« dépositaire », définition dans le dictionnaire Littré

dépositaire

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dépositaire

(dé-pô-zi-tè-r') s. m. et f.
  • 1Personne à qui l'on confie un dépôt. Dépositaire d'un trésor, d'une lettre. Un dépositaire infidèle. C'est mon dépositaire, c'est celui chez qui je fais mes dépôts. Et de dépositaire et de libérateur Il s'érige en tyran et lâche usurpateur, Corneille, Rodog. II, 3.
  • 2 Par extension, il se dit de celui ou de celle à qui l'on remet quelque chose de comparé à un dépôt. Il a voulu demeurer le dépositaire de ses propres charités, Patru, Plaidoyer 3, dans RICHELET. Lorsque les pères cessent de vivre, ils rendent les mères dépositaires de leur pouvoir, Patru, ib. 27. Si de mes jeunes ans il est dépositaire, Corneille, Nicom. I, 1. Ces dieux vos souverains et le roi votre père De leur pouvoir sur vous m'ont fait dépositaire, Corneille, ib. III, 1. Et qui la sacrifie [la justice] aux tendresses de père, Est d'un pouvoir si saint mauvais dépositaire, Corneille, Tois. d'or. II, 5. Dépositaire du vrai, Pascal, dans COUSIN. Les Juifs, qui étaient les dépositaires de la religion, Bossuet, Hist. II, 5. De la religion les saints dépositaires, Racine, Baj. II, 3. Roxane vit le prince ; elle ne put lui taire L'ordre dont elle seule était dépositaire, Racine, ib. I, 1. Elle est de mes serments seule dépositaire, Racine, Iphig. IV, 6. Vous devenez le dépositaire des secrets, Fénelon, Tél. XI. Recommandant votre enfance à la tendre et respectable dépositaire de votre première éducation, Massillon, Pet. car. Exempl. des gr. L'Académie, dépositaire des bienséances et de la pureté du goût, Massillon, Remerc. à l'Acad. franç. Dépositaire des plus secrets sentiments de ceux mêmes qui passent pour les heureux du siècle, Massillon, Profess. relig. 4. Les grands sont les auteurs du bonheur du vulgaire ; Le vulgaire, à son tour, est le dépositaire De la célébrité des grands, Gilbert, le Prince de Salm. Je plains ton abandon, ta douleur solitaire ; Pas un cœur qui, du tien zélé dépositaire, Vienne adoucir ta plaie, apaiser ton effroi, Et consoler tes pleurs et pleurer avec toi ! Chénier, Ép. I. Ô Lycus ! l'homme heureux, tel qu'un dieu sur la terre, Des biens de l'indigence est le dépositaire, Millevoye, Élég. liv. II, Homère.
  • 3 Fig. Il se dit des choses. Souvent ce cabinet superbe et solitaire Des secrets de Titus est le dépositaire, Racine, Bérén. I, 1. On dirait que les temps écoulés sont tous dépositaires à leur tour d'un bonheur qui n'est plus, Staël, Corinne.
  • 4Dans les communautés religieuses, celui, celle qui a la garde de l'argent, des archives. La dépositaire fait toute seule et la recette et la dépense, Patru, Plaidoyer 16, dans RICHELET. Tandis qu'elles cherchaient là-dessous du mystère, Passe un Mazet portant à la dépositaire Certain fardeau peu nécessaire, La Fontaine, Tableau.

HISTORIQUE

XVIe s. Cest accord faict entre eulx, ilz eleurent pour depositaire, tesmoing et arbitre Caton, Amyot, Cat. d'Utiq. 59. De longue main chez moy, nous avons part à la louange de Lycurgus Athenien, qui estoit general depositaire et gardien des bourses de ses concitoyens, Montaigne, IV, 93.

ÉTYMOLOGIE

Lat. depositarius, de depositum, supin de deponere, de la préposition de, et ponere, poser (voy. PONDRE) ; provenç. depositari ; espagn. et ital. depositario.