« cul », définition dans le dictionnaire Littré

cul

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cul ou cu

(ku ; l'l ne se prononce jamais, même devant une voyelle ou ku) s. m.
  • 1Le derrière de l'homme et des animaux. Il tomba sur son cul. Donner des coups de pied au cul. Chacune sur le cul au foyer s'accroupit, Régnier, Sat. X. Trébuchant par le cul s'en va devant derrière, Régnier, ib. Revenez, mes fesses perdues, Revenez me donner un cul, Scarron, Poésies diverses, Œuvres, t. VII, p. 233, dans POUGENS. Qui le fit aller choir sur le cul, aux pieds des comédiennes, après une rétrogradation fort précipitée, Scarron, Rom. comique, ch. 10. Voulez-vous parier que je vais donner un coup de pied au cul de Béchameil, et qu'il m'en saura le meilleur gré du monde ? Saint-Simon, 118, 34. Pour moi, j'ai pratiqué toujours cette leçon dans ma petite philosophie ; et je ne suis jamais revenu au logis, que je ne me sois tenu prêt à la colère de mes maîtres, aux réprimandes, aux injures, aux coups de pied au cul, aux bastonnades, aux étrivières ; et, ce qui a manqué à m'arriver, j'en ai rendu grâces à mon bon destin, Molière, Scapin, II, 8. Depuis la nuque du col jusqu'au cul, Voltaire, Cand. 2. Quoi ! vivrez-vous donc toujours, Vieux petits culs nus d'amours ? Béranger, Pauvres am.

    Cul par-dessus tête, chute dans laquelle on fait la culbute. Ils renversent cul par-dessus tête le pauvre homme et le cheval, Sévigné, 186.

    Il a le cul rompu, se dit de celui qui marche mal et en traînant les jambes. Il est crotté jusqu'au cul, il est très crotté.

    Avoir toujours le cul sur une chaise, être constamment assis.

    Avoir le cul sur la selle, être à cheval. On dit d'un officier actif et vigilant, qu'il a toujours le cul sur la selle.

    Par extension. Avoir le cul sur la selle, être toujours assis. Si vous étiez dans un autre état, je vous dirais de marcher… je suis persuadée que la plupart des maux viennent d'avoir le cul sur la selle, Sévigné, 79.

    Demeurer entre deux selles le cul par terre, échouer dans la poursuite de deux choses. Je vois ces héros retournés Chez eux avec un pied de nez, Et le protecteur des rebelles Le cul à terre entre deux selles, La Fontaine, Lettres, XXIII.

    Faire une chose à écorche-cul, la faire à regret en rechignant.

    La tête a emporté le cul, se dit d'une personne qui est tombée la tête la première.

    Terme de joueur. À cul levé, c'est-à-dire que celui qui perd s'en va. Jouer à cul levé.

    Aller de cul et de tête, s'y prendre avec ardeur, mais sans précaution et sans mesure. M. de Vendôme fit donner ses troupes d'arrivée, de cul et de tête, sans ordre et sans règle, Saint-Simon, 204, 234.

    Il perdrait son cul s'il ne tenait, se dit d'un homme négligent qui perd tout ce qu'il a, d'un joueur qui perd tout son avoir au jeu.

    Tenir quelqu'un au cul et aux chausses, le censurer sans ménagement. On n'est point plus ravi que de vous tenir au cul et aux chausses, Molière, l'Av. III, 6. Cette locution signifie aussi serrer de près.

    Donner du pied au cul à un valet, le chasser de son service. Donner du pied au cul à quelqu'un, le chasser honteusement. Et qui me donneriez bientôt du pied au cul, Lorsque vous me verriez être sans quart d'écu, Scarron, Hér. ridic. dans LEROUX, Dict. comique.

    Prendre son cul pour ses chausses, se méprendre grossièrement.

