« défense », définition dans le dictionnaire Littré

défense

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

défense

(dé-fan-s') s. f.
  • 1Action de défendre quelqu'un ou quelque chose ou de se défendre. Sa défense contre ceux qui l'assaillaient donna le temps de venir à son secours. Jamais on n'a fait la guerre avec une force plus inévitable, puisqu'en méprisant les saisons, il a ôté jusqu'à la défense à ses ennemis, Bossuet, Marie-Thér. J'aime un amour facile et de peu de défense, Régnier, Ép. II. Elle n'avait rien fait qu'en sa juste défense, Corneille, Rodog. III, 1. Il n'a pour sa défense Que les pleurs de sa mère et que son innocence, Racine, Andr. I, 4. Il prend l'humble sous sa défense, Racine, Esth. I, 5. La veuve en sa défense [la protection de Dieu] espère, Racine, ib. III, 3. Elle a senti d'abord un peu de répugnance ; Mais, vous voyant, son cœur n'a plus fait de défense, Regnard, Ménechmes, III, 8. L'Égypte aimait la paix parce qu'elle aimait la justice, et n'avait de soldats que pour sa défense, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. I, p. 91. Aussi le reçoit-il [le coup mortel] peu s'en faut sans défense, De Belloy, Gaston et B. I, 1. La cavalerie française eut l'honneur de cette journée ; l'attaque y fut aussi acharnée que la défense opiniâtre ; elle eut plus de mérite, n'ayant à employer que le fer contre le fer et le feu, Ségur, Hist. de Napol. VI, 2.

    Se mettre en défense, se mettre en état de se défendre. Être en défense, être en état de se défendre. Menacé, il se mit en défense. C'est en vain qu'on se met en défense, Corneille, Poly. IV, 3. Ceux qui se mirent en défense, et il y en eut peu, furent taillés en pièces, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. VI, p. 378, dans POUGENS. Eh bien ! ferme Caton, Rome est-elle en défense ? Voltaire, Catil. I, 6.

    Être hors de défense, n'être plus en état de se défendre.

    Embrasser la défense de, se déclarer le défenseur de. Lisez. Jugez après cette insolence Si nous devons d'un traître embrasser la défense, Racine, Baj. IV, 6.

    Terme de manége. Action d'un cheval qui se défend.

    Terme de blason. Un hérisson roulé est un hérisson en défense.

    Terme d'eaux et forêts. Ce bois est en défense, il est assez crû pour qu'on puisse sans dommage y laisser aller les bestiaux.

  • 2Ce qui sert à la défense. Rome sans défense du côté de ses empereurs, Bossuet, Hist. III, 7. Sans gardes, sans défense, il marche à cette fête, Racine, Andr. IV, 3. Sa beauté pouvait tout ; mon âme sans défense N'a point contre ses yeux cherché de résistance, Chénier, Élég. 35.

    Longue dent qui sort de la bouche de quelques animaux, et qui leur sert de moyen de défense ou d'attaque. Les défenses d'un sanglier, d'un éléphant. Ce vieux sanglier n'a plus qu'une défense. On connaît les défenses de l'éléphant ; elles grossissent quelquefois au point d'acquérir chacune un poids d'environ cent vingt livres, Bonnet, Contempl. nat. 12e part. ch. 46.

    Corde à laquelle le couvreur s'attache pour travailler sur un toit dangereux.

    S. f. plur. Terme d'histoire naturelle. Ensemble des moyens de se protéger dont sont pourvus les végétaux ou les animaux.

    Moyens employés pour protéger les jeunes plants contre tout ce qui pourrait les blesser, ou leur nuire de quelque façon.

    Terme de marine. Bouts de mâts et câbles qu'on laisse pendre au côté des vaisseaux, pour empêcher qu'ils ne se touchent lorsqu'ils sont trop près l'un de l'autre ; et longues perches qui servent à repousser les brûlots dans un combat.

  • 3Action de défendre une place. Ce général a fait une belle défense. Il brûle ses faubourgs pour faire une belle défense, Hamilton, Gramm. 8. Les impériaux ne pourront jamais oublier cette vigoureuse défense de Mézières contre eux, Fénelon, Dial. des morts mod. Bourbon, Bayard.

    Fig. et familièrement. Faire une belle défense, résister longtemps à des propositions tentantes, à des sollicitations pressantes. Il fit la plus belle défense ; mais, de mon côté, je m'obstinai si fort qu'il fallut me céder et recevoir mes cent écus, Marmontel, Mém. liv. I.

