« désemparer », définition dans le dictionnaire Littré

désemparer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

désemparer

(dé-zan-pa-ré)
  • 1 V. n. Quitter le lieu où l'on est, abandonner la place. Je n'ai point désemparé de la ville. Les ennemis qui étaient devant la place ont désemparé.

    Sans désemparer, sans quitter la place. L'assemblée voulut statuer sans désemparer. Et, figurément, faire, achever, régler une affaire sans désemparer, s'en occuper d'une manière suivie, sans interruption.

    Activement. Et depuis les charmantes conversations de Poitiers, vous n'avez point désemparé mon cœur, Regnard, Attendez-moi sous l'orme, 11. L'Anglais [Douglas] recommanda bien à son valet de ne pas désemparer le pas de la porte, Saint-Simon, 431, 237. Leur opiniâtreté [des moineaux] à ne pas désemparer les lieux qui leur conviennent, Buffon, Morceaux choisis, p. 275.

  • 2 V. a. Terme de marine. Désemparer un vaisseau, le mettre hors d'état de servir en lui ôtant ses mâts et tous ses agrès. Il eut bientôt désemparé le vaisseau ennemi. Comme mon vaisseau en était entièrement désemparé et hors d'état de faire de la toile, Rapport de Jean Bart, 1694, dans JAL.

    On l'a dit aussi autrefois pour démanteler, en parlant d'une ville. … Mais franchement et sans rien déguiser on leur [aux députés d'Antiochus] déclara qu'il fallait que leur maître désemparât les villes qu'il tenait en Asie, Malherbe, Le XXXIIIe livre de Tite Live, ch. 34.

HISTORIQUE

XIVe s. Comme le bailli de Meleun eust mandé à tous nos sergens que les dits moustier et maison feissent desemparer, abastre et arraser, Du Cange, desemparare.

XVe s. Toute la nuict entendirent à reparer leurs paliz qui estoient desemparés et à remettre à point tout ce qui faisoit besoin, Froissart, liv. II, p. 257, dans LACURNE. Le vent poussoit le feu contre ceulx du roi, lesquels commencerent à desemparer, Commines, I, 3. Ils desemparerent la place et s'enfuyrent, Commines, III, 3. Le duc voulut faire desemparer Mondidier, mais pour l'affection qu'il veit que ce peuple de ces chastellenies luy portoit, il la fist reparer et y laissa gens, Commines, III, 10.

XVIe s. Les nations barbares ont estimé aussy facile de molir le firmament, que desemparer vostre alliance, Rabelais, Gar. I, 31. Car [Dieu] terre adonc du ciel desempara, De terre aussi les eaux il separa, Marot, IV, 12. Ma memoire desempare ce que j'escris, comme ce que je lis, Montaigne, III, 57. Je ne desempare jamais les loix, Montaigne, IV, 203. Ils n'eurent pas grandement canonné, qu'ils n'eussent tout desemparé un parapect, Du Bellay, M. 327. Il eust esté plus expedient de laisser la ville ouverte et desemparée à l'ennemy, que de la fortifier insuffisamment, Du Bellay, M. 400. Ceux qui desemparoient et abbatoient les maisons pour remparer et deffendre la breche, Du Bellay, M. 449. [Le duc de Guise] Devoit penser que le roy se ressouviendroit à jamais de la honte qu'il avoit receue, d'avoir desemparé sa ville capitale, Considerations sur le meurdre du duc de Guyse, p. 26.

ÉTYMOLOGIE

Dés… préfixe, et emparer ; provenç. et espagn. desemparar : proprement, cesser d'emparer, de tenir.