« démordre », définition dans le dictionnaire Littré

démordre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

démordre

(dé-mor-dr') v. n.
  • 1Lâcher prise après avoir mordu. Certains animaux ne démordent pas qu'ils n'emportent la pièce. L'on est obligé de se servir d'un ferrement pour le faire démordre, Buffon, Renard.
  • 2 Fig. Se départir, renoncer. On l'en fera bien démordre. Il ne démord pas de ses prétentions. C'est un homme qui ne démordrait pas d'un iota des règles des anciens, Molière, Pourc. I, 7. À ne démordre point de mon habillement, Molière, Éc. des mar. I, 1. Je m'en trouve fort bien, et n'en veux pas démordre, Hauteroche, Appar. tromp. II, 4. Je ne suis pas de ces messieurs qui ne chérissent que leurs opinions et qui, plutôt que d'en démordre, aiment mieux laisser crever un malade, Hauteroche, Crispin méd. II, 9. J'aurai peine à fléchir son esprit absolu, Qui ne démord jamais de ce qu'il a voulu, Scarron, D. Japhet, V, 4. On dit que le prince Eugène ne démordra pas de son entreprise, Maintenon, Lett. à Mme de Glapion, 31 juillet 1712. Il ne démordait guère ni de ses entreprises, ni de ses opinions ; ce qui assurait davantage le succès de ses entreprises et donnait moins de crédit à ses opinions, Fontenelle, Renau. Louville était plein d'esprit et de sens, ardent, mais droit ; et, persuadé une fois, rien ne le faisait démordre, Saint-Simon, 101, 60.

REMARQUE

Démordre, au sens figuré, est un de ces verbes qui sont surtout usités avec une négation. Cependant rien n'empêcherait de dire : il démordra de ses prétentions.

HISTORIQUE

XIVe s. À bon escient n'en demords ; Qu'acertes sont deux moult beaux corps Que ce soleil et ceste lune, Traité d'alch. 229.

XVIe s. Ils y sont asservis comme à une prinse qu'ils ne peuvent demordre, Montaigne, II, 232. Il leur semble que leurs enfans n'y seront jamais assez tost [à la cour], lesquels aussi, de leur costé, ne se font gueres presser pour desmordre le college, Lanoue, 122. Quand il y a en une armée nombre de telles gens, qui sçavent montrer le chemin aux autres, et mordre sans desmordre, cela fait combattre tout le reste, Lanoue, 420. Ne plus ne moins que les chiens de gentil cueur, qui jamais ne laissent leur prise ny jamais ne desmordent, que leur adversaire ne soit abbatu, Amyot, Sylla et Lysand. 9. Le duc de Guise, qui avoit preveu cet avantage, y avoit sur le ventre 300 harquebuziers choisis qui firent demordre les entrepreneurs, D'Aubigné, Hist. I, 21. Les attaquans aiant demordu furent poussez en desroute jusques dans leur camp, D'Aubigné, ib. I, 361. La guerre de Flandres n'est plus à deliberer, elle est entamée, ne la demordez point, D'Aubigné, ib. II, 14. Il ne laissa nul de ses morts ni blessez ; et ne demordit point ses prisonniers, D'Aubigné, ib. 299.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et mordre.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DÉMORDRE. Ajoutez :
3 V. a. Cesser de mordre, et, figurément, abandonner. La constance jamais ne démord ce qu'elle a résolu, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne. Je ne suis pas bien prompt à me promettre du bien ; voilà pourquoi je démords fort aisément l'opinion des bons succès, Malherbe, ib.