    Montrer le cul, avoir des habits très mauvais. Monsieur mon père, on me voit le cul de tous les côtés [je suis en guenilles], Hauteroche, Crispin médecin, I, 6.

    Montrer le cul, signifie aussi avoir peur. Il avait fait le brave, mais, au faire et au prendre, il montra le cul.

    Se lever le cul devant, n'être pas de bonne humeur, en se levant, et durant la journée.

    Arrêter quelqu'un sur le cul, l'arrêter tout court. Le feu de l'infanterie arrêta la cavalerie sur le cul.

    Mettre une personne à cul, la mettre dans l'impossibilité d'éluder plus longtemps.

    Être à cul, être sans ressources.

    En avoir dans le cul, être perdu, vaincu, sans ressource. Nous en avons eu dans le cul, Scarron, Virg. trav. I.

    Ils se tiennent tous par le cul comme des hannetons, ou comme des juifs, se dit de plusieurs gens alliés en même famille.

    Ce sont deux culs dans une chemise, ce sont des gens intimement liés.

    Un bout de cul, un petit homme gros et trapu.

    Baiser le cul de la vieille, se dit d'un joueur qui a perdu sans avoir pu gagner ni prendre un seul point.

    Baiser ou lécher le cul à quelqu'un, lui témoigner une soumission servile et aussi faire tout ce qu'il veut. Le chancelier me répondit qu'il voudrait me baiser au cul, et que cela [le projet de paix] fût exécuté, Saint-Simon, 152, 216.

    Toutes ces locutions sont du langage très familier ou du langage bas.

  • 2L'anus par où sortent les excréments.

    Fig. et bassement. Péter plus haut que le cul, entreprendre des choses au-dessus de ses forces, prendre des airs au-dessus de son état.

    Bassement. On lui boucherait le cul d'un grain de millet, se dit d'une personne qui a une grande peur.

  • 3La personne. Cul de plomb, homme sédentaire. Je fis le cul de plomb, travaillant des mieux avec les autres clercs, Pièces comiques, dans LEROUX, Dict. comique.

    Cul blanc, nom de petits merciers qui vont par la campagne vendre de menues marchandises qu'ils portent sur leur dos.

    Cul-de-jatte, personne estropiée qui ne peut faire usage de ses jambes. De pauvres culs-de-jatte. Il est cul-de-jatte. Locution tirée de ce que les pauvres qui sont culs-de-jatte ont le derrière appuyé sur une espèce de jatte. Souvent le doux penser me flatte De n'être plus un cul-de-jatte, Et qu'un jour je pourrai marcher, Et où vous serez, vous chercher, Scarron, Poésies div. Œuvres, t. VII, p. 10, dans POUGENS. Je suis un cul-de-jatte à qui membres tortus Font grand mal à toute heure, Scarron, ib. p. 45. La pauvre veuve [Maintenon] rougit, non pas de la réputation du cul-de-jatte [Scarron] attaquée, mais d'entendre prononcer son nom et devant le successeur [Louis XIV], Saint-Simon, 66, 103. Qu'on me rende impotent, Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu'en somme Je vive, c'est assez, je suis plus que content, La Fontaine, Fabl. I, 15. Vous n'êtes qu'un manchot, et vous osez prétendre à ma fille ? Savez-vous bien que je l'ai refusée à un cul-de-jatte ? Lesage, Diable boiteux, ch. 8.

  • 4Cul-de-poule, renflement en forme du cul de la poule.

    Fig. et familièrement. Faire le cul de poule, faire une espèce de moue en avançant et pressant les lèvres.

    Cul-de-poule, partie arrondie de la plaque de couche d'un fusil.

    Terme de chirurgie. Éminence qui se forme à l'ouverture de quelques fistules.

    Terme de vétérinaire. Cul-de-poule, ulcère dont les bords sont saillants ; éminence que la graisse forme près de l'anus du cheval.

    Terme de serrurerie. Cul-de-poule, renflement que l'on donne au corps d'une espagnolette, au droit de la poignée.

