« confus », définition dans le dictionnaire Littré

confus

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

confus, use

(kon-fu, fu-z') adj.
  • 1 Terme de droit. Confondu, réuni. Tels et tels droits sont confus et réunis en sa personne.
  • 2Où l'on ne peut faire de distinction, confondu, indistinct. Un assemblage confus. Un bruit confus s'élève, et du peuple surpris Détourne tout à coup les yeux et les esprits, Racine, Athal. II, 2. D'ailleurs un bruit confus par mes soins confirmé, Racine, Baj. I, 2. Toute la Grèce éclate en murmures confus, Racine, Andr. I, 1. Quelle Babylone est plus confuse que cette église qui se vantait d'être sortie de l'église romaine comme d'une Babylone ? Bossuet, Variat. IV, § 7.
  • 3Obscur, embrouillé. Des notions vagues et confuses. Discours, style confus. Que de soucis flottants, que de confus nuages ! Corneille, Poly. III, 1. La nature tremblante, incertaine, étonnée, D'un nuage confus trouble sa destinée, Corneille, Héracl. IV, 4. Soit qu'il n'en ait conservé qu'une idée confuse, Hamilton, Gramm. 5. Comme si Dieu avait à notre manière des vues générales et confuses, et comme si la souveraine intelligence ne savait pas comprendre dans ses desseins les choses particulières qui seules subsistent véritablement, Bossuet, Marie-Thér. Les livres que les Égyptiens et les autres peuples appelaient divins, sont perdus il y a longtemps, et à peine nous en reste-t-il quelque mémoire confuse dans les histoires anciennes, Bossuet, Hist. II, 13. Je crois connaître cet homme-là ; j'ai une idée confuse de l'avoir vu quelque part, Lesage, Gil Blas, IV, 8. Ceux qui habitent cette contrée [la cour] ont une physionomie qui n'est pas nette, mais confuse, embarrassée dans une épaisseur de cheveux étrangers qu'ils préfèrent aux naturels et dont ils font un long tissu pour couvrir leur tête, La Bruyère, VIII. Pressentiments confus, faut-il que je vous croie ? Voltaire, Fanat. III, 3. Un confus souvenir vient encor m'affliger, Voltaire, Œdipe, IV, 4.
  • 4Embarrassé, en raison du sentiment d'une faute, ou par la modestie, la pudeur. Il a été tout confus d'être pris sur le fait. Et je suis plus confus, seigneur, de vos bontés, Corneille, Cinna, V, 3. Ils ne veulent pas voir leurs ennemis confus, Corneille, Nicom. V, 7. À mes confus regrets soyez donc moins sévère, Corneille, Héracl. III, 1. Et qui, sans se flatter, en secret s'examine, Est de son ignorance heureusement confus, Corneille, Imit. I, 2. Et présentant la foudre à mon esprit confus, Le bras déjà levé, [ils] menaçaient mes refus, Racine, Iph. I, 1. Le corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus, La Fontaine, Fabl. I, 2. Et saintement confus de nos égarements…, Racine, Athal. V, 7. De tout ce que j'entends étonnée et confuse, Je crains presque, je crains qu'un songe ne m'abuse, Racine, Phèd. II, 2. De mes lâches bontés mon courage est confus, Racine, Andr. IV, 3. Son cœur entre l'amour et le dépit confus, Racine, ib. III, 1.

    Se dit aussi par une exagération de politesse. Je suis confus de vos prévenances. Vous me rendez confus.

SYNONYME

CONFUS, DÉCONCERTÉ, INTERDIT. L'homme confus est en proie à la confusion, c'est-à-dire à un trouble intérieur qui confond son esprit. L'homme déconcerté a perdu le concert de sa manière d'être, l'arrangement de sa tenue, l'équilibre de son attitude. L'homme interdit a perdu la parole. C'est ainsi que ces trois mots, répondant à l'idée commune de la situation d'un homme embarrassé, la représentent par des traits distincts.

HISTORIQUE

XIIe s. À tei crierent li nostre pere, e salf sunt fait ; en tei espererent, e ne sunt confus, Liber psalm. p. 25. Ke li conselz ne soit confus, cant il soit multepliet, Job, 443.

XIIIe s. Adonques fu Lietart confus ; Que bien set qu'il en a mené Sa charue et aussi ses bues [bœufs], Ren. 17432.

XIVe s. Et qui de venerie ne sçauroit respondre, seroit confus, Modus, f° XIV, verso.

XVe s. Le roi Anglois fut tout confus, quand il ouit ce rapport, Froissart, I, I, 73.

XVIe s. Ce ne sera que une dyablerie plus confuse que celle des jeux de Doué, Rabelais, Pant. III, 3. Les songes confuz, fallaces et incertains, Rabelais, ib. III, 13. Il est Dieu et homme, composé de deux natures unies et non point confuses, Calvin, Instit. 371. Les reprouvez ne conçoivent jamais sentiment de la grace de Dieu qu'en confus, Calvin, ib. 427. Ils sont poussez à prier par un sentiment general et confus de leur necessité, Calvin, ib. 677. Il ne faut pas craindre qu'il nous veuille frustrer, ou que nostre attente soit confuse [confondue] quand nous viendrons à lui, Calvin, ib. 704. Nostre beauté n'est en son poinct, que confuse avec celle des femmes, puerile et imberbe, Montaigne, III, 286. Les estrangers estans venus d'ailleurs habiter Rome, n'estoient point encore bien meslez, ny entierement incorporez et confus avec les naturels Romains, Amyot, Numa, 4. Les rues furent toutes confuses et les maisons rebasties sans ordre quelconque, Amyot, Cam. 55. Nicias se trouva si honteux et si confus, qu'il ne sceut que dire, Amyot, Alc. 23. Un grand bruit de voix confuses, Amyot, Timol. 36. Si vous voulez disputer avec eux, et par bons et valables argumens de theologie les rendre confus [les confondre], Lanoue, 63. Quelques rechappez d'Orange les meslent, et, confus avec eux, emportent le chasteau, D'Aubigné, Hist. I, 147.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. confus ; espagn. et ital. confuso ; du latin confusus, participe passé de confundere (voy. CONFONDRE).