« cou », définition dans le dictionnaire Littré

cou

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cou ou col

(kou ou COL) s. m.
  • 1La partie du corps qui unit la tête au tronc. Le héron au long bec emmanché d'un long cou, La Fontaine, Fabl. VII, 4. Voyez un peu ce cou d'ivoire s'arrondir sur ces belles épaules, Marmontel, Contes moraux, Lauret. Elle offre, en détournant sa tête éblouissante, D'un cou semé de lis la beauté ravissante, Delille, Géorg. I.

    Populairement et par pléonasme. Il sera pendu par son cou.

    Avoir un cou de grue, le cou d'une grue, avoir le cou long et grêle.

    Avoir un cou de cygne, avoir le cou blanc et gracieux, en parlant d'une femme. On dit aussi pour louer le cou d'une femme : cou d'ivoire, d'albâtre, de lis.

    Se jeter au cou de quelqu'un, l'embrasser avec effusion. Elle se jette au cou de ce pauvre vieillard, Corneille, le Ment. II, 5. La petite d'Hudicourt a été huit ou dix jours à la cour toujours pendue au cou du roi, Sévigné, 172. Télémaque se jeta au cou de Mentor, Fénelon, Tél. XXII. Télémaque saute à son cou, Fénelon, ib. X. Je voulus me jeter à son cou pour l'embrasser, Fénelon, ib. IV.

    Mettre la corde au cou, passer la corde autour du cou de quelqu'un pour le pendre ; et fig. ruiner, perdre. La trop grande indulgence de son père lui a mis la corde au cou, Dict. de l'Acad.

    Se mettre la corde au cou, se perdre soi-même, se mettre dans une position d'où on ne peut se tirer.

    Mettre le pied sur le cou de quelqu'un, lui faire violence.

    Couper le cou, trancher la tête. Cette révolte n'empêcha pas Antiochus de faire couper le cou au grand prêtre Onias, Voltaire, Phil. III, 139.

    Tordre le cou, donner la mort. Pour le dîner on tordra le cou à quelques poulets. J'aimerais… que monsieur Satan vous vînt tordre le cou, Molière, l'Étour. I, 11.

    Être dans l'eau jusqu'au cou. Y être presque totalement plongé. Son maître était jusqu'au cou dans les boues, La Fontaine, Or.

    Et fig. Je puis vous promettre, s'il se détermine à ce que vous voulez, de m'y mettre jusqu'au cou pour le succès, Saint-Simon, 510, 281.

    Fig. Tendre le cou, s'offrir comme une victime, subir quelque grande violence ou injustice sans résister.

    Fig. Rompre le cou à quelqu'un, à une affaire, l'empêcher de réussir.

    Se rompre, se casser le cou, se blesser grièvement en tombant ; et fig. perdre tous ses avantages, toutes ses espérances.

    Prendre ses jambes à son cou, s'enfuir au plus vite… Rendez-moi mon bijou, Et je prends, pour partir, mes jambes à mon cou, Regnard, Démocr. V, 5.

    Avoir son cou chargé de quelque chose, porter une charge considérable, avoir une grave responsabilité.

    Fig. Ta main sera sur le col de tes ennemis, Bossuet, Hist. II, 2. Ce peuple [juif] était d'un cou roide et dur d'entendement, Voltaire, Phil. II, 136.

  • 2Le cou ou le col d'une bouteille, la partie longue et étroite par laquelle on l'emplit et on la vide.

    Cou de chemise, voy. COL.

  • 3Cou de cygne, partie courbée de l'avant-train d'une voiture.

    Terme de marine. Cou de cigogne, cou de cygne, tige en fer fixée au pont.

    Terme de manége. Cou de cygne, encolure en cou de cygne, encolure de certains chevaux.

  • 4 Terme de zoologie. Cou-blanc, nom du motteux.

    Cou-jaune, nom de la fauvette de St-Domingue (sylvie pendante de Latham).

    Cou-rouge, le rouge-gorge.

    Cou-tors, le torcol.

    Cou-coupé, le gros bec du Sénégal.

  • 5 Terme de botanique. Cou de chameau, narcisse des prés (narcissus pseudo-narcissus, L.).

    Cou de cigogne, géranium commun dans les bois.

REMARQUE

Col est une forme archaïque qui est d'un usage rare, excepté quand il s'agit du goulot d'un vase, d'un passage dans une montagne, de la partie d'une chemise qui entoure le cou, etc.

HISTORIQUE

XIe s. De son col [il] jete ses grandes pels de martre, Ch. de Rol. X.

XIIe s. Au col le comte [au cou du comte], Ronc. p. 26. Et son col blanc, son chef blond et luisant, Couci, V.

XIIIe s. Asseiz plus, ce poeiz savoir, L'acheta [le paradis] sainz Piere et sainz Poulz, Qui de si precieux avoir, Com furent la teste et li coux, L'aquistrent, se teneiz à voir [vrai], Rutebeuf, 127. Les bras au col doit l'en [l'on] mener Son anemi pendre ou noier, la Rose, 7462.

XVe s. Et ce est l'aise des Brabançons ; car, où que ils soient, ils veulent estre en vins et en viandes et en delices jusques au cou, Froissart, II, III, 114.

ÉTYMOLOGIE

Picard et bourguig. co ; provenç. col, espagn. cuello ; ital. collo ; du latin collum. Dans l'ancien français, au nominatif singulier, li cols ou li cous (cou, prononciation qui est devenue la plus habituelle parmi nous) ; au régime, le col (col, prononciation qui est restée dans quelques cas exceptionnels).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

COU. Ajoutez :
6 Dans l'Aunis, casser le cou à un fût, le faire tourner sur lui-même, de manière que chaque fond occupe la place de celui qui lui est opposé, Gloss. aunisien, p. 91.