« déconfire », définition dans le dictionnaire Littré

déconfire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

déconfire

(dé-kon-fi-r'), je déconfis, nous déconfisons ; je déconfisais ; je déconfis, nous déconfîmes ; je déconfirai ; je déconfirais ; déconfis, déconfisons ; que je déconfise, que nous déconfisions ; que je déconfisse ; déconfisant ; déconfit v. a.
  • Défaire complétement l'ennemi. N'étant… soldat… Quelle n'ait déconfit, Régnier, Sat. XII. Et combien les enfers qu'il avait déconfits, Ont respecté le père à cause de son fils, Rotrou, Hercule mourant, V, 2. La bête noire vêtue d'écarlate que le seigneur déconfira, Bossuet, Var. 13. Un dieu du ciel vient de me dire Qu'on s'apprête à nous déconfire, Scarron, Virg. trav. IV. Comme Hercule le brutal fit, Qui, dites-vous, vous déconfit, Scarron, ib. VI. On vous avait trompé sur les quatre cents hommes pris en débarquant en Corse ; c'est bien, par tous les diables, au milieu de la terre ferme qu'ils ont été déconfits, Voltaire, Lett. Vernes, 13 nov. 1768.

    Familièrement. Déconfire quelqu'un, l'embarrasser, le réduire au silence.

REMARQUE

Déconfire, qui appartenait autrefois aussi bien au style élevé qu'au style ordinaire, a perdu de sa dignité, et ne se dit plus guère qu'avec un sens de moquerie ou de plaisanterie.

HISTORIQUE

XIe s. L'escu [il] lui freint, l'aubert lui descumfist, Ch. de Rol. XCIII.

XIIe s. Il n'est pas droit que l'on me desconfise [perde de réputation], Quesnes, Romancero, p. 89. Loewis, reis de France, si cum j'ai oï dire, Ad somuns tute s'ost par trestut son empire, Volt aler en Auverne pur ma gent desconfire, Th. le mart. 121. Si famine vient en la terre, u corrompuz seit li airs, e pestilence descunfise e destruie les blez, Rois, 262.

XIIIe s. À l'aïe de Dieu fu desconfis li empereres Morchufles, et il meïsmes i dut estre pris, Villehardouin, XCIX. Par eus puis fut maint Turc et mors et deconfis, Berte, v. Berte, ce dist Constance, ne soiez desconfite, ib. LIV. Et je ne sais que faire, près sui de desconfire [d'être déconfite], ib. LXXXVIII. Cele chose que vos veïstes El soumeillier que vos feïstes, Qui le rous peliçon portoit, Qui einsi vos desconfisoit, C'est li gorpiex [renard], jel sai de voir, Ren. 1474. Compains, au chastel desconfire, Puet l'en bien plus brief voie eslire, la Rose, 7925. Por jalousie desconfire, Qui nos amans met à martire, ib. 10525. Quant les Anglois virent le roy, ils se desconfirent et mistrent dedens la cité de Saintes, Joinville, 206.

XVe s. Après la desconfiture du champ Saint Gilles, les coureurs [anglais] trouverent de leurs gens qui fuyoient ainsi que gens desconfits, Froissart, II, II, 19.

XVIe s. Mon ennemi s'en fuit battu, Desconfit de corps et courage, Marot, IV, 241. Notre armée a esté desconfitte et desfaitte tout à plat, Amyot, Fab. 7.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et confire, du latin conficere, qui, proprement, signifie achever, parfaire ; provenç. desconfir, descofir ; ital. sconfiggere.