« conférer », définition dans le dictionnaire Littré

conférer

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

conférer

(kon-fé-ré ; l'é de la syllabe fé se change en è avec accent grave devant une syllabe muette : je confère, excepté au futur et au conditionnel : je conférerai ; ce qui est une anomalie regrettable) v. a.
  • 1Donner, accorder. Conférer une charge, des priviléges, un bénéfice. Dans l'Église naissante, on enseignait les catéchumènes, c'est-à-dire ceux qui prétendaient au baptême, avant que de le leur conférer, Pascal, Comparais. des chrét. Ces choses étant connues de toute l'Église, on leur conférait le sacrement d'incorporation par lequel ils devenaient membres de l'Église, Pascal, ib. Ils peuvent répéter le son de tes paroles ; Mais il n'est pas en eux d'en conférer l'esprit, Corneille, Imit. III, 2.

    Par extension. Les sacrements confèrent la grâce.

  • 2Comparer, faire collation, en parlant de textes. Il n'y a plus qu'à conférer ses objections avec mes réponses. Conférons un autre passage avec celui-ci, Bossuet, Serm. Quinq. 1. Je n'ai pas eu le loisir de conférer votre version avec l'original, Bossuet, Lett. abb. 28. En conférant ces passages il est aisé de…, Bossuet, Hist. II, 9. C'était un livre écrit à la main d'un des grands hommes du dernier siècle et peut-être son propre original qu'on avait apporté sur la table du cabinet, pour le conférer avec les éditions imprimées, Guez de Balzac, Socr. chrét. disc. 7.

    Par analogie. Si nous conférons ève avec Marie, Bossuet, III, Annonc. 2. Je recueillais tout avec soin ; je le conférais en moi-même avec d'autres connaissances, Saint-Simon, 56, 181.

    Terme de typographie. Vérifier si une correction a été faite.

  • 3 V. n. Contribuer. Qu'il donne ordre au dedans, qu'il donne ordre au dehors ; à cet heureux progrès l'un et l'autre confère, Et l'âme a plus de force ayant l'aide du corps, Corneille, Imit. I, 19.
  • 4Raisonner avec quelqu'un de quelque chose. Il veut de ces débats conférer avec moi, Corneille, Sertor. I, 2. Après en avoir conféré avec plusieurs docteurs en théologie, Bossuet, Oraison. Dedans l'oisiveté jamais enseveli, Toujours confère, prie, écris, médite, li, Corneille, Imit. I, 19.

SYNONYME

CONFÉRER, DÉFÉRER. Conférer exprime un acte de l'autorité ; déférer exprime un acte de courtoisie. Le ministre conféra à cet officier un commandement que ses camarades lui avaient déféré.

HISTORIQUE

XIVe s. Et s'il est verité que les bonnes operacions de lours amis vivans conferent aucune chose as trespassés, Oresme, Eth. 27. Chose violente est de laquelle le principe motif est dehors elle, et en laquelle celi qui la fait ou seuffre ne y confere ne consent ou aide en rien, Oresme, ib. 47. Les bonnes fortunes conferent, aident et font aucune chose à magnanimité, Oresme, ib. 121.

XVIe s. Ce faict, issoyent hors, tousjours conferens des propous de la lecture… visitoient les arbres et plantes, les conferens avecques les livres des anciens qui en ont escript, Rabelais, Gar. I, 23. Et tant mourra de gens d'ecclise, que on ne pourra treuver à conferer les benefices, en sorte que plusieurs en tiendront deuz, troys, quatre, et d'advantaige, Rabelais, Prognost. Pant. V. Je ramene tousjours ceulx avecques qui je confere, aux propos des choses que…, Montaigne, I, 56. Ton dernier jour ne confere pas plus à ta mort que chascun des aultres, Montaigne, I, 89. Il voudroit avoir plusieurs ames et plusieurs volontez, pour les conferer toutes à son ami, Montaigne, I, 216. Si je confere [discute] avecques un roide jousteur…, Montaigne, IV, 35. Nostre corruption se faict par la contribution de touts ; les uns y conferent la trahison…, Montaigne, IV, 66. Comme ainsi soit qu'ilz ayent laissé l'un et l'autre plusieurs beaux exemples de vertu, commençons à les conferer ensemble, Amyot, Péric. et Fab. comp. 1. Sicinius, après avoir un peu conferé tout bas avec ses autres compagnons, prononcea…, Amyot, Cor. 26. Les honneurs et offices que le peuple luy confera, Amyot, P. Aem. 61. Les desputez passerent jusques au vingtiesme du mois à conferer leurs cayers, D'Aubigné, Hist. I, 106. J'ay desparti liberalement à toutes personnes les biens que Dieu m'a conferés, Paré, Au lecteur.

ÉTYMOLOGIE

Espagn. conferir ; ital. conferire ; du latin conferre, par un changement de conjugaison ; de cum, et ferre, porter. La série des sens est porter avec, qui se dédouble en accorder et comparer, puis, neutralement, contribuer, qui se rapporte, à accorder, et raisonner ensemble, qui se rapporte à comparer.