« constant », définition dans le dictionnaire Littré

constant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

constant, ante

(kon-stan, stan-t') adj.
  • 1Qui a de la constance. Constant en amitié. Dans leur juste haine animés et constants, Corneille, Héracl. V, 6. Le peuple romain a été le plus constant dans ses maximes, Bossuet, Hist. III, 6. Ah ! si tu le voyais, tu serais plus constant à courir sans relâche au bonheur qui t'attend, Corneille, Imit. I, 2. Que si le plus constant et le mieux affermi Se relâche souvent, souvent tombe à demi, Corneille, ib. I, 19. Lui que j'ai toujours vu constant dans mes traverses, Racine, Bérén. I, 4. Suzanne offrit une âme constante à la plus noire calomnie, Massillon, Av. Afflict.

    Poétiquement. J'ai d'un cœur invincible affronté la fortune, J'ai vu d'un œil constant le courroux de Neptune, Rotrou, Bélis. IV, 2.

  • 2Qui a de la constance en amour. Un cœur constant. Un amant constant. Serez-vous constante, madame, dans ces bontés que vous me témoignez ? Molière, l'Am. méd. III, 6.
  • 3En parlant des choses. Ô trop constante foi ! Racine, Baj. II, 3. Grands dieux ! combien elle est jolie ! Et pour moi ses feux sont constants, Béranger, Qu'elle est jolie. Comme s'ils croyaient que cette résolution fût ferme et constante, Pascal, Prov. 10. L'amour constant est comme un lac paisible, Bernard, Art d'aimer, ch. I.
  • 4Qui ne varie pas. Il n'y a rien de constant en ce monde. Vents constants. Une tradition constante. Une assiette ferme et une dernière base constante, Pascal, dans COUSIN.

    Terme de mathématiques. Quantité constante, ou, elliptiquement, constante, quantité qui demeure la même, tandis que d'autres croissent et décroissent.

  • 5Certain, indubitable, bien établi. La chose est constante. Une vérité constante. Il est constant qu'il a dit cela. Il n'est pas constant qu'il ait dit cela. Il faut tenir pour constant que cette proposition est vraie, Descartes, Médit. II. Il passe pour constant que…, Corneille, Ex. d'Hor. Il est constant par le témoignage de cet historien, que…, Bossuet, Hist. I, 7. C'est une doctrine constante de saint Augustin et de tous les Pères, Bossuet, Or. 6. C'est une règle inviolable parmi nous de ne permettre les secondes noces à l'une des parties qu'après que les preuves de la mort de l'autre sont constantes, Bossuet, Variat. 4e avertiss. § 6.
  • 6 En termes d'ancienne pratique, constant s'est employé comme une préposition au sens de pendant. Constant le mariage, pendant la durée du mariage.

SYNONYME

CONSTANT, FERME. Celui qui est constant reste semblable à lui-même. Celui qui est ferme résiste. Un homme ferme dans l'adversité est celui qui ne cède pas au coup qu'il reçoit. Un homme constant dans l'adversité est celui que l'adversité ne change pas et qui la supporte sans se laisser troubler. Aussi la constance a-t-elle lieu de s'exercer dans la prospérité, tandis que la fermeté veut quelque chose qui nous assaille.

HISTORIQUE

XIVe s. Ta constant obedience et vraie humilité sont par moy esprouvées, Ménagier, I, 6. Entre celles menaces de fortune apparut il si fiers et si constans, Bercheure, f° 32, recto. Et ne font force de tele mort souffrir, et sont constans sans perdre, pour ce, usage de raison, Oresme, Eth. 79.

XVe s. Adonc furent les deux amans si prins [touchés], qu'il n'y eut si constant qui ne perdist toute contenance, Perceforest, t. VI, f° 55.

XVIe s. Courage constant, Montaigne, I, 4. Fonder un jugement constant et uniforme, Montaigne, ib. Une enorme difformité corporelle, vice constant, inamendable, Montaigne, II, 86.

ÉTYMOLOGIE

Lat. constans, participe présent de constare, se tenir avec, être d'accord avec, être solide (voy. CONSTER).