« coton », définition dans le dictionnaire Littré

coton

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

coton

(ko-ton) s. m.
  • 1Nom donné à une sorte de bourre végétale qui, formée de filaments longs et ténus, environne les semences du cotonnier, arbre que l'on cultive dans l'Inde, aux États-Unis, dans l'Égypte et, depuis peu, dans l'Algérie. L'arbrisseau qui fournit le coton à nos manufactures demande un sol sec et pierreux ; il préfère celui qui est déjà familiarisé par la culture, Raynal, Hist. phil. XI, 28. Chaque loge, en s'ouvrant, laisse apercevoir plusieurs graines arrondies, enveloppées d'une bourre blanche, qui est le coton proprement dit, Raynal, ib. Le bois dont le coton vient blanchir les rameaux, Malfilâtre, Génie de Virg.

    Coton en laine, coton brut.

    Toile, étoffe de coton. Cette multitude, qui a peu de besoins, est presque nue ou est vêtue de coton, c'est-à-dire d'un produit si abondant qu'un arpent peut fournir de quoi habiller trois ou quatre cents personnes, Condillac, Comm. gouv. part. I, ch. 25.

    Tricot de coton. Il était un roi d'Yvetot… Et couronné par Jeanneton D'un simple bonnet de coton, Béranger, Yvetot.

    Jeter son coton, se dit de certaines étoffes qui se couvrent d'une sorte de bourre.

    Cela jettera un beau coton, se dit d'une chose qui, mal entreprise, produira de mauvais effets. Locution basse, remarque DE CAILLIÈRES, 1690.

    Cet homme jette un vilain coton, il file un mauvais coton ; sa santé, son crédit, sa réputation est fortement compromise.

    Fig. Élever un enfant dans du coton, l'élever trop mollement. Le laquais du coadjuteur, qui était à la Trappe, est revenu à demi-fou, n'ayant pu supporter ces austérités ; on cherche un couvent de coton pour l'y mettre, Sévigné, 42. Gouvernez-la bien, divertissez-la, amusez-la, enfin mettez-la dans du coton, et nous conservez cette chère et précieuse personne, Sévigné, t. I, Lettre inédite, p. 201, dans POUGENS.

    Par plaisanterie, porte-coton, valet de garde-robe.

  • 2Duvet long, entre-croisé et crépu, qui recouvre la surface de certaines feuilles ou d'autres parties de quelques végétaux. Leurs fleurs tendres et délicates, et, durant l'hiver, enveloppées comme dans un petit coton, Bossuet, Connaiss. V, 2.
  • 3Poil follet qui vient aux joues et au menton des jeunes gens. À peine son menton S'était vêtu de son premier coton, La Fontaine, Remède. Vraiment sur votre menton La main de l'aimable jeunesse N'a mis encor que son coton, Voltaire, Ép. 42. Et ne tarderont ses conquêtes [du fils d'Henri IV], Qu'autant que le premier coton Qui de jeunesse est le message, Tardera d'être en son visage Et de faire ombre à son menton, Malherbe, III, 1. À peine adolescent, de son léger coton La jeunesse en sa fleur ombrage son menton, Delille, Énéide, IX.
  • 4Coton-poudre, ou coton azotique, ou fulmi-coton, substance explosive qu'on obtient par l'action de l'acide azotique sur le coton.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et li atachierent la crois en un grant chapel de coton [ouatte] par devant, pour ce que il voloit que tous le veissent, Villehardouin, XL. Quiconques est chapelier de coton à Paris, il doit jurer seur sains qu'il fera bone œuvre et leal, Liv. des mét. 251. Il peut metre devant son pis et devant son ventre un contrecuer de teille et de coton, Ass. de J. I, 170. Il li lancerent le feu grejois qui se prist en la tour, qui estoit faite de planches de sapin et de telle [toile] de coton, Joinville, 245.

XVe s. Je cognoys approcher ma soif, Je crache blanc comme cotton Jacobins aussi gros que un oef, Villon, Grand testament.

XVIe s. L'arbrisseau, portant le cotton, jette des petites pommes, lesquelles, s'approchans de maturité, s'entr'ouvrent en croix à la pointe, comme la grenade, par là faisant jour au cotton, De Serres, 717.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. coton ; catal. cotó ; espagn. algodon ; portug. cotão ; de l'arabe qothon ou, avec l'article, al qothon.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

COTON. Ajoutez :
5 Coton soluble, synonyme de coton-poudre ou pyroxyle, Lettre commune des douanes, 20 déc. 1876, n° 334.
6 Coton de verre, verre étiré en fils si ténus qu'ils ressemblent à de la soie ou à du coton, Journ. offic. 10 janv. 1877, p. 235, 3e col.