« contribuer », définition dans le dictionnaire Littré

contribuer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

contribuer

(kon-tri-bu-é) v. n.
  • 1Payer sa part d'une dépense ou d'une charge commune. Contribuer pour un tiers. Contribuer par tête. Il a contribué de ses deniers à cette construction. Les oblige-t-on à contribuer aux charges publiques ? Fléchier, Serm. II, 207. Le vrai moyen de faire contribuer tout le monde, c'était de mettre des impôts sur les consommations, Condillac, Comm. Gouv. part. II, ch. 8.

    Absolument. Payer à l'ennemi une somme d'argent pour se garantir des exécutions militaires. Nous n'avons point de cavalerie sur la frontière ; et il est à craindre que le prince Pio, qui en a un gros corps, ne fasse contribuer tout le Languedoc, Montesquieu, Lett. pers. 132.

    Faire contribuer, se dit par abus, des voleurs de grand chemin qui dévalisent les passants. Les voleurs ont fait contribuer ces marchands.

    Activement. Les secours abondants qu'il contribua dans les calamités publiques, Fléchier, Lam. Il faut que les souverains aient le pouvoir d'obliger les citoyens de contribuer ce qui est nécessaire pour satisfaire aux besoins de la patrie, Fénelon, XXII, 386.

  • 2Avoir part à un certain résultat. Il y a dans quelques hommes une certaine médiocrité d'esprit qui contribue à les rendre sages, La Bruyère, XI. Il faut contribuer autant qu'on le peut au divertissement des personnes avec qui on veut vivre ; mais il ne faut pas toujours être chargé du soin d'y contribuer, La Rochefoucauld, Réflexions div. Et je contribuerai moi-même à ce dessein, Corneille, Nicom. V, 10. Je veux faire Le malheureux Léon successeur de ton père ; Y contribueras-tu ? Corneille, Pulch. V, 5. Par ce moyen les mutins virent Que celui qu'ils croyaient oisif et paresseux à l'intérêt commun contribuait plus qu'eux, La Fontaine, Fabl. III, 2.

    Absolument. Si je ne l'ai causé, j'en suis un instrument Et j'ai contribué dans cet événement, Mairet, Mort d'Asdrub. V, 2.

    Activement. Trois arts qui semblaient devoir contribuer quelque chose à mon dessein, Descartes, Méth. Si j'ai contribué quelque chose à l'agrément de votre style, Sévigné, 62. Si je pouvais contribuer quelque chose à soulager…, Bossuet, Lett. 8. Jamais on n'a pu ôter de leur esprit [à M. et Mme de Chaulnes] que M. de Chevreuse n'eût rien contribué à cet échange forcé [du gouvernement de Bretagne contre celui de Guyenne], Saint-Simon, 27, 58. Et ce qu'il contribue à votre renommée, Corneille, Hor. V, 3. Je souhaiterais néanmoins d'y contribuer quelque chose, Pascal, Lett. 1. Que pouvez-vous contribuer de votre part à la construction du tabernacle céleste ?… Il faut contribuer quelque chose, Massillon, Confér. Vocation, 1. L'interjection ne contribue rien à la liaison, à la forme du discours, R. Desmarais, Gramm. tr. VIII. Le son de la voyelle eu à la formation duquel et la langue et les lèvres contribuent quelque chose…, Dangeau, Gramm. III, n° 30.

REMARQUE

Les auteurs du siècle de Louis XIV emploient contribuer activement ; c'est la forme latine, et, comme on peut voir à l'historique, la forme ancienne. Elle est aujourd'hui peu usitée, sans être aucunement incorrecte.

HISTORIQUE

XIVe s. Se aucuns ont contribué peccunes pour metre en marchandises, quant vient au distribuer, l'en en distribue à chescun selon la proporcion des peccunes qui furent contribuées, Oresme, Eth. 148.

XVIe s. Chascun doibt contribuer à la societé publicque les debvoirs et offices qui la touchent, Montaigne, IV, 151. Je contribue seulement à cest ouvrage ce que je puis, selon ma petite capacité, Lanoue, 32. Il estoit necessaire que les particuliers contribuassent argent, selon leurs facultez, pour soustenir les frais de la guerre, Amyot, Publ. 22. Chascun luy contribua demie livre de froment, Amyot, Cam. 48. Le peuple contribua 800 harquebusiers de garde tant que leur prison dura, D'Aubigné, Hist. II, 122.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. contribuir ; ital. contribuere ; du latin contribuere, de cum, avec, et tribuere, donner (voy. TRIBUT).