  • 5Le dos. Nous étions campés le cul dans le Necker, à la petite portée de canon d'Heidelberg, Saint-Simon, 22, 258. On campa le cul à Manheim et la gauche appuyée au bord du Necker, Saint-Simon, 29, 87.
  • 6Cul s'est dit de certains jupons rembourrés que mettent les femmes et qu'aujourd'hui on nomme plus décemment tournure. Si l'on porte encore des culs, dans ce cas je vous prierai de m'en envoyer deux, Genlis, Adèle et Théodore, t. II, lett. 28.
  • 7 Par extension, la base, le fond de certains objets. Le cul d'une bouteille, d'une barrique. Quelques grains de sel dans le cul d'un pot de terre cassé, Lesage, Guzm. d'Alfarache, I, 5.

    Mettre un tonneau sur le cul, le lever sur son fond, et aussi le vider. L'on mange peu ; l'on boit en récompense ; Quelques tonneaux sont mis sur cul, La Fontaine, Fianc. Un baril défoncé, deux bouteilles sur cul, Qui disaient, sans goulet : nous avons trop vécu, Régnier, Sat. X.

    Cul de bouteille, se dit de la couleur d'un vert très foncé. Cette nuance est cul de bouteille.

    Terme de vétérinaire. L'œil de ce cheval est cul de verre, il est de couleur de bouteille, et par conséquent il a une cataracte.

  • 8Cul d'artichaut, la partie charnue d'un artichaut, celle qui porte le foin. Ils ont un goût supérieur à celui de nos choux et semblable à celui des culs d'artichaut, Bernardin de Saint-Pierre, Étude. 5. On vous a déjà reproché de dire… un cul d'artichaut, un cul-de-lampe, un cul-de-sac ; à peine vous permettez-vous de parler d'un vrai cul devant des matrones respectables, et cependant vous n'employez pas d'autre expression pour signifier des choses auxquelles un cul n'a nul rapport, Voltaire, Disc. aux Velches.
  • 9Le derrière d'une charrette. Mettez cela au cul de la charrette. Mettre une charrette à cul, la mettre les limons en l'air.
  • 10Cul de basse-fosse, cachot souterrain creusé dans la basse fosse même.

    Par extension. Vous rebutez mes vœux, vous me poussez à bout ; Mais un cul de couvent me vengera de tout, Molière, Éc. des femmes, V, 4.

  • 11Cul-de-sac, rue qui n'a qu'une issue ; maintenant de préférence on dit impasse. Nous descendîmes à la contrée des Francs [à Boulaq], espèce de cul-de-sac dont on ferme l'entrée tous les soirs, Chateaubriand, Itin. III, 80. Un mur pour vue, un cul-de-sac pour rue, peu d'air, peu de jour, peu d'espace, des grillons, des rats, des planches pourries, Rousseau, Confes. V.

    Par extension, un cul-de-sac, un lieu qui n'a pas d'issue. Avancer est chose impossible dans la position où nous nous trouvons ; par pitié ou par amitié, tire-moi de ce cul-de-sac [l'extrémité de l'Italie], Courier, Lett. I, 164.

    Fig. Un cul-de-sac, un emploi qui ne peut mener à rien. Bissy vit que ses affaires à Rome par rapport à la Lorraine et à ses espérances prenaient un tour à ne lui plus faire regarder Toul comme un cul-de-sac, Saint-Simon, 345, 23.

    Terme de marine. Cul-de-sac, enfoncement de la mer dans les terres.

    Terme de pêche. Fond du filet.

  • 12 Terme d'architecture. Cul en pendentif, voûte sphérique qui est rachetée par quatre fourches ou pendentifs.

    Cul de niche, fermeture cintrée d'une niche sur un plan circulaire.

    Cul-de-four, voy. FOUR.

