« déterminer », définition dans le dictionnaire Littré

déterminer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

déterminer

(dé-tèr-mi-né) v. a.
  • 1Préciser les termes, les limites, les caractères. Déterminer une espèce de plante, d'animal. Jussieu a le premier déterminé les familles des plantes.

    Reconnaître, indiquer avec précision la solution d'un problème. Déterminer la distance qu'il y a du soleil à la terre. La raison n'y peut rien déterminer, Pascal, dans COUSIN.

    Terme de grammaire. Préciser, fixer l'étendue, le sens d'un mot. Dans cette phrase : le livre de Pierre, les mots de Pierre déterminent le sens de livre.

  • 2 Terme de philosophie. Donner une certaine manière d'être. Qu'est-ce qui détermine ce corps à se mouvoir en ligne courbe plutôt qu'en ligne droite ? Les motifs qui déterminent la volonté.
  • 3Décider, arrêter, régler. C'est un point que l'Église a déterminé. Les femmes déterminent souvent cet original [de beauté], Pascal, Disc. sur l'amour. Il y a de la témérité d'entreprendre de déterminer jusques où s'étend la puissance de Dieu, Rohaut, Physique, dans RICHELET. L'Église a déterminé le commandement général de se mortifier à un commandement particulier qui est le jeûne du carême, Bourdaloue, Car. t. I, p. 235. Je tiens en t'écrivant ma plume d'une main, Et de l'autre un poignard prêt à percer mon sein ; Détermine mon sort ; parle, qu'on me l'annonce ; Didon, pour se frapper, n'attend que ta réponse, Gilbert, Didon à Énée. [Lui] Qui, ramenant ici les temps du premier âge, Déterminait des biens un plus égal partage, Chénier M. J. Gracques, I, 2.
  • 4Faire prendre à quelqu'un une résolution, un parti. C'est moi qui l'ai déterminé à cela. Ce qui le détermine, c'est le moment, la circonstance. Messieurs, je vous conjure de déterminer mon esprit, et de me dire, sans passion, ce que vous croyez le plus propre à soulager ma fille, Molière, l'Amour méd. II, 5. Enfin rencontrer où arrêter tes yeux et déterminer tes pensées, Molière, la Princ. d'Él. II, 4. Et cet homme est monsieur, que je vous détermine [ordonne] à voir comme l'époux que mon choix vous destine, Molière, F. sav. III, 6. Nous sentons que nous sommes nécessairement déterminés par notre nature même à désirer d'être heureux, Bossuet, Libre arb. II. Encore que notre âme soit libre, elle n'agit jamais sans raison dans les choses un peu importantes : elle en a toujours une qui la détermine, Bossuet, ib. VII. L'amitié ni la haine ne le conduisaient pas [Albani] ; l'intérêt présent le déterminait, Saint-Simon, 501, 66. Parlez, déterminez ma fureur égarée, Voltaire, Fanat. IV, 3. L'éloquence se joue des passions humaines, les émeut, les calme, les pousse, les détermine à son gré, Vauvenargues, De l'éloquence.

    Absolument. Le plus ou moins de pièces de monnaie détermine à l'épée, à la robe ou à l'Église, La Bruyère, VI.

    Avec la préposition de et un verbe à l'infinitif, prendre une résolution. Il a déterminé de rebâtir sa maison.

    Terme de manége. Déterminer un cheval, le porter en avant, quand il résiste ou se soutient.

  • 5Occasionner, causer, produire. Les écarts de régime déterminent des maladies. L'âge ne détermine point ni le commencement ni la fin de ces deux passions, Pascal, Disc. sur l'amour. Si Minerve n'eût déterminé la victoire en sa faveur, Fénelon, Tél. XVI. C'est la religion qui détermine la catastrophe [dans Paul et Virginie], Chateaubriand, Génie, II, III, 7.
  • 6Se déterminer, v. réfl. Être déterminé, recevoir une détermination, une limitation, un caractère. Cette pensée ne se détermine pas facilement. L'amour se déterminant autre part que dans la pen sée, Pascal, Disc. sur l'amour.
  • 7Se résoudre à, prendre un parti. Déterminez-vous à quelque chose. Je ne vous dis pas de vous déterminer sur mes raisons, mais de les peser. Son âme à l'imiter s'était déterminée, Corneille, Rodog. I, 6. Ils ont peine à se déterminer sur ce sujet, Pascal, Prov. 15. Ne parlons plus ici de Claude et d'Agrippine ; Ce n'est point par leur choix que je me détermine, Racine, Brit. II, 3. Il se détermina à ne plus attaquer que la nuit, Bouhours, Aubusson, l. IV, dans RICHELET. Dans le doute ils tiennent pour règle de se déterminer du côté de la rigueur, Montesquieu, Lett. pers. 29.

