« consoler », définition dans le dictionnaire Littré

consoler

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

consoler

(kon-so-lé) v. a.
  • 1Alléger l'affliction, les souffrances. Cet espoir me console. On se peut assurer Qu'il [l'amour] est maître équitable, et qu'enfin il console Ceux qu'il a fait pleurer, Malherbe, V, 26. Quelque déplaisir que je puisse avoir, j'en serais bientôt consolé par le soin que vous prendriez de moi, Voiture, Lett. 16. Si vous n'en pouvez mieux consoler une mère, Qu'en la traitant d'égale avec une étrangère, Corneille, Rodog. V, 4. Quel tourment de se taire en voyant ce qu'on aime… Lorsque par un regard on peut le consoler…, Racine, Brit. III, 7. Quand tu me dépeignais ce héros intrépide Consolant les mortels de l'absence d'Alcide…, Racine, Phèd. I, 1. Ma fille, ton bonheur me console de tout, Racine, Iphig. III, 2. Du moins consolez-moi de [par] quelque heure de paix, Racine, Théb. I, 3. Vous connaissez Brutus et l'osez consoler ! Voltaire, Brutus, V, 8. Consolez-le du sort, des hommes et de lui, Delille, Imag. VI.

    Absolument. Il ne sait pas consoler. Le temps console.

  • 2Donner de l'allégement aux sentiments pénibles. Pour consoler mon mal et flatter mes ennuis, Régnier, Plainte. Je ne viens pas ici consoler tes douleurs, Corneille, Cid, IV, 2. Ainsi la pieuse reine consolait la captivité des fidèles et relevait leur espérance, Bossuet, Reine d'Anglet. Est-ce ainsi que vos yeux consolent ma disgrâce ? Racine, Brit. II, 6. Il était abattu par une douleur que rien ne pouvait consoler, Fénelon, Tél. XVI. Consoler les larmes et récompenser les prières, Massillon, Car. Laz. Pour consoler l'espoir du laboureur avide, Racine L. Relig. ch. I. Elle retient pourtant des pleurs prêts à couler, De peur d'aigrir des maux qu'elle veut consoler, Lamotte, dans DESFONTAINES. Virgile n'a-t-il pas, d'un vers doux et flatteur, De Gallus expirant consolé le malheur, Chénier, Ép. I.
  • 3Se consoler, v. réfl. Recevoir de la consolation, être consolé. Il ne se peut consoler de ne plus ouïr une personne qui raisonne si parfaitement, Voiture, Lett. 8. Qui que ce soit des deux, il doit se consoler De la mort d'un tyran qui voulait l'immoler, Corneille, Héracl. V, 8. Quiconque se plaint cherche a se consoler, Corneille, Pomp. V, 1. Dans ton cher entretien s'est-elle consolée ? Corneille, Médée, III, 2. Mais, sitôt qu'elle eut vu cette troupe enragée S'entrebattre elle-même et se percer les flancs, Elle se consola : ce sont leurs mœurs, dit-elle…, La Fontaine, Fabl. X, 8. Il y a de certaines douleurs dont on ne doit point se consoler, Sévigné, 219. Mon cœur qui le voyait maître de l'univers Se consolait déjà de languir dans ses fers, Racine, Alex. II, 1. Calypso ne pouvait se consoler du départ d'Ulysse, Fénelon, Tél. I. Et je sens ce rayon m'échauffer de sa flamme, Et mon cœur se console…, Lamartine, Harm. II, 4.

    Se consoler, se consoler l'un l'autre. Nous animer ensemble et nous consoler des travaux du saint ministère, Massillon, Discours synodaux, Institution. Carthage et Marius, dans leur chute commune, Se consolent l'un l'autre en voyant leur fortune ; L'un de l'autre pesant le sort capricieux, Ils charment leur supplice et pardonnent aux dieux, Brébeuf, Pharsale, II.

REMARQUE

Consoler quelqu'un dans ses peines ; Consoler quelqu'un sur quelque chose ; Consoler quelqu'un de quelque chose. Mais Corneille, qui a dit : Ne nous consolez point contre tant d'infortunes, Corneille, Hor. III, 5. en a été repris par Voltaire, avec raison, ce semble.

HISTORIQUE

XVe s. Quant assez se furent consolez [réjouis] de cette bonne adventure, Perceforest, t. VI, f° 52.

XVIe s. Deucalion, comme moins estonné, R'asseure après et doucement console La femme simple, avec telle parole, Marot, IV, 33. En Dieu je me console, Mon ame s'y attend, Marot, IV, 333. Consoler sa mort en la mort d'un ennemy, Montaigne, I, 5.

ÉTYMOLOGIE

Espagn. consolar ; ital. consolare ; du latin consolari, de cum, et solus, dont le sens propre est entier. Consolari est proprement rendre entier et, par extension, satisfaire.