  • 13Cul-de-lampe. Terme d'architecture. Tout support en encorbellement qui n'est pas un corbeau, c'est-à-dire qui ne présente pas deux faces parallèles perpendiculaires au mur, Viollet-Le-Duc. Le cul-de-lampe est dit ainsi parce qu'il imite le cul d'une lampe, le bas, le fond d'une lampe portée à la main.

    Cabinet saillant en dehors d'une maison, et dont la partie inférieure a cette forme.

    Terme de construction militaire. Cul-de-lampe, encorbellement qui sert à maintenir une tourelle, une guérite de rempart qui ne monte pas de fond.

    Terme d'imprimerie. Cul-de-lampe, ornement aujourd'hui peu employé et qui servait à remplir un blanc de page. Des culs-de-lampe. Que voulait-il qu'un musicien fît de toutes ces comparaisons façonnées en ariettes, qui terminent des scènes comme des culs-de-lampes, ou qui plutôt sont dans le chant comme des bouquets d'artifice pour obtenir l'applaudissement ? Marmontel, Élém. litt. Œuvres, t. IX, p. 104, dans POUGENS.

    Terme de fonderie. Cul-de-lampe, partie du canon comprenant le relief de la culasse et du bouton.

    Terme de serrurerie. Cul-de-lampe, le faux fond d'une serrure, le bouton d'une porte.

    Terme de pêche. Cul-de-lampe, enceinte qu'on forme derrière les bords d'un étang pour retenir l'eau.

    Cul-de-lampe, nom de plusieurs coquilles univalves.

  • 14 Terme de fortification. Cul de chaudron, fond arrondi de l'entonnoir d'une mine, lors qu'elle a fait explosion.
  • 15 Terme de serrurerie. Cul de chapeau, se dit des extrémités de la platine d'une targette, d'un verrou, qui sont découpées en demi-rond.
  • 16 Terme de marine. Le cul, l'arrière d'un vaisseau, la poupe.

    Mettre cul en vent, mettre vent en poupe par un gros temps.

    Cul de pot, nœud qui se fait au bout d'un cordage pour y former un bouton.

    Cul-rond, grand bateau de pêcheur en forme de gondole.

    Cul ou queue d'une poulie, partie de la caisse de la poulie opposée au point d'attache.

  • 17 Terme d'artillerie. Faux-cul, masse de matière, ou gâteau qui se forme sous les pilons des mortiers à poudre.
  • 18Paille-en-cul, oiseau de mer dit aussi paille-en-queue, et oiseau des tropiques, qui, à la queue, a deux longues plumes dépassant toutes les autres.

    Au plur. Des paille-en-cul, des paille-en-queue.

    Cul-blanc, nom de la bécassine et d'un autour. Des culs-blancs. Le motteux ou cul-blanc niche, comme le todier, sous terre, mais d'une manière différente, et avec des précautions que le todier n'est pas obligé de prendre, Bonnet, Contempl. nat. 12e part. ch. 28.

    Cul d'or, espèce de merle d'Afrique (turdus aurigaster), insectivore.

    Cul rouge, rossignol de muraille.

    Cul rousset, gorge-bleue et rossignol de muraille.

    Cul luisant, femelle du ver luisant.

    Cul de singe, nom vulgaire d'une coquille du genre pourpre.

  • 19Cul de mulet, variété de figue.

    Cul noué, variété de pomme à cidre.

    Cul tout nu, le colchique d'automne.

    Cul de chaudron, nom vulgaire de l'amélanchier, plante.

HISTORIQUE

XIIIe s. Mal se cuevre cui li cul pere [paraît], Prov. du vilain, Ms. de St Germ. f° 75, dans LACURNE. Son cul [il] a par l'oreille pris [il a pris son cul à deux mains, il s'est mis à courir], Si a passée la charriere, Fabliaux mss. p. 122, dans LACURNE.

