« coq-à-l'âne », définition dans le dictionnaire Littré

coq-à-l'âne

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

coq-à-l'âne

(ko-ka-lâ-n') s. m.
  • Discours sans liaison, passant d'un sujet à l'autre. Dès qu'il fut de retour, il me conte son aventure que j'entendais bien du premier coup, encore qu'il y eût bien du coq-à-l'âne en son discours, Francion, l. VI, p. 245. J'ai écrit dans les interlignes des coq-à-l'âne si ridicules, Voltaire, Lett. Roi de Prusse, 8.

    Au plur. Des coq-à-l'âne. Cependant, quand la rime l'exige, les poëtes n'hésitent pas à écrire coq-à-l'ânes. … Pour être bel esprit Il faut avec mépris écouter ce qu'on dit, Rêver dans un fauteuil, répondre en coq-àl'ânes, Et voir tous les mortels ainsi que des profanes, Regnard, le Distrait, IV, 7.

HISTORIQUE

XVe s. De moi vraiment Vous vous raillez ; Trop vous faillez, Car vous saillez Du coq en l'asne Évidemment, Le loyer des folles amours, p. 315, dans LACURNE. C'est bien sauté du coq à l'asne, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 173.

XVIe s. Le cerveau lui voltige tellement que, sautant du coq à l'asne, il s'oublie en moins de quatre mots, Calvin, 315. C'est bien sauter du coq à l'asne de parler des uns et des autres en confus et sans discretion, Calvin, Instit. 699. Je te suppli m'excuser si du coq à l'asne vois sautant, Marot, II, 129. Autant te dy-je des satyres que les François, je ne sçay comment, ont appelées cocs à l'asne… Cette inepte appellation de coc à l'asne, Du Bellay, J. I, 25, recto. Un prelat lui parlant un jour [à Henri IV] de la guerre et assez mal, il tourna, comme on dit, du coq à l'asne, et luy demanda de quel saint estoit l'office ce jour là dans son breviaire, Amours d'Henri IV, p. 42, dans LACURNE. Coq à l'asne ou bien satyre est composition de propos non liez, couvertement reprenant les vices d'un chacun, Boissière, Poétique, p. 254, dans LACURNE. Coqs à l'asne ou en l'asne, espece de poesie françoise, Goujet, Bibl. franç. t. XII, p. 97.

ÉTYMOLOGIE

Cette locution vient, dit-on, de l'histoire du coq et de l'âne, qui, voyageant ensemble et en compagnie du chat, font, la nuit, un grand vacarme et produisent une confusion épouvantable ; cette histoire est dans les contes de Grimm. Pourtant les exemples cités dans l'historique semblent montrer que le sens est non le désordre du coq et de l'âne, mais le passage du coq à l'âne, c'est-à-dire d'un sujet à un autre. L'anglais dit : cock-and-a-bull (coq et un taureau).