« coq », définition dans le dictionnaire Littré

coq

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

coq [1]

(kok ; le q se fait toujours entendre, excepté dans coq d'Inde qui se prononce : ko-din-d' ; dans plusieurs provinces, au pluriel, on prononce non pas des kok, mais des kô, qui est une prononciation ancienne) s. m.
  • 1Le mâle de la poule. Combats de coqs. Deux coqs vivaient en paix ; une poule survint ; Et voilà la guerre allumée, La Fontaine, Fabl. VII, 13. Un misérable coq à point nommé chantait, La Fontaine, ib. V, 6. Sur la branche d'un arbre était en sentinelle Un vieux coq adroit et matois, La Fontaine, ib. II, 15. La ville de Sybaris sera décriée à jamais par la mollesse de ses habitants, qui avaient banni les coqs de peur d'en être réveillés, Fontenelle, Dial. 2e, Morts anciens. Au milieu d'eux le coq, d'un air de majesté, Marche, sûr de sa force et fier de sa beauté, Delille, Par. perdu, VII.

    Par extension, le mâle de plusieurs gallinacés. Coq d'Inde. Coq faisan. Le coq de la perdrix. Si mes paons de leur beau plumage Me font admirer les couleurs, Je crois voir nos jeunes seigneurs Avec leur brillant étalage ; Et mes coqs d'Inde sont l'image De leurs pesants imitateurs, Voltaire, Ép. CVII.

    Fier comme un coq, très fier.

    Familièrement. Être rouge comme un coq, être extrêmement rouge. Se dit souvent d'un homme en colère.

    C'est un bon coq, se dit d'un homme vigoureux en amour.

    Être comme un coq en pâte, avoir toutes ses aises (voy. PÂTE).

    Populairement. À nous le coq, à nous la supériorité, à nous le bouquet.

  • 2Figure de coq qui se met au plus haut d'un clocher pour servir de girouette. Je sais que l'honneur vous est cher, Que vous avez l'âme insensible, Que vous êtes moins accessible Que n'est le coq d'un haut clocher, Scarron, Stances pour un gentilhomme qui était à Bourbon. Ton œil ne peut se détacher Du vieux coq de ton vieux clocher, Béranger, Bohém.

    Coq gaulois, un des insignes de la nation française. Son aigle est resté dans la poudre, Fatigué de lointains exploits ; Rendons-lui le coq des Gaulois, Il sut aussi lancer la foudre, Béranger, Vieux drap. Le choix de cet oiseau comme symbole de la nation française est de date récente (la première révolution et surtout celle de 1830) ; il ne paraît guère fondé que sur l'homonymie latine de gallus qui signifie à la fois coq et Gaulois.

  • 3 Familièrement, personnage le plus riche ou le plus important d'un lieu. Il est le coq de son village. Viens, parais, jeune prince, et qu'on te reconnoisse Pour le coq de notre paroisse, Voltaire, Fête de Bellebat. Il est le coq du bourg, connu pour un Crésus, Et possède du moins cinquante mille écus, Hauteroche, Deuil, sc. 4.
  • 4 Terme d'histoire naturelle. Coq de bruyère ou des bois, espèce de coq sauvage, du genre tétras, gallinacés.

    Coq de marais, un des noms vulgaires du tétras bonasie, dit aussi gelinotte.

  • 5 Terme de botanique. Coq des jardins, menthe de coq, ou herbe au coq, plante corymbifère d'une odeur agréable.
  • 6 Terme de pêche. Coq de mer, dorade.
  • 7 Terme d'horloger. Espèce de platine enjolivée de gravures ou autres ornements dont on couvre le balancier.

    Terme de serrurerie. Espèce de crampon qui sert à assurer diverses pièces.

PROVERBES

Chétive est la maison où le coq se tait et la poule chante, c'est-à-dire où la femme est maîtresse.

La poule ne doit pas chanter avant le coq, il faut que l'autorité appartienne au mari. … Mon congé cent fois me fût-il hoc, La poule ne doit pas chanter devant le coq, Molière, F. sav. V, 3.

HISTORIQUE

XIIIe s. Quant sire chantecler li cos Estoit alé…, Ren. 1325. De tant li cos est plus viex, de tant vaut il miex, Alebrand, f° 47. Chars de cok, Alebrand, ib. Si cum vers la mie nuit vint, Onques de rien conte ne tint, Mais à la lei de mendiant S'en est alez el coc chantant, Grégoire le Grand, p. 84. La vile seoit en un bos, Moult i ot gelines et cos, Anes [canards], malarz et jars et oes [oies], Ren 1272.

XVe s. Un coq d'Inde sa gorge a toi semblable porte ; Combien de riches gens n'ont pas si riche nez ! …, Basselin, VI.

XVIe s. Ils coqueliquent comme les coqs, ils cloussent comme les poules, Paré, Animaux, 25. La corne de cerf, le cerfueil, targon, coq, et autres menues herbes, De Serres, 536. Qui sçait si c'est quelque sens particulier qui descouvre aux coqs l'heure de minuit et du matin ? Charron, Sagesse, I, 11. Coc chante ou non, viendra le jour, Baïf, dans LEROUX DE LINCY, t. I, p. 172. Ils lui envoyoient mille presens, comme gibiers ou flaccons de vin, et ses femmes lui faisoyent des maucadons et des camises ; il estoit traitté comme un petit coq au panier, Despériers, Contes, LXI. Il n'y feroit non plus que le coq sur les œufs, Cotgrave Jà ne chante le coq, si viendra le jour, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Picard, cou, co ; Berry, cô ; pays de Coire, cot ; anglo-sax. coco ; angl. cock ; bas-bret. kok. D'après Diez, c'est une onomatopée. Palsgrave écrit, au pluriel, quoqz, prononcé quoz. Dans l'ancien français, au nominatif singulier, li cos ; au régime singulier, le coc ; au nominatif pluriel, li coc ; au régime pluriel, les cos.