« contre-poids », définition dans le dictionnaire Littré

contre-poids

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

contre-poids

(kon-tre-poî ; l's se lie : un contre-poî-z efficace) s. m.
  • 1Poids contre-balançant l'action d'un poids ou d'une force. Le contre-poids d'une horloge. Contre-poids de tourne-broche, poids qui, avec le balancier, sert à régler le tournebroche.

    Équilibre. Tellement que le poids de ce vif-argent ayant autant de force pour tomber que le poids de l'eau a pour le pousser en haut, tout demeure en contre-poids, Pascal, Équil. des liqueurs, III.

    Fig. Sans doute ils [les poëtes] avaient quelque chose de meilleur en eux que le vulgaire… en contre-poids, ils avaient aussi des vices bien insupportables ; c'étaient les plus fantasques et les plus inconstants du monde, Francion, liv. V, p. 191.

  • 2Balancier dont les funambules se servent pour se tenir en équilibre.

    Terme de manége. Aplomb du cavalier sur la selle.

  • 3 Fig. Ce qui contre-balance, ce qui compense. Le peu qu'ils ont gagné vous fait assez juger Qu'ils n'y mettront jamais qu'un contre-poids léger, Corneille, Nicom. III, 6. Un grand roi pèse tout d'un contre-poids égal, Rend le bien pour le bien et le mal pour le mal, Rotrou, Antig. IV, 1. Nous ne nous soutenons pas dans la vertu par notre propre force, mais par le contre-poids de deux vices opposés, comme nous demeurons debout entre deux vents contraires, Pascal, dans COUSIN. À quelque rang et à quelque degré qu'un pécheur soit élevé, il a, dans la vue de ses égarements passés, un contre-poids qui le rabaisse et qui lui sert de préservatif contre toutes les attaques d'une vaine estime de lui-même, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 394. Pour lui servir de contre-poids, Bossuet, I, Prof. 1. Par un conseil de la Providence divine, qui sait donner aux conditions les plus élevées leur contre-poids, cette grandeur que nous admirons de loin touche moins quand on y est né ou se confond elle-même dans son abondance, Bossuet, Marie-Thér. Sous le sage Michel le Tellier, le conseil fit sa véritable fonction, et l'autorité de ses arrêts, semblable à un juste contre-poids, tenait par tout le royaume une balance égale, Bossuet, le Tel. J'admire le contre-poids que Dieu veut mettre à la joie que j'aurai, Sévigné, 144. Il n'y avait à Syracuse aucun contre-poids pour maintenir ces deux corps dans un juste équilibre, Rollin, Hist. ancienne, Œuvres, t. X, p. 117, dans POUGENS. Il n'y eut que le cœur de l'homme qui manqua de contre-poids dans la nature, Chateaubriand, Génie, I, 4.

HISTORIQUE

XIIe s. Toutes ces armes ne valent un balois ; Vilainement l'en fist le contrepois ; Plaine sa lance l'abat mort en l'erbois, Raoul de C. 97.

XIIIe s. Or demende l'en se l'en puet partir [partager] beste, qui vaut mains [moins] morte que vive ? et l'en dit que non ; mès l'en doit fere contrepois de pecune contre la beste, et li chois est à celi qui n'a mestier de partir, Liv. de just. 154.

XVIe s. Juger de la force d'une place par l'estimation et contre-poids des forces qui l'assaillent, Montaigne, I, 53. D'autant plus que l'ame est plus vuide et sans contre-poids, elle se baisse plus facilement sous la charge de la premiere persuasion, Montaigne, I, 200. C'estoit un peu de mal en contre-poids d'une très grande felicité, Amyot, Cam. 12. Il eut pour contre-poids Themistocles, filz de Neocles, qui favorisa tousjours l'estat populaire, Amyot, Arist. 4. Ceste force estant divisée en deux parts maintenoit la chose publique en egal contre-poids, Amyot, Pomp. 65.

ÉTYMOLOGIE

Contre, et poids ; provenç. contrapes ; espagn. contrapeso ; portug. contrapezo ; ital. contrappeso.