XIVe s. Si fort au mur justot, et de tei destrier, Que de cul et de pointes versoit jus dou destrier, Baud. de Seb. XIII, 690. Icellui Cervoise donna au dit Dufresne avecques le cul de sa dague deux ou trois cops sur la teste, Du Cange, culata.

XVe s. Je serai le premier à recouvrer les torfaits lesquels on nous fait encore tous les jours par la simplesse et la lascheté de vous et par especial de nostre chef le roi qui est allié par mariage à son adversaire ; ce n'est pas signe qu'il le veuille guerroyer. Nennil, il a le cul trop pesant ; il ne demande que le boire et le manger, Froissart, III, IV, 56. Et firent de grans blasphemes au Roy, comme monstrer leur cul et autres villenies, J. de Troyes, Chron. 1476. Tu seras partout diffamé ; Car, quant l'en te monstroit les voies De marier, tu respondoies à ceuls qui t'en parloient lors, En ce blasmant, le cul dehors, Alleguant franchise, franchise ; Et tu as fait de femme prise, Deschamps, Poésies mss. f° 418, dans LACURNE. Mais au dessoubs fault faire voile Depuis les reins jusques au piet Du cul de robe qui leur chiet [leur tombe, aux femmes] Contre val comme un fons de cuve Bien fourré, où elle s'encuve ; Et ainsi ara la meschine Gresle corps, gros cul et poitrine, ib. f° 401. Qui fait les choses mal aler, Qui nous a fait tant de dolour, Les fous ès estas eslever, Les saiges laisser en descour, Les vaillans mettre au cul du four, ib. f° 431. Deux grans chandeliers, fais à cul de lampe, et en icelui cul de lamppe avoit sept des plus grans miroirs qu'on troeuve, ayant chacun huit branches estoffées de feullages pour au bout de chacune branche mettre ung flambeau de cirre ardant, De Laborde, Émaux, p. 204. Quarante hommes d'armes qui estoient au roi, furent chassés cul par dessus teste par les coureurs et quelque nombre de gens de l'avant-garde du duc, Bibl. des Chartes, 4e série, t. I, p. 430. Vouster, jouster, rompre la lance, Et mettre ung homme le cul par terre, Coquillart, Blason des armes et des dames.

XVIe s. Là environ cent villageois armés de fondes et de quelques arbalestes arresterent sur cul cette armée, D'Aubigné, Hist. I, 68. Sommerive se sauva par le pont de fourches, et le fit rompre à son cul, D'Aubigné, ib. I, 153. Ils firent encore une grande sortie, où ils mirent haut le cul tous les gabions, D'Aubigné, ib. II, 46. En l'orifice de toutes ces fistules se voit quelque callosité eminente, que les chirurgiens appellent vulgairement cul de poulle, Paré, XI, 24. J'ay crainte, madame, à parler par reverence, que ce povre duc n'en soit de deux selles le cul à terre, Lett. de Louis XII, t. IV, p. 252, dans LACURNE. La lance lui feit voler du poing, et meit son cheval du cul, lequel fut puissant et se releva, Jean D'Auton, Annales de Louis XII, p. 147, dans LACURNE. Encores que ce gros cul empesche les femmes qui le portent, si est-ce que, quand elles veulent, elles le laissent ; et en ay veu plusieurs qui disoient : apportez moy mon cul, j'ay laissé mon cul à la maison, et me suis tant advancée que je suis venue icy sans mon cul, Bouchet, Serées, liv. III, p. 61, dans LACURNE. Voulant faire marcher son homme à la premiere poincte d'un assaut qui se donnoit à Vezelay, il le trouva tout autre qu'il n'estoit, mangeant le cul de poullet sur le bon homme [le paysan], ib. p. 69. Entre deux selles le cul à terre, Génin, Recréat. t. II, p. 239. Qui vous fait mal, Macée, pour nous faire une mine pire qu'un excommuniement ? vous vous estes levée le cul le premier ; vous estes bien engrongnée, la Comédie des proverbes, I, 5. On reclust Balde au fonds de la terre soubz le cul du diable, et ne luy octroye on point une seule dragme de jour ou de lumiere, Merlin Cocaïe, t. I, p. 135, dans LACURNE. Après avoir rué plusieurs coups l'un sur l'autre, et voyant que leur force ne diminuoit en rien, delibera jouer à quitte ou double, parquoy baissant la teste et se parant au mieulx qu'il peult, entra sur Macarée de cul et de teste, luy ruant un coup de taille, duquel il pensoit luy couper les jarretz, D. Flores de Grece, f° CVIII, dans LACURNE. Ce n'est qu'un cul et une chemise, Oudin, Curios. fr. Il est bien caché à qui l'on voit le cul, Oudin, ib. Quand il a quelque chose à la teste, il ne l'a pas au cul, Oudin, ib. Il s'est sauvé par le cul de sa bourse [à force d'argent], Oudin, ib. Gratter son cul au soleil [avoir patience], Oudin, Dict.