    Absolument. Sachez enfin vous déterminer. Il ne faut pas se déterminer légèrement. Pensez-y bien ; j'attends pour me déterminer, Racine, Mithr. IV, 4.

HISTORIQUE

XIIe s. Pris [ils] unt jor e determinè, Que lor home seient josté, Et lor osz [armée] et lor genz garnie, Benoit de Sainte-Maure, II, 14492.

XIIIe s. Vuil [je veux] e otroi que ceste chose soit determinée dedenz le prcchain parlement à venir, Bibl. des Chartes, 4e série, t. IV, p. 79. Et autres auteurs que cascuns detierminera en sen capitle li uns par l'autorité de l'autre, Alebrand, 1.

XIIIe s. Car c'est de tous maus la racine, Si cum Tulles le determine Ou livre qu'il fist de viellesce, Qu'il loe et vant plus que jonesce, la Rose, 4446. Car porquoi s'en conseilleroient, Ne besoignes por quoi feroient, Se tout iert [était] avant destiné Et par force determiné ? ib. 17448. Li ples qui est commenciés par assise doit estre demenés et determinés par assise, Beaumanoir, LXV, 9. Li tans est determinés, par lequel on pot perdre sa demande, Beaumanoir, VIII, 1.

XIVe s. Et par ce qu'il en determinera, apparoitra que fortune n'est pas cause de felicité, Oresme, Eth. 21. Mes cecy est à delessier à present, car determiner la certaineté de telles choses appartient et est plus propre à autre philosophie, Oresme, ib. VII, 12.

XVe s. Si me tairai un petit d'eux et parlerai de messire Charles, qui devoit avoir la duché de Bretagne de par sa femme, ainsi que vous avez ouï determiner ci-devant, Froissart, I, I, 152. Peuples s'esmuet, l'Eglise est subournée ; Noblesce fault, tant est mal ordonnée ; Dont il s'ensuit chose determinée, De pis avoir pour le pueple et l'Eglise, Deschamps, Souffr. du peuple. Un poure acès de fievre l'omme efface, Ou aage viel qui est determiné, Deschamps, Profiter de la jeun. Ils s'assembloient autour de lui, et il oyoit leurs causes et en determinoit, et leur faisoit droit, Bouciq. part. I, ch. 2. Quant à moi Je me determine D'entrer chez voisin et voisine Et d'aller voir si le pot bout, Villon, Baillev. et Malep.

XVIe s. Ceux qui trouvent les images bonnes, s'arment qu'il en a ainsi esté determiné en un concile, Calvin, Instit. 64. Il a determiné par sa loy ce qui est bon et droit, et par ce moyen a voulu astreindre à certaine norme, Calvin, ib. 69. Quand Dieu a determiné de foudroyer sur les pechez des hommes, Lanoue, 24. C'estoit le plus long terme de porter dueil que le roy Numa Pompilius eust determiné, ainsi comme nous avons escrit en sa vie, Amyot, Cor. 63. En nombre determiné, Amyot, Sertor. 1. À l'espreuve on connoit qu'une petite troupe d'ennemiz determinez met tout cela à vau de route, Lanoue, 262. Voilà en peu de paroles pourquoy j'appelle un esprit romain celui que le courtizan du jour d'huy appelle determiné, mot au quel je ne trouve pas grand fondement pour luy donner vogue, encores que je le voye authorizé par les bouches de plusieurs gens de cour que je n'establiray jamais pour juges du bien parler, combien que le commun peuple se persuade le contraire, Pasquier, Lettres, t. I, p. 554, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. detarmignai, un déterminé ; provenç. et espagn. determinar ; anc. catal. determenar ; ital. determinar ; du latin determinare, de la préposition de, et terminus (voy. TERME).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DÉTERMINER. Ajoutez :
8Se déterminer, prendre plus de force, de précision. L'eau-forte n'est pas encore prisée en France aussi haut qu'en Angleterre, mais son succès se détermine, Journal offic. 24 déc. 1874, p. 8556, 3e col.