« couette », définition dans le dictionnaire Littré

couette

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

couette [1]

(koi-t' ou kouè-t') s. f.
  • 1Lit de plumes. Coucher sur une couette. Elle les [les draps] fit venir à moitié de la couette, Régnier, Sat. X.
  • 2Pièce creuse, de fer ou de métal, dans laquelle tourne le pivot d'une porte ou l'arbre d'une machine.
  • 3 Terme de marine. Couettes, ou coittes, ou coites, s. f. plur. Nom de deux fortes pièces de bois, qui, placées sous un bâtiment en construction, glissent avec lui quand on le lance à la mer.

HISTORIQUE

XIIe s. E li liz saint Thomas esteit appareilliez Desus un chaelit qui tut esteit quiriez D'une cuilte purpointe, d'un poi d'estraim junchiez, Th. le mart. 102. N'estoit pas de fuerre esmié La couche ne de coutes aspres, la Charrette, 1198.

XIIIe s. Kieutes [ils] i portent et tapis, Lai de Melion. Et ainçois que li rois fust couciés, entrerent il en la sale où li rois Henris estoit acousté sour une coute, Chr. de Rains, p. 15. Et quant par nuit dormir voloient, En leu de coites aportoient En lor casiaus monceaus de gerbes, la Rose, 8438. Ausinc [sur l'herbe] y poïst l'en sa drue [amie] Couchier comme sur une coite, ib. 1403. Et en aucun liu est il qu'on pot penre en cascun ostel une queute por les sorvenans, Beaumanoir, XXXII, 19. Ne coute ne coussin, linceuil ne oreillier, Berte, XXXVIII. Je sui sans coutes et sans liz ; N'a si povre jusqu'à Senlis, Rutebeuf, 3.

XIVe s. De la coete et dou coessin, Du Cange, coisinus.

XVe s. Une povre couste de vieille toile enfumée pour estuper le feu, Froissart, II, II, 157. Si le menerent glorieusement les prelatz et princes jusques en sa chambre, là où il se tint en sa quoyte jusques à my heure après midy, Chastelain, Chron. des ducs de Bourg. p. I, ch. 9.

XVIe s. Or encor que fort peu vinssent aux mains sur les couetes et fagots, desquels la breche estoit remparée…, D'Aubigné, Hist. II, 280. Ils garnissent les nids de plume, laine, ou d'autre matiere molle, comme s'ils leur preparoient une coulte ou un matelas, Paré, Anim. 4. Ils couvrent les pommes avec du foirre, des linges, des couvertes, mesme avec des cottes de plume, De Serres, 248. À defaut de poule couvante, poserés les œufs dans un large pannier parmi de la plume de coette, De Serres, 371. Coettes, cuissins, oreillers, materas, De Serres, 881.

ÉTYMOLOGIE

Génev. coitre, couatre ; norm. coete, keute ; provenç. cousser, cosser, s. m. et cota, s. f. ; espagn. et portug. colcha ; du latin cúlcita (et culcitra qui a donné coitre dans le génevois, colcedra dans l'ancien espagnol, cóltrice dans l'italien). L'l qui se trouve dans la plus ancienne forme et dans le portugais, prouve que ce mot ne peut venir du grec ϰοίτη ; dans les formes où l'l a disparu, il est arrivé ce qui est arrivé aussi en d'autres mots, par exemple dans mout ou mot pour moult, molt. En d'autres termes, les formes sans l s'expliquent par une suppression dont il y a des exemples ailleurs, tandis que les formes avec l ne pourraient s'expliquer que par un radical où cette lettre existerait.