« cornette », définition dans le dictionnaire Littré

cornette

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cornette [1]

(kor-nè-t') s. f.
  • 1Sorte de coiffure de femme en déshabillé. Sans nuls atours qu'une simple cornette, La Fontaine, Quipr. Attends… que la belle en cornette…, Boileau, Sat. X. En rajustant sa cornette, Béranger, Ivrogne. …Je me fais des cornettes ; Vos chemises de nuit et vos coiffes sont faites, Molière, Éc. des f. I, 4.

    Fig. Laver la cornette à une femme, la gronder. Ce qu'il avait à faire n'était autre chose que d'avoir le plaisir de lui laver sa cornette, Sévigné, 23.

    On dit très familièrement qu'une femme est cornette, quand son mari lui est infidèle. On rapproche alors par plaisanterie cornette de cornes qui se dit de l'homme.

  • 2Autrefois, large bande d'étoffe de soie que les docteurs en droit portaient autour du cou pendante jusqu'à terre. …Si j'eusse étudié, Jeune laborieux sur un banc à l'école, Galien, Hippocrate ou Jason ou Bartole, Une cornette au col debout dans un parquet, À tort et à travers je vendrais mon caquet, Régnier, Sat. IV.

    Bande de soie que les professeurs du collége royal à Paris portaient autour du cou, et qui leur avait été accordée par François 1er [le collége royal est aujourd'hui le collége de France].

    Autrefois, dans plusieurs villes, sorte de chaperon que les magistrats portaient sur l'épaule pour caractère de leur dignité.

  • 3 Terme de fauconnerie. Houppe ou tiroir de dessus le chaperon de l'oiseau.
  • 4Autrefois étendard de compagnie de cavalerie et de dragons.

    Compagnie de cavalerie. Il défit six mille Hongrois avec quinze cornettes de cavalerie, Sarazin, Conspiration de Valstein, dans RICHELET. Il y a telle rose de soulier qui vaut mieux que neuf cornettes impériales, Voiture, Lett. 66.

    Gros de cavalerie. Le roi marchait à la tête de sa cornette, Vaugelas, Q. C. liv. IV, ch. 16.

    Cornette blanche était, en France, le nom du premier régiment de cavalerie.

    S. m. Cornette, l'officier qui portait l'étendard dans chaque compagnie de cavalerie et de dragons ; son poste dans un combat était à la tête de l'escadron. Je marie Mlle Corneille à un jeune cornette de dragons, gentilhomme très aimable, Voltaire, Lett. d'Argental, 23 janv. 1763.

    Officier de certains corps de la maison du roi, mais ne portant point l'étendard. Il était cornette dans la première compagnie de mousquetaires. Ces jeunes gens conduits par un cornette se mirent en bataille, Voltaire, Louis XIV, 13. M. le duc d'Orléans se dévouerait par la réalité et par l'espérance de cette multiplication de belles récompenses, depuis le 1er lieutenant général jusqu'au dernier enseigne et cornette, Saint-Simon, 399, 199. Le cornette Joyce enleva le roi du château d'Holmly, Chateaubriand, Stuarts, 210.

    S. f. Emploi de cornette dans la maison du roi. Acheter une cornette dans les chevau-légers.

    Ces différents emplois du terme cornette n'existent plus dans l'armée.

  • 5 Terme de marine. Sorte de long pavillon à deux pointes, insigne du commandement d'une division de trois bâtiments au moins. La cornette se hisse à la tête d'un mât comme une flamme.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et si ont les longues cornettes Et leurs solers faits à blouquetes [petites boucles], Du Cange, corneta.

XVe s. Chapperons à courtes cornettes, Vigiles de Charles VII, t. II, p. 168, dans LACURNE. Grans chaperons et cornette à visiere, Peaulx de chameulx, et draps fors et entiers, Garnissez-vous avant qu'iver vous fiert, Deschamps, Poésies mss. f° 234, dans LACURNE. Pour cornette ou guidon suivre plustost on doit Les branches d'hierre ou d'if, qui monstrent où l'on boit, Basselin, XIX. Par commun proverbe on dit Qu'on congnoit femme à sa cornette, Coquillart, Droits nouv. Le duc de Savoye alla à icelle place de Ripaille où il print habit de hermite selon l'ordre de saint Morice, c'est à sçavoir grise robbe, long mantel, et chapperon gris et courte cornette d'un pied ou environ, et un bonnet vermeil par dessous son chapperon, Monstrelet, t. II, p. 102, dans LACURNE. La cornette de son chaperon, Louis XI, Nouv. LXV. Or vint ce vaillant garni en sa cornette de son petit rasoir, Louis XI, ib. LXIV.

XVIe s. Estant agacé de force calomnies contre le roi de Navarre, il donna un desmenti sous la cornette, si bien que les chefs eurent grande peine à le sauver… que, pour le desmenti, il l'avoit donné sous la cornette, mais en maintenant l'honneur de celui à qui la cornette doit honneur, D'Aubigné, Hist. II, 269. Ils rompent trois ou quatre eglises, arborent deux bannieres en cornettes, D'Aubigné, ib. II, 348. Celui qui portoit la cornette generale essaia de ralier, D'Aubigné, ib. III, 66. Pour drapeaux, la cornette blanche, la generale des Espagnols, celle du collonel des reistres, 16 autres de cavalerie, D'Aubigné, ib. III, 232. Le baron de Clermont qui portoit ma cornette, Montluc, Mém. p. 580, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Cornet, la cornette ayant été comparée à une petite corne ; wallon, coirnète. La cornette, étendard, a été dite ainsi à cause de sa forme ; puis le nom de l'étendard a passé à celui qui le portait.