« déesse », définition dans le dictionnaire Littré

déesse

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déesse

(dé-è-s') s. f.
  • 1Divinité mythologique représentée sous les traits d'une femme. Junon, Minerve, Latone étaient des déesses. Pour une jeune déesse, Vous êtes bien du bon temps, Molière, Amph. Prologue. Voudrais-je, de la terre inutile fardeau, Trop avare du sang reçu d'une déesse, Attendre chez mon père une obscure vieillesse ? Racine, Iph. I, 2. Oubliait-on qu'ici les déesses des morts Sont du dieu des banquets les compagnes cruelles ? Lemercier, Agamemnon, IV, 5. Est-il vrai qu'on a vu des déesses livides Dans nos sombres forêts cacher leurs pas perfides ? Ducis, Macbeth, II, 3.

    Bonne Déesse, nom d'une divinité ancienne, fort honorée par les dames romaines.

    La déesse aux cent voix, la renommée personnifiée. La déesse à cent voix qui du sein d'Atropos Sauve les noms fameux et les faits des héros, La renommée…, Boursault, Fables d'Ésope, I, 6.

    La déesse du matin, l'aurore. Déjà l'amante du Zéphire Et la déesse du matin, La Fontaine, Œuvres posth.

    Déesse se dit des être féminins abstraits que l'on personnifie. La déesse de la raison ou la déesse Raison.

    Déesse de la liberté, femme qui, choisie pour sa belle apparence, figurait, dans certaines fêtes de la première révolution, comme la représentation de la liberté. Est-ce bien vous, vous que je vis si belle Quand tout un peuple, entourant votre char… De nos respects, de nos cris d'allégresse, De votre gloire et de votre beauté, Vous marchiez fière ; oui, vous étiez déesse, Déesse de la liberté, Béranger, Déesse.

  • 2Elle a l'air et le port d'une déesse, se dit d'une femme qui dans sa taille et sa démarche a de la majesté et de la noblesse.

    Fig. et absolument. C'est une déesse, c'est une femme d'une grande beauté.

  • 3Familièrement et avec les adjectifs possessifs, déesse signifie une amante. Il suivit l'espace de quatre lieues le char de sa déesse, Voltaire, Crocheteur.

HISTORIQUE

XIIIe s. Car en tex leus tient ses escoles Et chante à ses disciples messes Li diex d'amors et la deesse, la Rose, 13731. Venus dieuesse d'amur, Marie de France, Gugemer.

XIVe s. Ivorine est clamée la dieuesse gentis, Baud. de Seb. XI, 522.

XVe s. Elle semble mieulx que femme Deesse… Elle n'a per [égale], Orléans, Bal. 9. Quant madame et ma deesse…, Deschamps, Poésies ms. f° 100, dans LACURNE. Ma deesse estes que j'aour Et veil amer, ib. f° 198.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. deuessa, diuessa ; espagn. diosa ; portug. deosa ; de Dieu ou Dios (voy. DIEU).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DÉESSE. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Gie sé très bien que la deesse M'aïdera, gie n'en dot rien, Benoit de Sainte-Maure, Roman de Troie, V. 3902. Puis dit : Paris, à moi entent ; Treis deesses vienent à tei, Por lo jugement, d'un otrei, Benoit de Sainte-Maure, ib. V. 3860.