ÉTYMOLOGIE

Saintong. chul ; provenç. cul ; espagn. et ital. culo ; du latin culus ; il y a aussi dans le gaélique cûl ; kymri, kîl, cul.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CUL.
1Ajoutez aux locutions vulgaires et basses où ce mot figure :

Prendre la mesure du cul avec le pied, donner un coup de pied au derrière. S'il me regarde de travers, je lui prends la mesure de son cul avec mon pied, Dialogue pas mal raisonnable, 1790, p. 7, dans CH. NISARD, Parisianismes, p. 75.

C'est bien cacher à qui le cul voit, on ne peut cacher une chose à celui à qui rien n'échappe et qui a des yeux même derrière lui, Ch. Nisard, ib. Ah ! oui, ma foi ; c'est bien cacher à qui le cul voit ; allons de franc jeu, Margot, comme à ton ordinaire ; qu'est-ce que c'est que ça ? le Porteur d'eau, comédie, sc. IV, 1734.

Faire beau cul, prendre son parti philosophiquement d'un malheur qu'on ne peut empêcher, céder de bonne grâce à la nécessité, Ch. Nisard, ib. Je sais bien que vous avez de bonnes raisons pour refuser cet arrangement ; mais vous n'êtes pas le plus fort ; ainsi, croyez-moi, faites beau cul. - Et le prince a fait beau cul, reprit froidement M. de Talleyrand. - Oui, sans barguigner, dit Beurnonville, et ma foi, je ne croyais pas en finir si tôt, Mém. du comte Beugnot, t. I, p. 298. Cette locution se trouve aussi dans le P. Duchêne, 67e lettre, p. 2. En Normandie, les enfants disent faire beau cul, en parlant de la toupie qui est exposée aux coups des autres toupies.

3Ajoutez :

Cul-de-jatte, sorte de jatte servant aux gens qui n'ont plus l'usage de leurs jambes. Moi qui suis dans un cul-de-jatte, Qui ne remue ni pied, ni patte, Scarron, Testament.

20Cul doré, nom d'un papillon de nuit très commun, bombyx auriflua.

Le cul brun, papillon, bombyx chrysorrhea.

21Cul-de-cheval, un des noms vulgaires de l'ortie de mer.

REMARQUE

Au n° 1, le Dictionnaire met : Arrêter sur le cul, arrêter tout court. C'est une faute ; il faut, sans article : arrêter sur cul. C'est ainsi qu'on lit dans le Dictionnaire de l'Académie. Retz dit aussi : arrêter sur cul, Œuvres, éd. Feillet et Gourdault, t. IV, p. 176 (les anciennes éditions portaient sur eux).

HISTORIQUE

XVe s. Ajoutez : Il n'y a point de cul froter [à tergiverser] ; Vous en viendrez à l'audience, Rec. de farces, etc. P. L. Jacob, p. 389.