« détresse », définition dans le dictionnaire Littré

détresse

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

détresse

(dé-trè-s') s. f.
  • 1Serrement de cœur, angoisse causée par un besoin, par un danger, par une souffrance. Quand il se vit abandonné par ses compagnons dans ce lieu solitaire, sa détresse fut grande. Cris de détresse. Et confite en détresse, Imite avec ses pleurs la sainte pécheresse, Régnier, Sat. XII. Me voici donc en ce lieu de détresse Embastillé, logé fort à l'étroit, Voltaire, la Bastille. Sa détresse [de Napoléon à Moscou] augmente : il sait qu'il ne doit pas compter sur l'armée prussienne ; un avis d'une main trop sûre, adressé à Berthier, lui fait perdre sa confiance dans l'appui de l'armée autrichienne, Ségur, Hist. de Napol. VIII, 10.
  • 2Dénûment extrême, danger pressant. Son fils à vos secours, dans sa détresse extrême, N'a-t-il pas tous les droits qu'il aurait eus lui-même ? Ducis, Oscar, III, 1. Sommes-nous descendus à ce point de détresse…, Delavigne, Vêpres sicil. II, 2. Vous qu'afflige la détresse, Croyez que plus d'un héros Dans le soulier qui le blesse Peut regretter ses sabots, Béranger, les Gueux.
  • 3 Terme de marine. Signal de détresse, signal par lequel un bâtiment annonce qu'il est en danger et qu'il a besoin de secours. Canon de détresse, coup de canon tiré en signal de détresse.

    Fig. Signal de détresse, tout ce qui fait présumer qu'une personne est dans un embarras pressant.

HISTORIQUE

XIIIe s. De large cuer adès [toujours] largesse, Et de cuer dur tous jours detresce [resserremeut, refus], Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 283. Hé lasse ! que ferai ? tant sui en grant destrece, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 13. Li quens Looys ala fourrer [fourrager] le jor de Pasques flories pour la destresce de viande, Villehardouin, CXLI. De duel [deuil] et de destresse [elle] est ilueque pasmée, Berte, XVI. Ensi furent de la Toussaint jusques au quaresme prendant [prenant] en tel detresse, et lor fali del tout viande, Chr. de Rains, 207. Atten et sueffre la destrece Qui orendroit te cuit et blece, la Rose, 2041. Par grant travail quierent richeces ; Paor les tient en grant destreces, Tandis cum du garder ne cessent, ib. 5146.

XVe s. La pauvrette estoit en grand destresse de cœur, Louis XI, Nouv. XXVI.

XVIe s. [Chagrin] Si fut incontinent tout le camp adverty du deuil qu'en menoit Aemulius, et de la destresse en laquelle il en estoit, Amyot, P. Aem. 36. Ainsi qu'il advint ordinairement en telles extremitez de destresse, il leur sembloit toujours le plus seur de fouir du lieu où ilz se trouvoient, Amyot, Marius, 65. Ilz crioyent d'angoisse pour la destresse de douleur qu'ils sentoient, Amyot, Crassus, 47. Il [l'archevêque de Mayence] entend, non sans grande detresse de cœur, que quelques grans personnages disputent aujourd'hui de la primauté du pape, Sleidan, f° 25. De l'angustie ou petitesse de la matrice : Il se fait aussi des monstres pour la detresse du corps de la matrice, Paré, XIX, 10. …De luy donner mille ennuis et destresses, Saint-Gelais, (6).

ÉTYMOLOGIE

Provenç. destressa, detreissa ; mot tiré d'une forme latine irrégulière destrictia (pour rendre raison de la finale esse, comme dans paresse, de pigritia), de destrictum, supin de destringere, étreindre, de la préposition de, et stringere (voy. ÉTREINDRE).