« coquet », définition dans le dictionnaire Littré

coquet

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

coquet, ette

(ko-kè, kè-t') adj.
  • 1Qui a de la coquetterie ; qui cherche à plaire. Des manières coquettes. Humeur coquette. Les femmes sont fort coquettes avant le mariage et beaucoup plus après, Hamilton, Gramm. 6. Personne ne dansait mieux, et personne n'était si coquet, Hamilton, ib. C'était [Fénelon] un esprit coquet qui cherchait à être goûté et voulait plaire, Saint-Simon, 31, 107. En gens coquets il [l'amour] change les Catons ; Par lui les loups deviennent des moutons, La Fontaine, Courtis. Un moineau fort coquet Et le plus amoureux de toute la province Faisait aussi sa part des délices du prince, La Fontaine, Fabl. X, 12. Une femme coquette ne se rend pas sur la passion de plaire… Elle regarde le temps et les années comme quelque chose seulement qui ride et qui enlaidit les autres femmes ; oublie du moins que l'âge est écrit sur le visage, La Bruyère, III. Une femme qui n'a qu'un galant croit n'être point coquette ; celle qui a plusieurs galants croit n'être que coquette, La Bruyère, ib. Le magistrat coquet ou galant est pire dans les conséquences que le dissolu ; celui-ci cache son commerce et ses liaisons, et l'on ne sait souvent par où aller jusqu'à lui, La Bruyère, XIV. Un homme coquet est quelque chose de pire qu'un homme galant ; l'homme coquet et la femme galante vont assez de pair, La Bruyère, III. Moi ! j'irais épouser une femme coquette ! Boileau, Sat. X. Ne vous y fiez pas ; je lui trouve l'air bien coquet ; elle a, ma foi, les yeux fripons, Boileau, Héros de romans. Parlons à cœur ouvert et confessons la dette ; Je suis un peu coquet, tu n'es pas mal coquette, Regnard, le Distrait, IV, 3. … On dit que les femmes coquettes Pour faire réussir leurs pratiques secrètes, Des nouveaux débarqués s'informent avec soin, Regnard, Ménechmes, II, 4. La femme est coquette par état, Rousseau, Ém. V. C'est le tissu des intrigues secrètes, L'emploi savant des parures coquettes, Bernard, Art d'aimer, I.

    Par extension. Lorsque la coquette espérance Nous pousse le coude en passant, Puis à tire-d'aile s'élance Et se retourne en souriant, Musset, Poésies nouv. Chanson. Que me veux-tu, chère fleurette, Aimable et charmant souvenir ? Demi-morte et demi-coquette, Jusqu'à moi qui te fait venir ? Musset, À une fleur.

  • 2 Substantivement. … Quand un coquet fieffé, D'amour, de bonne sorte, une fois s'est coiffé, Cela tient comme glu…, Hauteroche, Crisp. mus. V, 5. Son rival autour de la poule S'en revint faire le coquet, La Fontaine, Fables, VII, 13. On nous voit tous pour l'ordinaire, Piller le survenant, nous jeter sur sa peau ; La coquette et l'auteur sont de ce caractère, La Fontaine, Fab. I, 15. Oui, voilà comme il faut que les femmes soient faites, Et non comme j'en sais, de ces franches coquettes Qui s'en laissent conter…, Molière, Éc. des maris, II, 12. Le mot de galante aussi n'est pas assez ; celui de coquette achevée me semble propre à ce que nous voulons, Molière, Pourc. II, 4. Que la peste étouffe les coquets, la coquetterie et tous ceux qui l'ont inventée ! Baron, l'Homme à bonnes fortunes, II, 13. L'autre se façonne en coquette, Qui sans cesse écoute ou caquette, Et n'a jamais assez d'amants, Perrault, Griselidis. La coquette tendit ses lacs tous les matins ; Et, mettant la céruse et le plâtre en usage, Composa de sa main les fleurs de son visage, Boileau, Épît. IX. Lise entend dire d'une autre coquette qu'elle se moque de se piquer de jeunesse, La Bruyère, III. C'est providence de l'amour Que coquette trouve un volage, Lamotte, Fab. II, 7. Une coquette est un tyran qui veut tout asservir, pour le seul plaisir d'avoir des esclaves, Marmontel, Contes mor. Heureusement.

    Terme de théâtre. La grande coquette, la comédienne qui joue les grands rôles de femme dans la comédie de caractère. C'est la grande coquette qui fait Elmire dans Tartuffe, Philaminte dans les Femmes savantes, Célimène dans le Misanthrope. On dit aussi jouer les coquettes.

HISTORIQUE

XIIIe s. Com maintes femmes par le mont [monde], Qui coraiges remuants ont, Et tout aussi les vont tornant, Comme li cokès [petit coq] torne au vent, Bl. et Jehan, 224.

XVe s. Coquette immonde et mal famée Et de tout bon point degarnie, Vieille moralité, dans le Dict. de DOCHEZ.

XVIe s. Une coquette, Oudin, Dict.

ÉTYMOLOGIE

Diminutif de coq ; coquet, dans le sens de galant, ayant été dit d'après une métaphore empruntée aux allures du coq.