    Corps conducteur du calorique ou de l'électricité, corps qui se laisse facilement traverser par l'un ou l'autre de ces agents.

    Terme de botanique. Tissu conducteur, portion du tissu du style et du placenta, à travers lequel pénètrent les boyaux polliniques pour arriver dans la cavité de l'ovaire et aux ovules.

    Terme d'imprimerie. Points conducteurs, voy. POINT.

HISTORIQUE

XIVe s. [Il] Retint et soudoia et paia sans errour Trois mille combattans dont il fu couductour, Guesclin. 18045.

XVe s. Et nonobstant qu'à ces trois assauts, la dessus dite pucelle, la commune renommée dit en avoir esté la conducteresse, Monstrelet, liv. II, ch. 59. Ainsi faut conclure que ce voyage fut conduit de Dieu ; car le sens des conducteurs [des chefs], que j'ay dit, n'y servit de gueres, Commines, VII, Prol. Le conte de sainct Pol principal conducteur de ses affaires, Commines, I, 2.

XVIe s. De gens de pied, sans leurs bons conducteurs, Ving et sept mil misrent dessus les champs, Marot, J. V, 107. Tu mettras dans la playe l'une de ces verges d'argent, appelées conducteurs (pource qu'ils servent de guide aux autres instrumens que l'on veut introduire dans la vessie), Paré, XV, 45. Quand il fut question d'envoyer gens pour repeupler ces villes, il en fut deputé conducteur et commissaire, Amyot, Flamin. 3. Les conducteurs des elephans se trouverent enveloppez, Amyot, Pyrrh. 57.

ÉTYMOLOGIE

Voy. CONDUIRE ; provenç et espagn. conductor ; ital. conduttore.