« corneille », définition dans le dictionnaire Littré

corneille

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

corneille [1]

(kor-nè-ll', ll mouillées ; et non kor-nè-ye) s. f.
  • Oiseau plus petit que le corbeau et noir comme lui. Les cris de la corneille ont annoncé l'orage ; Le bélier effrayé veut rentrer au hameau, Saint-Lambert, Saisons, II. Seule errante à pas lents sur l'aride rivage, La corneille enrouée appelle aussi l'orage, Delille, Géorg. I.

    Corneille emmantelée, sorte de corneille qui a une partie du corps noir et le reste grisâtre. Corneille chauve, le freux. Corneille d'église, le choucas.

    La corneille d'Ésope, ou la corneille de la fable, se dit d'une personne se parant avec ce qui ne lui appartient pas.

    Fig. Bayer aux corneilles, s'amuser niaisement à regarder en l'air la bouche ouverte. Allons, vous, vous rêvez et bayez aux corneilles ; Jour de Dieu ! je saurai vous frotter les oreilles, Molière, Tart. I, 1.

    Familièrement. Y aller de cul et de tête comme une corneille qui abat des noix, s'employer à quelque chose avec zèle, sans doute, mais avec maladresse et sans réflexion.

    Dans l'antiquité la corneille fournissait des présages. Hélas ! s'écria Ésope, les présages sont bien trompeurs ! moi qui ai vu deux corneilles, je suis battu ; et mon maître, qui n'en a vu qu'une, est prié de noce, La Fontaine, Vie d'Ésope.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et la corneille a en ses cris Le k qui est en lettre mis, Jubinal, Senefiance de l'A, B, C, t. II, p. 280. En tant com il se dementoit, Lieve sa teste et venir voit Une cornaille à la volée, Ren. 22841. Au temps que les corneilles braient Et la froidure s'achemine…, Rutebeuf, II, 66. Sor un fust [il] vit une cornille, Qui de novel s'estoit baignie, Ren. 7674. La corneille fut en agait, Avant ala, le bec uvri, Fiert l'escaille…, Marie de France, Fabl. 13. À tart crie la corneille, quant li laz la tient par le col, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 174.

XVIe s. Et si faisoit [en lavant son linge] du cul et de la pointe comme une corneille qui abat noix, Despériers, Contes, XXXVI.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. cornelha ; catal. cornella ; espagn. corneja ; ital. cornacchia ; du latin cornicula, diminutif de cornix, dont le radical cor se trouve dans cor-vus, corbeau.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. CORNEILLE. - HIST. XIIe s. Ajoutez : Del ainsnet [de l'aîné] avinrent novelles Que li corbel et les cornelles Ambesdeus les ex [yeux] li creverent, Perceval le Gallois, V. 1671.