    Place en état de défense, place bien fortifiée.

    Cette place est de défense, elle peut soutenir un siége.

    S. f. pl. Nom donné à tous les ouvrages d'une place de guerre, qui servent à couvrir ou à défendre les postes. Ruiner les défenses d'une place. On avait abattu avec les béliers les principales défenses, Vaugelas, Q. C. liv. IV, ch. 4.

  • 4Ensemble des moyens par lesquels on repousse une accusation ou une demande en justice.

    Au plur. Terme de procédure. Ce qu'on répond, par écrit et par ministère d'avoué, à la demande de sa partie. Faire signifier ses défenses. Donner ses défenses, Patru, Plaidoy. 6, dans RICHELET.

    Défenses est quelquefois synonyme de conclusion.

    Au sing. Exposition et développement des moyens qu'une partie emploie pour appuyer sa cause. La défense est présentée par un avocat. Sa défense de M. de Portes est digne de Démosthène, Rousseau, Conf. X.

    La situation de celui qui se défend ou qui défend un autre. On oppose la défense à l'accusation.

  • 5 Par extension, justification, excuse. Et l'État défendu me parle en ta défense, Corneille, Cid, IV, 3. Contre ces charges, prince, avez-vous des défenses ? Rotrou, Vencesl. IV, 6.
  • 6Injonction de ne pas faire une chose. Avec défense de plus enseigner une telle doctrine, Pascal, Prov. 6. Les défenses que Dieu a faites de l'homicide, Pascal, ib. 13. La défense, j'ai peur, sera trop tard venue, Molière, Mélic. I, 5. Il y eut défense de sacrifier ailleurs, Bossuet, Hist. II, 4. Et malgré vos défenses Je n'ai pu résister à ses justes instances, Brifaut, Ninus II, I, 3.

    Jugement, arrêt de défense, de défenses, ou, simplement, défenses, jugement qui défend de passer outre à l'exécution de quelque chose. Faire signifier des défenses.

  • 7Latte croisée que l'on suspend avec une corde à une maison, pour avertir les passants qu'il ne faut pas passer auprès, de peur de recevoir quelque débris qui tombe.
  • 8 Terme de vénerie. Rangée d'hommes pour empêcher les loups de passer, et les forcer de se précipiter dans les filets.

HISTORIQUE

XIe s. Defense de plaid, Lois de Guill. 45.

XIIIe s. Se vus plest, à vus parlerai, Jà defense ne garderai, Lai del desiré. Se nous lessons nos deffenses que l'en nous a baillées à garder, nous sommes honnis, Joinville, 222. Les Sarrazins se ferirent en la ville, là où il ne trouverent nulle deffense ; car elle n'estoit pas toute close, Joinville, 277. Et quant sa gent virent que le roy metoit deffense en li, il pristrent cuer, Joinville, 227.

XVe s. Ces chevaliers et leurs gens estoient tous rangés devant la porte et montroient bonne defense, Froissart, II, II, 57. Il fit assaillir ceux qui defendoient, et traire si ouniement [sans interruption] que à peine n'osoit nul apparoir aux defenses pour la defendre, Froissart, I, I, 207.

XVIe s. C'est de toy, Dieu très haut, De qui attendre faut Vray secours et defense, Marot, IV, 231. Ouyr des accusés en leurs deffenses, Montaigne, I, 19. Ils feirent deffense expresse, sur peine de mort, que…, Montaigne, I, 233. Tuer une beste innocente et sans deffense, Montaigne, II, 131. On ne peut tenir riviere en garenne ou defense, s'il n'y a titre ou prescription, Loysel, 237. La garenne est de defense, tant pour la chasse que pour la pesche et le pascage, Loysel, 238. Il feit planter au dessus de son pont des defenses de grosses pieces de bois que l'on ficha à force au fond de la riviere, Amyot, César, 30. Mourir pour la defense de son païs, Amyot, Solon, 56. Se mettre en defense, Amyot, Publ. 35. Ils en faisoient assés pour offense, non pour defense, D'Aubigné, Conf. II, 5. Les sangliers aiguisent pareillement leurs defenses, Paré, Animaux, 16.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. defensa ; ital. aifensa ; du latin defensa, du supin defensum, de defendere, défendre. On trouve, en outre, dans les anciens textes, defension et defendement.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DÉFENSE.
3Ajoutez :

Terme de fortification. Ligne de défense d'un front bastionné, ligne qui joint l'angle saillant d'un bastion à l'angle de flanc du bastion opposé.